Double accusation de viol

Deux ans de prison ferme et 10.000 euros de dommages et intérêts envers la victime, qui l'accusait de double viol en 2011. Voilà ce dont a écopé le Français Jean-Claude Arnault, 72 ans, lundi 1er octobre, dans une décision du tribunal de Stockholm.

En pleine tempête #MeToo, l’accusation pour viols répétés à l'encontre de ce photographe et directeur artistique a secoué non pas la France, mais la Suède, où il fait partie de la haute société culturelle. 

Durant trois jours, les 19, 20 et 24 septembre, le tribunal de Stockholm a statué sur deux accusations de viols par la même plaignante. Le Français encourait six ans de prison. Absente au début de l’audience, la victime, qui préfère garder l’anonymat, a été représentée par Elisabeth Massi Fritz, ténor du barreau suédois spécialisée dans la défense des femmes. D’autres accusations de viols et agressions sexuelles commis entre 2013 et avril 2015 concerneraient le Français, mais elles ont été classées sans suite, faute de preuves, lors de l’enquête préliminaire.

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Proche de l'Académie suédoise

Jean-Claude Arnault est marié à une membre de l'Académie suédoise décernant le Prix Nobel de Littérature, Katarina Frostenson. Célèbre en Suède où il vit depuis une cinquantaine d’années, le Français entache profondément l’institution fondée en 1901, avec laquelle il a entretenu des liens aussi bien artistiques que financiers. Il dirige par ailleurs le Forum-Nutidsplats för kultur, un haut lieu culturel de Stockholm où les académiciens se retrouvent depuis 1989.

Ce scandale sexuel, qui devrait ouvrir la voix à d’autres plaintes, a conduit à la démission de six des membres de l'Académie suédois, sur 18 au total. Le 23 novembre 2017, l'organisme a rompu tous ses liens avec Jean-Claude Arnault, et a renoncé à attribuer le Prix Nobel de littérature pour l’année 2018. 

Le Weinstein suédois

Une affaire qui démarre en novembre 2017 avec la publication par le quotidien Dagens Nyheter du témoignage anonyme de 18 femmes affirmant avoir été violentées ou harcelées, quelques semaines après l'éclatement de l'affaire Weinstein aux États-Unis. Matilda Gustavsson, la journaliste à l'origine du scandale, avait résumé auprès de Marie Claire en mai dernier : “Comme pour Weinstein, tout le monde savait mais personne ne parlait."

L’enquête interne a en effet établi que plusieurs académiciennes, conjointes ou filles d’académiciens, avaient elles aussi subi « l’intimité non désirée » et les comportements « inappropriés » de l’accusé. Les faits se seraient déroulés entre 1996 et 2017. Certains auraient eu lieu à Stockholm. D’autres dans le pied-à-terre parisien de l’Académie, un appartement de la rue du Cherche-Midi à Paris.

Tout comme Harvey Weinstein, Jean-Claude Arnault utilisait notamment son influence comme un moyen de pression lors de ses agressions, menaçant de « court-circuiter » les carrières de ses victimes.

Il est venu vers moi et m’a dit que je ne trouverais plus de travail

L’écrivaine Elise Karlsson, l’une des femmes ayant témoigné dans le journal, a ainsi rapporté à l’AFP : « Je lui ai dit : ne me touche pas, et je l’ai giflé, avant de fuir. Il est venu vers moi et m’a dit que je ne trouverais plus de travail ».