3 semaines dans la vie de Coco Chanel

Par marieclaire.fr
3 semaines dans la vie de Coco Chanel
Le photographe Canadien Douglas Kirkland a publié la troisième édition limitée de sa monographie intitulée Coco Chanel : Three Weeks/1962. Ce recueil de clichés inédits dévoile une "Mademoiselle" Chanel en toute proximité. Au travers d’une interview, Kirkland revient sur ces moments uniques passés avec une icône de mode qui a changé sa vie.

Emblème de la mode française, "Coco" Chanel est une figure de style légendaire. Si son seul patronyme suffit à faire résonner une partie de l'Histoire, on se demande qui se cache réellement derrière le tailleur un brin strict et la coiffure courte de Mademoiselle Chanel ? Pendant trois semaines, le photographe Douglas Kirkland a suivi la créatrice de mode. Immersion.

Coco, d'une à trois semaines

En 1962, un nouveau visage de 27 ans est envoyé rue Cambon à Paris par le photo-magazine Américain Look pour photographier une femme française de 79 ans, celle qui fait succomber l’Amérique par l’élégance du tailleur parisien que porte Jackie Kennedy dans la Maison Blanche. Le style en tweed aux petites bordures duveteuses était comme une "prise de conscience" à l’époque.

La créatrice s’appelle Coco Chanel, le photographe est le Canadien Douglas Kirkland. Ce qui réunit ces deux destins : trois semaines à vivre ensemble pendant lesquelles Kirkland photographiait une icône qu’il connaissait à peine. Dans ses propres mots : "J’ai su très rapidement…".

52 ans plus tard, Douglas Kirkland revient au téléphone sur cette brève rencontre, depuis sa maison de Los Angeles. Il a publié un nouveau livre sur les photos qu’il a prise : Coco Chanel : Three Weeks/1962 qu’il décrit avec émotion comme "une histoire sur qui elle était, qui j’étais, et l’impact qu’elle a eu sur ma vie".

portrait de chanel par kirkland

Glitterati Incorporated

 Durant cette période de trois semaines, ma vie a énormément changé.

Vidéo du jour

Pourquoi maintenant, se demande-t-on ? Il est poignant de voir que Douglas Kirkland a maintenant dépassé l’âge qu’avait Coco Chanel lorsqu’il la photographiait un grand nombre d’années plus tôt. On perçoit de la tendresse dans la voix de Kirkland lorsqu’il dit "Mademoiselle" comme elle aimait qu’on l’appelle. 21 jours passés dans son atelier à Paris, à vivre, respirer et shooter une légende vivante. 

Quand on lui demande de se remémorer la scène sur ce travail de trois semaines, le passé devient présent et les anecdotes resurgissent à toute vitesse. Avouant qu’il ne connaissait pas le français, il supposait aussi que, comme la majorité des Français, elle ne parlait pas anglais. "Au début, elle me parlait uniquement en français ce qui me mettait dans un dilemme permanent" se souvient-il, "puis un matin au détour d’un couloir de l’atelier, je me suis retrouvée nez à nez avec elle. Elle m’a fixé et m’a dit "Salut", je suis resté figé ne sachant quoi répondre. Puis elle m’a chuchoté dans un anglais parfait "I just said hello to you". Depuis cet instant, elle ne me parlait plus qu’en anglais."

Chanel par Kirkland en 1962

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Le jeu du chat et de la souris continuait de plus belle autour d’un soi-disant manque de sophistication Canadien déconcertant. Avant que le jeune homme ne soit autorisé à prendre des photos de Chanel elle-même, il était prié de prendre seulement des photos des vêtements sur les mannequins ainsi que les modèles. Suite au clin d’œil de la part de "Mademoiselle", le film commençait enfin. "Après ça, elle s’est ouverte à moi pour que je la photographie" admet-il.

Était-elle une personne réservée ? "Incontestablement" affirme-t-il, "mais elle s’est ouverte à moi d’une façon inhabituelle. Je n’ai toujours pas déterminé à 100 % ce que c’était, même encore aujourd’hui. Elle semblait m’accueillir. Je me disais parfois à moi-même : "Serais-je le fils qu’elle n’a jamais eu ou le souvenir d’un lointain amour du passé ?"

J’ai eu la chance de pouvoir l’approcher.

Ces questions animent encore notre compréhension de Coco Chanel et de Douglas Kirkland, qui demeure fasciné par son insaisissable sujet. Le photographe parle de son enchantement : l’histoire de Chanel est racontée dans sa quête de gros plans. "J’ai eu la chance de pouvoir l’approcher", admet-il. "Selon moi, ce que je voulais vraiment faire était ce qu’on dit en photo-journalisme  "Be a fly on the wall". Je suis resté calme et j’ai regardé."

Ce qu’il a vu – et par conséquent – ce que nous voyons maintenant, est une femme qui commande et qui a vécu sa vie à travers ses mains. L’expérience de Kirkland s’est construite sur ses souvenirs qui sont aujourd’hui sa plus grande richesse. "La voir en train de travailler, de créer une robe ou un manteau équivalait à peu près à voir une merveilleuse sculpture en train d’être moulée à la main. Elle utilisait ses mains, elle le faisait elle-même. Elle préférait ça. J’ai une photo où vous la voyez travailler de manière intensive et ses mains semblent très fatiguées. Elle m’a dit "mes mains ressemblent à ça parce qu’elles sont fatiguées. Elles en ont vu tellement. Je le dis comme cela." C’était pour moi des mots très importants."

Chanel prépare le défilé photographiée par Kirkland

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La gratitude de Kirkland envers Chanel se lit toujours dans ses mots : "Elle m’a pris sous son aile" conclue-t-il enfin. Si l’on se réfère au personnel du Life Magazine, la carrière de Douglas Kirkland se résume à l’âge d’or d’Hollywood : Marilyn Monroe, Audrey Hepburn, Judy Garland, Elizabeth Taylor… Cette époque semble aujourd’hui lointaine dans notre monde moderne, dans lequel Kirkland garde une certaine distance afin de préserver la mémoire : "J’ai mené ma vie en étant fortement influencé par Mademoiselle" conclue Kirkland de façon pensive.

Coco Chanel: Three Weeks / 1962, Douglas Kirkland

Source : marieclaire.co.uk

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