Guerrières, sensuelles, puissantes, affutées, irréelles, sublimes, libres, voire parfois hypersexualisées ou objectivées…. Les adjectifs n'ont jamais manqué aux critiques de mode pour qualifier la femme Mugler.

Et pour cause. Inspiré par les superhéroïnes qui ont bercé son enfance et fasciné par le monde merveilleux du spectacle vivant, Thierry Manfred Mugler fut l'un des premiers couturiers à faire de la mode le berceau de créatures féminines hors normes, entre silhouettes exacerbées et influences transhumanistes assumées.

Une démonstration de male gaze pour certain-e-s, une source d'empowerment féminin pour d'autres, dont l’expression sur les catwalks s'incarnait, dès 1973 et saison après saison, à la faveur de mannequins à la plastique fantasmée dans le monde entier. Chevelure indomptable, épaules aiguisées, poitrine saillante, taille étouffée ou encore jambes infinies : ces silhouettes archétypées à l’esthétique alors perçues comme "parfaite" se mêlaient à celles que le charisme ravageur ou la personnalité détonante a propulsé aux rangs d’icônes incontestées.

Elles s'appellent Grace Jones, Jerry Hall, Diana Ross, Pat Cleveland ou encore Iman Abdulmajid et furent pour le plus showman des créateur-rice-s français-es les muses hypnotiques qui ont su donner vie à cette femme Mugler, aussi transcendante que spectaculaire.

Vidéo du jour

L'homme qui habillait les plus belles femmes du monde

Si son idylle avec ses muses démarre dès les années 80, c'est surtout lors de la décennie suivante que Thierry Mugler les associe systématiquement à ses prodigieux coups d'éclat.

Ainsi en 1991, la chanteuse Diana Ross défile pour le show spectaculaire "Butterfly" de Thierry Mugler avec sa fille Tracee Ellis Ross, alors âgée de 18 ans, qui fait partie du casting aux côtés de supermodels comme Linda Evangelista, Christy Turlington et Naomi Campbell.

Avec Cindy Crawford ou encore Estelle Lefébure, les supermodels sont d'ailleurs les mannequins les plus proches du couturier, qui les met en scène dans le clip Too Funky de George Michael.

En 1995, Jerry Hall, muse emblématique du créateur, devient le visage de la toute première campagne du parfum Angel et pose telle une sirène dans un désert surréaliste. Près de 20 ans plus tard, Georgia May Jagger, sa fille, incarne à son tour la fragrance devenu mythique.

Côté scène, Thierry Mugler habille également Madonna, Sharon Stone et Demi Moore dont la robe aux découpes suggestives dans le film Proposition Indécente de 1993 est reconnue comme "la plus célèbre des années 1990".

Du catwalk à la scène

Couturier privilégié des femmes les plus sulfureuses de la planète, Thierry Manfred Mugler voit sa maison perpétuer cette relation singulière en s’associant à de nouvelles muses tout aussi remarquables.

En 2009, la marque signe sous l'égide du couturier les tenues de la tournée "I am… Sasha Fierce" de la chanteuse Beyoncé, qui s'illustre ensuite sur le tapis rouge avec des créations originales ou issues des archives de la griffe.

Aux Grammy Awards de 2019, Cardi B apparaît dans une robe imaginée pour le défilé prêt-à-porter automne-hiver 1995-1996, avant de faire une nouvelle apparition remarquée en Thierry Mugler lors du lancement de l'exposition Couturissime au Musée Des Arts Décoratifs à Paris.

Enfin, la maison frappe un grand coup au Met Gala 2019 avec une robe pour Kim Kardashian, qui semble sortir de l'eau.

Signée Thierry Mugler himself, elle aurait nécessité plus de huit mois de travail.

Une prouesse de plus pour le couturier de génie qui n’a cessé de dédier son art à des femmes que seules des superlatifs peuvent fidèlement décrire.