Depuis quelques années, de nouvelles griffes ont pris place dans le dressing de Beyoncé. Si les tenues confectionnées par sa mère couturière à l'époque des Destiny's Child ou encore la robe Versace dans le clip Crazy In Love sont devenues iconiques, à travers la mode, l'auteure de Lemonade renoue désormais avec ses racines afro-descendantes.
Peulh Vagabond, Adama Paris, Yhebe Design, on ne compte plus les labels africains que la diva met à l'honneur dès qu'elle en a l'occasion.
"Que le noir soit synonyme de gloire", déclare ainsi la chanteuse au début de Black is king, film visuel qui complète la sortie de son dernier album The Lion King : The Gift (2019). Disponible depuis le 31 juillet 2020 sur Disney+, ce long-métrage est un nouvel hommage à la diaspora africaine souhaitant célébrer "l'étendue et la beauté de l'ascendance noire".
Black is king, célébration de la culture noire
"Les événements de 2020 ont rendu la vision et le message du film encore plus pertinents, alors que les gens du monde entier se lancent dans un voyage historique. Nous sommes tous à la recherche de sécurité et de lumière. Beaucoup d'entre nous veulent du changement", a écrit Beyoncé dans un post Instagram annonçant la sortie de Black is king.
La partie la plus gratifiante est de voir les jeunes créateurs indépendants qui ont su se faire un nom.
"Je crois que lorsque nous les Noirs racontons nos propres histoires, nous pouvons changer l'axe du monde et raconter nos VRAIES histoires de richesse générationnelle et de richesse d'âme qui ne sont pas racontées dans nos livres d'Histoire. Je prie pour que tout le monde voit la beauté et la résilience de notre peuple", a-t-elle ajouté.
Pour l'aider à valoriser son sens de l'héritage, le vêtement a joué un rôle primordial. Tout comme lors du 100e anniversaire de Nelson Mandela, c'est sa styliste de longue date Zerina Akers qui a su sélectionner des pièces qui disent par leur simple présence quelque chose de la culture noire.
"La partie la plus gratifiante est de voir les jeunes créateurs indépendants qui ont su se faire un nom", confie la styliste au Vogue US. "Je parle toujours à Sarah Diouf de Tongoro Studio, et Beyoncé a été la première à porter sa marque. Elle est passée d'employer sept personnes à cinquante. La portée que [la visibilité] crée aurait pu facilement être redirigée vers une entreprise, mais ici, elle aide les familles et donne à ces jeunes créateurs leur moment".
Le 100e anniversaire de Mandela
En juillet 2019, Queen B dévoile le clip vidéo de "Spirit", un titre extrait de la bande-originale du film Le Roi Lion. Les différentes tenues qu'elle porte dans le court-métrage sont signés des grands noms de la mode européenne, et parmi eux, Tongoro Studio, un label africain que la chanteuse affectionne plus que jamais.
Un an plus tôt, Beyoncé s'est envolé pour l'Afrique du Sud à l'occasion du 100e anniversaire de Nelson Mandela. Si la diva est apparue parée de pièces de créateurs occidentaux - de Balmain qui l'habille régulièrement à Versace et sa combinaison jaune près du corps auréolée d'une capeline du même coloris, Queen B a fait la part belle à la création textile Africaine et afro-descendante tout au long de son voyage.
Du t-shirt en coton à impression photographique signé Afrikanista à la jupe asymétrique en wax Yhebe Design, en passant par la tunique bicolore du label Mmuso Maxwell, la chanteuse a célébré la mode de tout un continent à une période où elle est pleinement visibilisée.
Grâce à la publicité donnée par Beyoncé, le travail de ces designers a été mis en avant. Certains ont d'ailleurs partagé leur émotion sur les réseaux sociaux : "Trois jours que cette femme me met des étoiles plein les yeux... Je n’arrive toujours pas à croire que la plus grande star de la planète a porté deux de mes produits et que ces photos se retrouvent sur son site", a confié Aissé N'Diaye sur son compte Instagram.
Tout cela n'aurait pas été possible sans le travail de sa styliste, Zerina Akers, qui a enclenché une transformation considérable du style de la chanteuse. Si elle suit la diva dans tous ses déplacements, la jeune femme préfigure les looks d'autres artistes telles que les jeunes chanteuses américaines ChloéxHalle ou encore la réalisatrice californienne Ava Duvernay.
Un style hommage à la diaspora panafricaine
Si cette prise de position vestimentaire est importante, c'est aussi parce que le couple Carters a souvent été accusé de s'approprier la culture africaine, sans pour autant se montrer sur les scènes du continent. Des critiques qui se sont notamment déclenchées suite à "l'emprunt" de l'image du film sénégalais Touki Bouki du cinéaste Djibril Diop Mambety, pour la promotion de la tournée On The Run Tour II. Le fait que la source d'inspiration n'ait jamais été mentionnée avait fait couler beaucoup d'encre.
Paradoxalement, ces deux dernières années, Beyoncé a multiplié les clins d’œil à ses origines et aux luttes dans lesquelles doivent encore s'engager les afro-descendants. En atteste le clip d'Apeshit - critique non dissimulée de la sous-représentation des noirs dans l'histoire de l'art - réalisé au Louvre ou celui de Formation (2016), dans lequel elle clamait son soutien au mouvement Black Lives Matter et revendiquait ses origines sudistes. Le Saturday Night Live avait d'ailleurs fait un sketch tordant face aux réactions du public, "The day Beyoncé turned black". On en rigole encore.
Black is king n'a lui n'ont plus pas échappé aux critiques, notamment de la part d'afro-féministes qui continuent de penser que Beyoncé pille une partie de la culture africaine sans vraiment lui rendre hommage. Cette fois pourtant, la chanteuse a su s'entourer de créatifs issus du continent à l'instar de ses deux co-réalisateurs ghanéens Blitz Bazawule et Emmanuel Adjei.
Si certains ne l'ont pas vu venir, par le soutien indéfectible qu'elle apporte aux designers africains, Beyoncé continue de rendre un véritable hommage à la diaspora panafricaine.
Découvrez tous les designers africains portés par Beyoncé ces dernières années.