Nombre d’entre nous sommes en déficit de sommeil*. C’est le constat que font les chercheurs dans le bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) de l’agence sanitaire Santé Publique France daté du 12 mars 2018.

"Pour la première fois depuis que le sommeil est observé sur le plan épidémiologique en France, le temps de sommeil moyen nocturne est inférieur à 7 heures", observent les spécialistes dans leur compte-rendu. En moyenne, les 18-75 ans dormiraient 6h55 par nuit, à raison de 6h42 en semaine et de 7h12 les week-ends. 35,9% des sondés déclarent même dormir moins de 6 heures par nuit.

L’insomnie chronique, quant à elle, toucherait 13,1% des 18-75 ans, tandis que 27,7% d’entre eux se déclarent en dette de sommeil. Des chiffres qui alertent, d’autant que "l’insuffisance de sommeil demeure un enjeu crucial dans la prévention des maladies chroniques, au même titre que la nutrition et l’exercice physique", rappellent les chercheurs.

Dormir pour récupérer ses facultés mentales et physiques

Les effets immédiats d’un repos insuffisant sont connus de tous : irritabilité, problèmes de concentration, réflexes émoussés… Mais les conséquences à long terme le sont moins, car elles ne se manifestent que 5 à 10 ans plus tard.

Le corps se rétablit en effet pendant la nuit : les cellules endommagées se réparent, les tissus se réhydratent, les muscles évacuent les toxines et le cerveau se régénère. Une étude américaine de l’université John Hopkins, publiée en février 2017 dans la revue Science, a montré que le sommeil optimise la plasticité cérébrale. Elle permet aux neurones (nos petites cellules grises) de créer de nouvelles connexions entre eux, ce qui accroît les capacités cognitives, augmente la circulation des informations dans le cerveau et consolide la mémoire. À l’inverse, une privation de sommeil induit une perte de neurones irréversible.

Dormir pour éviter la prise de poids

L’Académie américaine de médecine du sommeil est formelle : il existe un lien entre le nombre d’heures de sommeil et l’indice de masse corporelle (IMC). De fait, les petites dormeuses (5 h ou moins par nuit) affichent en moyenne une corpulence supérieure à celle des bonnes dormeuses (7 h ou plus). L’écart se creuse considérablement au fil des années. Les premières ont un risque majoré de 32% de se lester de 15 kilos supplémentaires en l’espace de 16 ans !

Trop peu de temps passé sous la couette perturbe en effet les sécrétions hormonales et les signaux biologiques de la faim. Le tissu adipeux fabrique moins de leptine, une protéine qui informe le cerveau de l’état des stocks énergétiques disponibles. Et l’estomac produit plus de ghréline, une molécule qui attise l’appétit, surtout envers les aliments gras et sucrés. Pour conserver sa taille de guêpe, mieux vaut donc dormir comme un loir.

Dormir pour éloigner les maladies chroniques

Une dette de sommeil affaiblit également nos défenses immunitaires contre les microbes et double le risque de développer un diabète (type 2), ont démontré les chercheurs de l’université de Boston. Cela amplifie aussi les réactions inflammatoires, d’où un risque accru d’arthrite ou d’ostéoporose. Le système cardiovasculaire est également impacté. Une réduction du temps de sommeil fait grimper la tension artérielle, ce qui expose davantage à l’infarctus du myocarde et aux accidents vasculaires cérébraux. Offrez-vous donc des siestes copieuses et des grasses matinées sans culpabiliser.

*Si vous souffrez de troubles du sommeil, consultez le site http://reseau-morphee.fr, un questionnaire gratuit et anonyme, élaboré par des spécialistes du sommeil, vous permettra d’évaluer vos symptômes et de trouver l’orientation médicale la plus adaptée à votre cas.