Chassant des étals les bottes d'oignons frais, les gros bulbes blancs, jaunes et rouges ramassés dans l'été arrivent pour nous accompagner tout le reste de l'année.

Carte d'identité

L'oignon est si indispensable en cuisine que personne ne lui reproche les larmes qu'il provoque. Au moment de l'émincer, il faut être stoïque ou déjouer l'effet de son essence lacrymogène sulfurée : mettre l'oignon entier 10 minutes au congélateur, le découper les mains dans l'eau ou dans un sac en plastique transparent, voire chausser des lunettes de piscine ! Cuit, il révèle sa saveur sucrée. Jamais banal, il varie les formes et les couleurs : jaune paille, rose pâle, rouge ou blanc nacré lorsqu'il est doux ; rond mais aussi ovoïde comme l'oignon jaune d'Auxonne, ou allongé comme le rouge de Simiane.

Sur certains terroirs, il devient aristocratique : l'oignon de Roscoff dont les Anglais ont raffolé au XIXe siècle ; l'oignon doux des Cévennes disponible jusqu'à la fin mars, si juteux et fondant à la cuisson ; l'oignon doux de Lézignan cultivé depuis le XVIIIe siècle ; celui de Sisco (dans le cap Corse), en pleine renaissance. Il mérite alors d'être la véritable vedette du plat.

Bien le choisir

L'oignon rouge est délicieux cru dans les vinaigrettes et les marinades, ou farci. Le jaune est voué à la cuisson, le doux se consomme cru ou cuit. Au détail, choisissez les bulbes fermes, non germés, avec une peau bien nette. En filet, vérifiez que le lot ne contient pas d'oignon abîmé. Stockez-les en petite quantité, au sec, à l'abri de la lumière. Environ 1,50 le kilo pour le jaune, 2 pour le rouge, autour de 6 pour le doux des Cévennes.

Vidéo - Plats familiaux

Côté vins

En pissaladière, il aime les rosés et les blancs parfumés du Languedoc et de Provence. En tarte salée, compotée, gratin, optez pour un pinot blanc ou un muscat sec d'Alsace, un blanc de Loire ou du Mâconnais. Farci, un rouge souple du Bordelais lui conviendra. En condiment, c'est l'ingrédient principal du plat qui donnera le ton.

Texte : Catherine Gerbod