Ce régime part du principe que notre groupe sanguin (O, A, B ou AB) détermine nos besoins nutritionnels, la manière dont nous assimilons les aliments et dont réagit notre système immunitaire face à eux.

Dans son best-seller tiré à plus de cinq millions d’exemplaires – Eat right for your type -, Peter d’Adamo propose ainsi quatre régimes distincts, adaptés aux spécificités de chaque groupe, avec des mets compatibles à privilégier et d’autres à exclure selon son profil. Il affirme qu’en suivant ce précepte, le corps retrouve son fonctionnement optimal : il se déleste des kilos accumulés inutilement, il résiste mieux aux infections et il devient moins vulnérable aux maladies chroniques (troubles cardiovasculaires, diabète, etc…).

Une promesse alléchante mais peu étayée scientifiquement.

Des repas calqués sur ceux de nos ancêtres

Selon d’Adamo, les personnes du groupe O doivent manger beaucoup de protéines et très peu de glucides, car ce groupe sanguin serait le plus ancien, hérité des Hommes de Cro-Magnon. Ces derniers étant des chasseurs-cueilleurs, ils n’avalaient ni produits laitiers ni blé ni maïs ni légumineuses (lentilles, pois chiche…). Les "groupe O" d’aujourd’hui devraient donc en faire de même pour garder la ligne et la forme.

Le groupe A serait apparu au néolithique, avec le développement de l’agriculture. Dans ce régime, les individus de groupe A doivent donc opter pour une alimentation principalement végétarienne, à base de céréales, de légumes secs et de fruits. L’orange, les pommes de terre et les tomates sont cependant à écarter.

Le groupe B a droit à des menus équilibrés et diversifiés à condition de forcer sur les laitages, car son métabolisme est l’héritier des éleveurs nomades qui vivaient sur les hauts plateaux de l’Himalaya.

Le groupe AB, apparu plus récemment suite au mélange des populations A et B, peut consommer un peu de tout. Côté viande, il doit juste éviter le poulet. 

Que faut-il en penser du régime groupe sanguin ?

Certains adeptes du régime "groupe sanguin" ont certes perdu du poids. Mais ce bénéfice semble résulter d’un changement de leurs habitudes alimentaires, et non de la véracité des théories de Peter d’Adamo. Des chercheurs canadiens de l’université de Toronto ont en effet passé au crible ses recommandations nutritionnelles.

Le verdict des scientifiques est sans appel : "la manière dont un individu répond à l’un de ces régimes n’a rien à voir avec son groupe sanguin, affirme Ahmed El-Sohemy, coauteur de l’étude. Elle dépend uniquement de sa capacité à adhérer à un régime végétarien ou à un régime low-carb". En effet, la diète proposée aux personnes de groupe O ressemble beaucoup au régime Atkins (pauvre en glucides et féculents) et celle recommandée aux personnes du groupe A à la diète sans viande.

En d’autres termes, quelque soit son groupe sanguin, réduire les sucres et supprimer les aliments raffinés fait pencher la balance du bon côté.

Peter d’Adamo part en outre de postulats erronés. Il prétend que les groupes sanguins A, B et AB sont apparus il y a 10 à 30 000 ans, ce qui est faux. Les études sur le patrimoine génétique de l’espèce humaine montrent que les quatre groupes sanguins existaient déjà il y a plusieurs millions d’années.