Durant l’entre-deux-tours des élections législatives anticipées, l’organisation d’un nouveau débat anime les conversations. Alors que Jordan Bardella, chef de file du Rassemblement national (RN), a déclaré refuser débattre avec Marine Tondelier, secrétaire nationale des Écologistes, un collectif de 230 artistes et militantes féministes a publié une tribune dans les colonnes de Libération, mardi 2 juillet 2024, dénonçant cette invisibilisation.
Débats des Législatives : où sont les femmes ?
À l’issue du premier tour des élections législatives,Jordan Bardella a confirmé à BFMTV qu'il refusait de participer à leur débat si les Écologistes, et donc sa représentante Marine Tondelier, représentait le Nouveau Front Populaire. Confronter Jean-Luc Mélenchon, leader La France Insoumise (LFI), ne lui posait en revanche pas problème.
Cette rencontre, prévue le 2 juillet, a finalement été annulée et remplacée par un autre format : Jordan Bardella, Marine Tondelier et Gabriel Attal parleront à tour de rôle ce mercredi 3 juillet, durant une heure chacun.
Le 1er juillet, Marine Tondelier regrettait l'invisibilisation des femmes politiques durant les débats de ces élections. "#OùSontLesFemmes?", lançait-elle sous forme d'hashtag à TF1 sur X (ex-Twitter) avant une édition spéciale de la chaîne, organisée avec Jordan Bardella, Xavier Bertrand, Gabriel Attal et Raphaël Glucksmann.
Une prise de parole soutenue par d’autres militantes féministes. "Toujours aucune femme, les débats continuent à se dérouler comme si elles n’occupaient pas une place prépondérante dans la vie politique", déplore la journaliste Salomé Saqué sur X.
Invisibilisation d'enjeux qui concernent les femmes
Ce même 1er juillet, Marine Tondelier, invitée sur le plateau de C à vous sur France 5, a rappelé à l'antenne que les femmes sont 60% à recevoir le Smic et représentent les trois-quarts des familles monoparentales. "S’il n’y a pas à un moment une femme dans un débat, on va en parler quand ?", interroge-t-elle. Et d'asséner : "Jamais."
"Si le RN arrive au pouvoir, je peux vous dire que les choses vont changer. Partout où l’extrême droite passe, les droits des femmes trépassent. D’ailleurs, Bardella, sa principale mission depuis 24h, c’est ne pas débattre contre une femme, ça en dit quand même beaucoup", poursuit la Cheffe des Écologistes.
Marine Tondelier, un combat de terrain contre l’extrême-droite
Dans cette tribune publiée dans Libération, 230 signataires appellent alors à l’organisation d’un débat. "Nous, militantes féministes, tenons à ce que le débat se déroule comme prévu entre Jordan Bardella et Marine Tondelier, cheffe des Ecologistes", est-il écrit. Cette tribune est signée par différentes personnalités comme Vanessa Springora, Juliette Binoche, Pénélope Bagieu ou encore Camille Kouchner.
Ce débat est d’autant plus espéré que Marine Tondelier, élue à Hénin-Beaumont, est connue pour son combat contre l’extrême droite, à la tête de cette ville du Pas-de-Calais.
Dans son livre Nouvelles du front (éditions LLL/Les liens qui libèrent) publié en 2017, elle critiquait la gestion du maire RN. Ce qui lui a valu plusieurs plaintes de l’intéressé, l’édile Steeve Briois, et deux autres membres de son équipe. Elle dénonçait notamment "des pressions exercées sur les agents de la mairie proches de l’opposition" ou encore "l’embauche de proches et d’élus du FN". Le tribunal correctionnel de Paris l’a finalement relaxée en 2020.
Ex-collaboratrice parlementaire de Cécile Duflot, Marine Tondelier a pris le leadership dans le cadre de ces élections législatives. Aux municipales de 2014, à Hénin-Beaumont, et aux élections régionales dans les Hauts-de-France en 2021, elle faisait déjà partie d’une union de la gauche.
Marine Tondelier a également affronté à plusieurs reprises Marine Le Pen à Hénin-Beaumont, son fief. Lors de ces élections législatives, elle a d’ailleurs annoncé se présenter comme suppléante de la candidate socialiste du Nouveau Front Populaire, Samira Laal, qui a échoué face à Marine Le Pen.