19 août 1883, Gabrielle Chasnel naît à Saumur dans le Maine et Loire de parents camelot et couturière. L’histoire de celle qui révolutionna la mode est teintée de mystère; à la mort de sa mère en 1895, son père l’aurait placée elle et sa soeur dans l’orphelinat de l’abbaye cistercienne d’Aubazine en Corrèze.

Elle y aurait appris la couture et menée une vie austère durant six ans. En 1910, forte de son apprentissage dans le maniement de l’aiguille et de l’imitation au modélisme, elle ouvre sa première boutique de chapeaux, baptisée "Chanel mode", au numéro 21 de la rue Cambon à Paris.

Son style ? Simple, élégant, androgyne. Très vite, les grandes actrices de l’époque s’arrachent ses créations et contribuent à façonner sa réputation. Trois ans plus tard elle ouvre une nouvelle boutique à Deauville.

Désireuse de libérer le corps des femmes, elle introduit le sportswear dans sa collection et ses vêtements en jersey révolutionnent la relation des femmes à leurs corps mais aussi leur façon de vivre. En 1915 c’est à Biarritz qu’elle installe sa première maison de couture, avant de la déplacer trois ans plus tard au 31 de la rue Cambon.

De Gabrielle à Chanel

En 1921, Gabrielle "Coco" Chanel lance son premier parfum, en collaboration avec le parfumeur Ernest Beaux "un parfum de femme à odeur de femme"; et ainsi naquit le Chanel N°5, révolutionnaire par sa composition et son nom. S’en suivront de nombreux autres parfums iconiques.

Sa première ligne de maquillage voit, elle, le jour en 1924. La même année, alors qu’elle voyage en Ecosse avec le duc de Westminster, elle découvre le tweed. Une révélation puisque ce dernier deviendra l’une de ses matières fétiches.

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Début des années 30, elle présente sa première collection de haute joaillerie intitulée "bijoux de diamants". Mademoiselle Chanel est alors à son apogée, employant 4000 personnes et possèdant cinq immeubles dans la seule rue Cambon.

Quelques années plus tard, tandis que la seconde guerre mondiale fait rage, elle ferme sa maison de couture et seule la boutique du 31 rue Cambon reste ouverte, où les parfums et accessoires continuent cependant de bien s’y vendre.

Elle attendra 1954 pour réouvrir sa maison avec un défilé évènement, car lassée de la mode corsetée de Dior et Balenciaga triomphant à l’époque, elle revient avec de nouvelles créations comme son fameux tailleur en tweed gansé ou ses jupes strictes aux lignes droites.

Si la presse européenne accueille mal cette révolution couture, aux Etats Unis, les magazines sont unanimes; c’est un succès, et les commandes se multiplient outre-Atlantique. Si bien que les femmes les plus en vue des sixties s’habillent en Chanel, à l’instar de Jane Fonda, Elizabeth Taylor, Jackie Kennedy, Romy Schneider ou encore Jeanne Moreau.

Gabrielle Chanel s’éteint le 10 janvier 1971. La maison endeuillée se lance dans le prêt-à-porter et accessoires sept longues années plus tard. Le succès n’est alors plus au rendez-vous et Chanel devient une maison poussiéreuse, façon belle endormie.

C’est alors en 1983 que Karl Lagerfeld est nommé en tant que directeur artistique, avec pour but d’offrir à la maison aux deux C un rayonnement de classe mondiale… Une nomination que les dirigeants ne regretteront pas. S’en suit le lancement de l’horlogerie Chanel en 1987, puis de la haute joaillerie en 1993.

Dix ans plus tard, Chanel crée Paraffection, une société regroupant 8 artisans rachetés par la maison de la rue Cambon. Parmi eux, le parurier Desrues, le plumassier Lemarié, le chapelier Maison Michel, le brodeur Maison Lesage, ou encore le bijoutier-orfèvre Goosens. En les rachetant, Chanel s’est ainsi engagé a préserver l’expertise unique des métiers d’art traditionnels et à les mettre à l’honneur chaque année lors du fameux défilé des Métiers d’art.

Karl Lagerfeld ou Chanel toute-puissante

En 1983, date où la maison Chanel est à deux doigts de la faillite, Karl est nommé directeur artistique. Doté d'une énergie colossale, il signe plus d’une dizaine de collections par an pour la maison de la rue Cambon parallèlement à ses activités pour Fendi et sa marque éponyme. Passant avec aisance d'une esthétique à l'autre, il renforce l’ADN de Chanel.

Il s'imprègne des références signées Coco Chanel à travers les célèbres vestes à quatre poches, les twin-sets, les tweeds masculins, la petite robe noire, les souliers bicolores ou encore le sac matelassé... En parallèle, il réalise des courts-métrages de fiction sur la vie de Gabrielle avec sa galaxie d'égéries fidèles, à l'instar d’Ines de la Fressange, le premier mannequin a signer l’exclusivité avec la marque, mais aussi Vanessa Paradis, Keira Knightley ou encore Kristen Stewart, Kaia Gerber, Lily-Rose Depp et Margot Robbie.

Le 5 mars 2019, moins d’un mois après sa mort, sa dernière collection est présentée lors d’un défilé hommage sous la voûte du Grand Palais, où la marque défilait en exclusivité depuis des années. Suite à sa disparition, c’est Virginie Viard, bras droit du designer, qui a repris les rênes de la direction artistique et a démarré le nouveau chapitre de la marque aux deux C.

Petite robe noire et sautoir de perles… Les pièces cultes

Et si la renommée de Chanel est aussi importante, c’est aussi grâce aux nombreuses pièces iconiques imaginées par Gabrielle Chanel et qui n’auront eu de cesse d’être réinventées par Karl Lagerfeld au fil des années, puis par Virginie Viard. Parmi elles, la fameuse petite robe noire lancée en 1926, que le Vogue américain surnomme alors "la Ford de Chanel, la robe que le monde entier va porter".

Dans le souci de toujours plus libérer les femmes, elle lance le 2.55 en 1955, un sac matelassé doté d’une chaine souple et coulissante, ayant l’avantage de laisser les mains libres. Deux ans plus tard, c’est aux souliers bicolores de faire leur apparition dans les collections de Chanel; du cuir beige pour allonger la jambe et un bout noir pour que le pied paraisse plus petit… La leçon d’élégance signée Coco Chanel.

On pense évidemment aussi au tailleur en tweed, au sautoir en perles que la créatrice adorait arborer et au camélia, sa fleur favorite, qu’elle apposait sur bon nombre de ses modèles, le sac Classique, la marinière, le twin-set… Parmi les pièces cultes plus récentes, on retrouve les montres Ma Première (lancée en 1987) et J-12 (lancée en 2000) devenues des références horlogères.