La nouvelle année qui se profile devrait être haute en lutte – pour (enfin) l'ouverture de la PMA, contre les violences faites aux femmes, pour l'égalité salariale.... Alors, on s'est dit que prendre un petit shoot de bonnes nouvelles du cru 2018 nous requinquerait pour les prochains mois. Retour sur une année où de nombreuses victoires, ou avancées, sont à célébrer.

La marche #NousToutes, contre les violences faites aux femmes

Même s'il a été un peu occulté par le mouvement des Gilets Jaunes, le rassemblement a été d'une ampleur inédite. « C'est la plus grosse mobilisation féministe qu'on ait connue en France », s'est d'ailleurs réjouie Caroline De Haas, qui appelait à manifester ce 24 novembre dernier.

D'après elle, 50.000 personnes ont défilé durant cette marche #NousToutes, dont 30.000 à Paris. Un raz-de-marée violet, agrémenté de nombreuses pancartes « ras le viol » et d'autres faites maison, où les manifestantes réclamaient, entre autres, la fin de l'impunité des agresseurs ou la chute du patriarcat, dans une ambiance de sororité bienvenue. Serons-nous encore plus nombreuses l'année prochaine ? Espérons-le !

La remise du tout premier Ballon d’Or au féminin

Une première historique grâce à Ada Hegerberg. La Norvégienne de 23 ans, attaquante de l'Olympique lyonnais a remporté en décembre le premier Ballon d'Or féminin.

« La meilleure soirée de sa vie », qu'elle ne laissera pas être gâchée par Martin Solveig et sa question débile (« Est-ce que tu sais twerker ? »). Dans un texte émouvant, publié sur le site The Players Tribune, elle revient sur sa récompense et aussi sur sa famille fan de foot. Dans leur petite ville de Norvège, ses deux parents sont entraîneurs et sa soeur capitaine... de l'équipe des garçons, coachée par sa mère. « Il y avait un réel sentiment d'égalité. Ce n’était pas du foot féminin ou masculin. C’était juste du foot », écrit la reine du ballon rond.

Vidéo du jour

Beyoncé à Coachella

Impossible d'avoir un top de l'année sans Beyoncé. En avril dernier, la quête du Graal consistait à dégoter un lien de streaming pour voir (ou revoir) la performance de Queen B, qui a une fois de plus donné un show grandiose. Danses, chants, costumes, le public en a pris plein les yeux, et au-delà du spectacle, les symboles se sont multipliés. D'abord, la place en tête d'affiche du festival pour la chanteuse, une première pour une femme noire en 19 ans d'existence.

Ponctuant sa performance d'hommages à la culture afro-américaine, elle a notamment laissé entendre une partie d'un discours de Malcom X : « La personne la moins respectée des États-Unis est la femme noire. La personne la moins protégée des États-Unis est la femme noire. » Queen B, décidément reine.

Le Prix Nobel alternatif de littérature à Maryse Condé

Cette année, le classique prix Nobel de littérature n'a pas pu être décerné, pour cause de scandale sexuel impliquant l'Académie suédoise. Qu'à cela ne tienne, un groupe d'intellectuels et de journalistes ont lancé leur propre récompense, plus inclusive et plus démocratique. « Nous avons invité des centaines de libraires suédois à participer. Puis nous avons invité le monde, car ceci est un prix international. Et presque 33.000 lecteurs ont voté », explique à RFI Alexandra Pascalidou, à l'origine du mouvement.

Et l'idée fut brillante, pour un prix unique, qui a distingué une des écrivaines majeures des lettres francophones, Maryse Condé. « Les Français n’ont jamais voulu entendre la voix de la Guadeloupe. Je suis heureuse qu’enfin, cette voix singulière soit reconnue », a souligné l'autrice guadeloupéenne auprès de Jeune Afrique, dès sa nomination en octobre.

L'institution a salué son œuvre, composée d'une trentaine de romans, mais aussi d'essais ou de pièces de théâtre, décrivant « les ravages du colonialisme et le chaos du post-colonialisme ». Sur les 114 lauréats du Nobel « traditionnel » de littérature, seules 14 étaient des femmes. Raison de plus pour se jeter sur les magistraux ouvrages de Maryse Condé, qui a aussi été la première présidente du Comité national pour la mémoire et l’histoire de l’esclavage.

Les résultats des élections des « midterms » aux USA

Dite comme ça, la nouvelle ne semble pas si réjouissante. Pourtant, en novembre, ces élections de mi-mandat ont amené un nombre record d'élues au Congrès américains  : 118 femmes, soit 22% des membres. Encore trop peu, mais malgré tout historique. D'autant que les nouvelles venues ont souvent des parcours qui forcent l'admiration.

Ainsi, Alexandria Ocasio-Cortez, plus jeune élue à la Chambre des représentants du haut de ses 29 ans. Ancienne serveuse et éducatrice, issue d'une famille modeste avec une mère venant de Porto Rico et un père du Bronx, elle milite notamment pour un système de santé universel. Ou Ilhan Omar, une des deux premières musulmanes élues au Congrès, réfugiée de 36 ans, ayant fui enfant la guerre civile en Somalie.

Ou encore Sharice Davids et Deb Haaland, devenues, elles, les deux première femmes amérindiennes à entrer à la Chambre des représentants. La première, avocate et ouvertement lesbienne, a été élevée par sa mère célibataire. La seconde a elle-même été mère célibataire et a un temps vécu de l'aide alimentaire. Ces quatre femmes siègent aux couleurs démocrates.

Le succès de « Sorcières, la puissance invaincue des femmes », de Mona Chollet

Dans son dernier essai, Sorcières, la puissance invaincue des femmes, la journaliste Mona Chollet remet à l'honneur les femmes indépendantes, âgées ou sans enfant, qui s'érigent contre les schémas établis, héritières de ces sorcières traquées et massacrées autrefois. « En anéantissant parfois des familles entières, en faisant régner la terreur, en réprimant sans pitié certains comportements et certaines pratiques désormais considérés comme intolérables, les chasses aux sorcières ont contribué à façonner le monde qui est le nôtre », écrit-elle en introduction.

Au fil des pages, grâce à son écriture singulière et au récit de sa propre histoire, elle redonne à ses lectrices une foi invincible en leur force inébranlable de femmes. Les références historiques, sociologiques ou culturelles jalonnent un livre qui se dévore d'une traite. On comprend donc bien pourquoi l'ouvrage a fait partie des meilleures ventes des essais à l'automne dernier. Et on en est plus que ravies.

Le mouvement pour l'allongement du congé paternité

Il serait temps que les pères puissent prendre leur rôle au sérieux et s'investir autant que leurs conjointes dans l'éducation des enfants, non ? En septembre dernier, 160 personnalités et anonymes signent une pétition réclamant un congé paternité plus long et obligatoire. « L'organisation des congés 'à la française' participe au maintien d'un système inégalitaire et patriarcal au travail, en biaisant les critères d'embauche et d'avancement », affirment les signataires.

Quelques jours auparavant, c'est un rapport de l'Igas (Inspection générale des affaires sociales) qui préconisait de passer le congé paternité de de 11 jours à deux ou trois semaines, en le rendant en partie obligatoire. Peut-être une bonne résolution gouvernementale pour 2019  ?

La grossesse de la Première ministre néo-zélandaise Jacinda Ardern

En juin dernier, Jacinda Ardern devient la deuxième cheffe de gouvernement de l'histoire à donner naissance à un enfant en cours de mandat, après la Pakistanaise Benazir Bhutto en 1990.

Issue du parti travailliste, elle a ensuite pris un congé maternité de six semaines et c'est son compagnon qui devrait occuper la place de père au foyer. Il était d'ailleurs à ses côtés en septembre, quand elle s'est rendue à l'Assemblée générale des Nations Unies avec son bébé de trois mois sous le bras.

Le prix Nobel de la paix pour Denis Mukwege et Nadia Murad

Le premier, gynécologue congolais, a dédié sa vie aux femmes victimes de violences sexuelles en temps de guerre. La seconde, yézidie, a été esclave sexuelle de Daesh et fait preuve d'un extraordinaire courage en témoignant de son histoire et des souffrances endurées par toutes les victimes.

On ne pouvait imaginer un prix Nobel de la paix plus puissant que celui-ci, saluant le combat contre les violences sexuelles comme arme de guerre.