Les résultats de l’étude INCA 2 réalisée par l’Anses[1] sont édifiants. 60% des femmes souhaitent perdre du poids.

Avoir un IMC normal n’empêche pas 30% des femmes d’avoir suivi ou de suivre un régime. Plus étonnant encore : 15% des femmes minces ont fait ou font de même. En prime, cette autre conclusion de l’étude : les programmes amaigrissants se révèlent dangereux car souvent pratiqués sans avis médical.

Et pourtant, martèle la naturopathe et nutrithérapeute Céline Touati : "les régimes ne marchent pas ; en tout cas jamais sur le long terme". Thèse qu’elle défend dans son nouvel ouvrage, "Les Régimes C'est Fini !"  (Ed. Jouvence). Bonne nouvelle : les cinquantenaires, échaudées par la logique d’amaigrissement forcé, font preuve d’une belle sagesse en la matière.

"À l’inverse, les jeunes femmes ont encore très envie d’y croire. Beaucoup ont du mal à envisager l’alimentation sur le long terme. Ce qui est bien naturel à vingt ans." Une fois réglé son compte à la culture régime, on fait quoi ? "On commence enfin à prendre soin de soi pour de vrai." Mode d’emploi.

Les régimes ne marchent pas

Le corps synchronise deux systèmes énergétiques  distincts. Le "métabolique en activité" gère nos grands besoins immédiats (mouvement, action etc) pendant que le "métabolisme basal", assure l’ensemble des fonctions vitales. Ce dernier, qui nous intéresse le plus, varie en fonction de plusieurs facteurs comme le sexe, l’âge, ou la génétique.

Plus on mincit via la contrainte, plus le corps s’organise pour reprendre ce dont on l’a privé.

"De manière inconsciente, le corps conserve la mémoire des famines que les générations d’êtres humains ont traversées au fil de l’évolution", explique la naturopathe. En situation de régime (pour le cerveau archaïque, c’est la disette), nous stockons donc les graisses afin de "voir venir" ! Résultat : plus on mincit via la contrainte, plus le corps s’organise pour reprendre ce dont on l’a privé (en moyenne 150% du poids perdu!). Et plus ce sera difficile de reperdre du poids par la suite…

On remplace par quoi ?

Une hygiène de vie qui permet d’atteindre et d’installer un poids sain dans un corps sain. Plutôt que de perdre dix kilos avant l’été pour les reprendre en septembre, vous vous allégerez d’un à deux kilos par mois jusqu’à votre poids idéal et vous n’en bougerez plus car vous serez à même de gérer les écarts.

 Première règle : tout ce qui entre dans le corps doit en sortir. Pratiquer une activité physique permettant d’éliminer l’énergie engrangée par la nourriture est une nécessité. On commence par arrêter de se faire livrer les courses. Et on tord le coup aux fausses excuses - manque de temps, fatigue etc. Bref, on pose sa vie à plat et on met en place ce qui nous va le mieux, par exemple : s’activer dix minutes par jour sur une application de cardio, faire des squats en se brossant les dents…

Deuxième règle : adoptez quelques principes de nutrition saine et cuisinez un peu plus. Faire cuire un pavé de poisson au four, des haricots verts, une céréale ou un œuf à la coque n’est pas plus long que de préparer des pâtes. Il suffit de s’organiser en amont côté courses. Le reste n’est qu’une question d’habitude. Vous avez bien été capable de manger du blanc de poulet et du fromage blanc pendant des mois…

Les régimes sont mauvais pour la santé

Parmi les principaux risques : baisse du rythme cardiaque, troubles digestifs (et calculs biliaires) et rénaux, perte de masse musculaire, diminution du capital osseux et chute du système immunitaire, dérèglement du sommeil… les déséquilibres nutritionnels peuvent avoir des conséquences plus ou moins graves sur l’organisme.

Quant au lien minceur-santé, il n’est pas aussi évident qu’on le dit. On peut être en bonne santé avec quelques kilos en trop et en mauvaise santé, à un poids jugé idéal.

On remplace par quoi ?

Un programme bien-être plutôt que minceur. On vise de nouvelles priorités en installant des réflexes qui relancent les bons circuits. Sport, nutrition, relaxation, sommeil activent une véritable renaissance sur le moyen terme. Votre corps sera alors plus à même de gérer sans ciller les écarts (aussi bien votre Paris-Brest préféré ou l’excellent mojito du bar d’à côté.)

Consommés en période de régime ou sur un métabolisme déstabilisé, ces petits incidents de parcours peuvent avoir des effets dévastateurs sur la balance, mais aussi la santé.

Le diktat de la minceur détruit l’estime de soi

Première question posée par Céline Touati à ses patientes en quête de minceur : "Pourquoi voulez-vous perdre du poids ?" Derrière les classiques  du genre "je ne me sens pas bien dans mon corps", affleure rapidement l’image que les autres nous renvoient.

La volonté déployée dans un régime tire sa force de cette partie de nous qui ne s’aime pas. Et tente de répondre aux diktats d’une image féminine factice et stéréotypée. Les kilos envolés font du bien à l’égo au début, mais une fois repris, les effets sont ravageurs sur l’amour propre.

Il faut déjà accepter son corps. Certaines ne pèseront jamais 50 kilos, métabolisme oblige.

On remplace par quoi ?

On cultive l’estime de soi ! "Il faut déjà accepter son corps. Certaines ne pèseront jamais 50 kilos, métabolisme oblige", commente la naturopathe. "Le poids est plus qu’un chiffre sur une balance. C’est un état dans lequel on se sent bien. Vos objectifs doivent être cohérents". Avant de changer d’habitudes, questionnez-vous sur vos motivations les plus intimes. Dressez d’abord la liste, sur plusieurs jours s’il le faut. Réfléchissez ensuite pour analyser si vos raisons sont bonnes.

Autre exercice : cadrer l’entourage. Entre les "t’as pas un peu grossi ma chérie" de votre mère et les "il y a longtemps que tu n’as pas mis ton bikini Jennifer taille XS" de votre jules, difficile de ne pas se sentir atteinte à la longue. "Mieux vaut parfois changer de mari que de poids", plaisante la thérapeute. En tout cas ne pas hésiter à poser des limites aux remarques désagréables et aux fantasmes qui ne sont peut-être pas les nôtres.

Les régimes cultivent des tas d’idées fausses

L’ananas brûle les graisses. Les compléments alimentaires font maigrir. Le light aussi - ou plutôt ne fait pas grossir. Les œufs donnent du cholestérol. La banane fait grossir. Autant de mythes qui prospèrent, alimentés par des théories incomplètes ou controversées (comme celle de l’IMC).

"J’ai même eu une patiente qui avait lu qu’il suffisait de manger des aliments blancs pour mincir", déplore Céline Touati. Or, les études et les approches diffèrent, peuvent se contredire d’une décennie à l’autre. "On ne sait plus faire la part des choses dans la masse d’informations disponibles, souvent sorties de leur contexte. Prenez la détox au citron. Certaines la pratiquent alors qu’elle n’est pas du tout indiquée pour leur métabolisme !"

On remplace par quoi ?

On fait preuve de bon sens et même de sens critique. On assimile une bonne fois pour toutes qu’il n’y a pas d’aliments ennemis ni d’autres amis : tout dépend de notre état global. Nous sommes toutes différentes avec des besoins propres à chaque période de notre vie.

Céline Touati conseille de consulter au moins une fois un spécialiste dans une approche globale, qui s’adaptera à votre métabolisme et votre mode de vie. A renouveler idéalement une fois par an ou tous les deux ans car nos corps changent au fil du temps. Nos vies aussi.

Les régimes vous éloignent de votre corps

Compter les calories, peser les aliments, jongler avec les associations de familles alimentaires… et ignorer la sensation de faim. "On ne mange plus, on s’alimente, comme sur ordonnance", constate la naturopathe. Summum de cette logique : les formules de repas tout faits, livrés à la semaine ou les sachets repas à boire.

Plus on s’empêche de manger, plus on rêve de le faire. On finit par craquer, se goinfrer. Le cercle vicieux s’installe. En plus de se détester, on stocke, on grossit, et c’est reparti. Des privations aux obsessions, il n’y a qu’un pas. "A certaines patientes, je ne prescris que des changements diététiques minimes, pour les calmer, et nous mettons l’accent sur le versant psychologique pour qu’elles ne basculent pas dans une obsession maladive", explique la thérapeute.

On ne mange plus, on s’alimente, comme sur ordonnance.

Boulimie, anorexie, hyperphagie… il y a de plus en plus de troubles alimentaires compulsifs graves. Derrière ces névroses douloureuses, la personne qui n’est pas à l’aise avec son poids peut cacher bien des choses. Le surpoids fait parfois office de cocon pour se cacher, ou se protéger des émotions, des soucis. Manque d’amour, de plaisir, excès de stress… Dans le cas de problèmes pathologiques, il faut en parler et se faire aider.

On remplace par quoi ?

Faim authentique et vraie satiété doivent devenir nos guides naturels. Le plaisir est essentiel. Offrez-vous de temps en temps des moments gourmands ! Autre levier d’action : manger en pleine conscience (en silence, ou les yeux fermés par exemple.)

Appréciez vos repas avec vos cinq sens et au calme – loin de la télé. On éloigne Smartphones, convives lourds, sujets qui fâchent – le dernier contrôle de maths de votre ado - et on partage en mode positif. Les prochaines vacances par exemple. Retrouvez vos vraies sensations. Mieux se connaître permet d’individualiser sa manière de manger de manière à être en accord avec son corps.

Certaines personnes, dont le métabolisme a besoin d’être nourri toutes les trois heures, peuvent faire jusqu’à cinq petits repas par jour ! Pour cela, pratiquez la relaxation, la méditation, le yoga, le tai chi chuan ou le qi qong. Dormez correctement car "on ne mange pas de la même manière quand on est fatiguée ou stressée." Au duo diététicien-coach de sport, préférez un spécialiste en psychologie, en P.N.L. ou autre approche intégrative… Une prise en charge complète qui vous assurera l’équilibre. Enfin.

[1] Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail