Selon l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé), l’obésité est avérée lorsque l’indice de masse corporelle (IMC) est supérieur ou égal à 30. Mais on sait désormais que la surcharge adipeuse est plus dangereuse lorsqu’elle est localisée au niveau de l’abdomen.

"Le tour de taille est un meilleur indicateur que l’IMC", estime le Dr Boris Hansel, endocrinologue nutritionniste à l’hôpital Bichat (Paris). Or c’est là que le bât blesse : près de la moitié des Françaises présente une obésité abdominale (48,5%), soit une proportion bien plus élevée que celles présentant une obésité générale.

Alimentation riche, sédentarité, stress et régimes en cause

Certaines obésités sont héréditaires, mais de nombreux autres facteurs sont en cause à commencer par une alimentation trop calorique et une activité physique insuffisante.

Les Françaises sont en effet fâchées avec le sport : seules 53% réalisent au moins 2h30 d’exercices par semaine d’après l’agence Santé Publique France. Une sédentarité qui va crescendo. 

Les régimes restrictifs à répétition ont aussi leur part de responsabilité.

"Les régimes restrictifs à répétition ont aussi leur part de responsabilité", estime Anne-Sophie Joly, présidente du Collectif national des associations d’obèses (CNAO). "À force de yoyo, ils induisent une résistance du corps à l’amaigrissement et se soldent par une prise de poids conséquente".

Le travail de nuit fait aussi pencher la balance du mauvais côté en désynchronisant l’horloge biologique. Une étude d’octobre 2017 de l’université de Hong-Kong suggère qu’il augmente de 29% le risque d’obésité. Le stress chronique, l’exposition à certains polluants chimiques et le manque de sommeil favorisent également l’envolée pondérale.

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Diabète, cancer, mort subite... Des conséquences en cascade

Un excès important de tissu adipeux a des effets délétères sur le corps. Il génère souvent à la longue le développement d’un diabète de type 2 mais aussi une élévation de la tension artérielle, une hypertrophie du ventricule gauche du cœur et un trouble du rythme cardiaque. Conséquence : le taux de mort subite est 40 fois plus important chez les obèses.

Des complications respiratoires peuvent aussi apparaître, tout comme une détérioration du foie (stéatose hépatique) et des reins. "Les liens entre obésité et insuffisance rénale sont à présent clairement établis", affirme le Pr Maurice Laville, président de la Fondation du rein.

Le risque de cancers est aussi accru, surtout du sein, des ovaires, de l’œsophage, du côlon, des voies biliaires, du pancréas et de l’endomètre.

La grossophobie de plus en plus vivace

Jugées responsables de leur surpoids, les personnes en situation d’obésité font face à une stigmatisation croissante dans la rue et au travail. Dans l’inconscient collectif, une personne obèse est en effet assimilée à quelqu’un dénué de volonté et incapable de se contrôler.

Les femmes sont davantage discriminées : une fille "enveloppée" souffre d’une image sociale plus négative qu’un homme "rondouillard". Du coup, elle a tendance à perdre confiance en elle, à déprimer et à s’exclure socialement.

La prise en charge doit être multidimensionnelle et aborder les aspects émotionnels.

Des solutions existent pourtant. Il ne suffit pas de moins et mieux manger. Il faut aussi bouger davantage, mieux dormir, etc… "Se faire accompagner par un professionnel est un gage de succès, assure Nathalie Négro, responsable du centre nutritionnel des thermes de Bride-Les-Bains. La prise en charge doit être multidimensionnelle et aborder les aspects émotionnels".

En dernier recours, une chirurgie bariatrique (réduction de l’estomac ou by-pass) peut être envisagée. Les résultats sont stupéfiants : les patients maigrissent énormément dans les quelques mois qui suivent l’intervention (jusqu’à - 40 ou 50 kilos) et leur état de santé s’améliore. Mais pour que ces bénéfices se maintiennent durablement, un suivi médical – et parfois aussi psychologique – reste indispensable.

* Inserm : Institut national de la santé et de la recherche médicale