Un message injurieux toutes les trente secondes. Voilà ce à quoi sont confrontées, en moyenne, les femmes inscrites sur le réseau social Twitter. C'est la conclusion de la nouvelle enquête menée par l’ONG Amnesty International et l’entreprise Element AI, basée sur l’analyse de millions de tweets adressés aux 778 femmes participantes, des journalistes et politiciennes britanniques et américaines.

Ont été relevés, au cours d'une année, ceux contenant un message sexiste, misogyne, raciste, haineux et homophobe,.

Un constat accablant

Et le résultat fait froid dans le dos : 1,1 million de tweets ont été vus comme "problématiques", c’est-à-dire, blessants ou hostiles et de manière souvent répétée ou dits "abusifs", comprenant notamment des menaces, insultes, appels à la violence ou propos dégradants.

1,1 million de tweet sur douze mois, soit un message toutes les trente secondes, adressé à la gente féminine. Ce qui fait de Twitter un espace toxique pour les femmes, mais tout particulièrement pour les femmes racisées.

Là où prospère le racisme, l'homophobie et la misogynie

Les femmes noires, asiatiques, latino et métisses ont 34% de chances de plus d'être mentionnées dans des tweets abusifs. Et c’est pire lorsque l’on s'intéresse aux femmes noires : elle sont 84% plus susceptibles que les femmes blanches d'être mentionnées dans les tweets abusifs ou problématiques. Un résultat disproportionné qui souligne le caractère raciste de ces injures.

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Un manque de volonté de la part de Twitter

Ce cyber-harcèlement n’est toujours pas endigué par Twitter, ce que déplore Amnesty International, qui avait déjà alerté sur le sujet un peu plus tôt dans l’année avec la publication d’un autre rapport estimant que la firme “n'assumait pas sa responsabilité de respecter les droits des femmes en ligne”.

Katia Roux, chargée à Amnesty de la section "plaidoyer Libertés", expliquait le 20 décembre à France Inter que le travail de veille et de tri des tweets, mis en oeuvre sur l’année 2017 pour arriver à ces conclusions, “sont des choses que Twitter pourrait aussi mettre en place. Se poser ces questions, répertorier les demandes, ventiler les données par type d'attaques, ce sont des éléments extrêmement importants pour pouvoir répondre et prendre des mesures adéquates. Nous demandons à Twitter d'agir. Il est tout à fait possible de mettre fin à ces violences”, assurait-elle.