Anorexie mentale : quand le besoin de perdre du poids devient maladif

Par Laetitia Reboulleau
Anorexie mentale
L'anorexie mentale est sans doute l'un des troubles alimentaires les plus fréquents. Les personnes qui en souffrent se privent de nourriture, avec la volonté de perdre du poids jusqu'à l'extrême. Un comportement qui peut entraîner de graves problèmes de santé.

L'anorexie mentale fait partie des troubles alimentaires restrictifs les plus fréquents, et qui touche les femmes, dans 90% des cas.

Il s'agit également de l'un des troubles alimentaires les plus connus, en raison notamment de sa médiatisation : qui n'a jamais vu ces images choquantes de femmes qui n'ont plus que la peau sur les os, et qui ont malgré tout le besoin pathologique de maigrir, encore et toujours.

Bien plus qu'une privation de nourriture, un mode de vie

Pour le Dr Corinne Blanchet-Collet, médecin-endocrinologue et nutritionniste spécialiste des troubles des conduites alimentaires à la Maison de Solenn, l'anorexie mentale est associée à un besoin de contrôle alimentaire absolu basé sur la privation, mais pas seulement :

"Ce trouble du comportement alimentaire s'accompagne régulièrement d'une hyper pratique physique ou sportive, de vomissements, de la prise de produits diurétiques ou laxatifs".

Toutes les stratégies sont bonnes pour perdre du poids, quitte à mettre sa santé en danger.

Les facteurs de déclenchement du trouble alimentaire

Il existe plusieurs facteurs qui peuvent déclencher un trouble du comportement alimentaire.

"Bien souvent, l'anorexie mentale survient sur un terrain de vulnérabilité. Les personnes qui en souffrent sont souvent prédisposées à ce type de pathologie. C'est toujours le reflet d’une souffrance psychique, et parfois l’émergence d’un trouble psychiatrique associé".

Facteurs génétiques, affectifs, psychiques, socioculturels, individuels et/ou familiauxChaque anorexique a son histoire, et chacune peut avoir eu un déclic différent, comme par exemple un événement de vie, parfois traumatique : divorce, déménagement, dépression post-partum, deuil, abus sexuelMais dans certains cas aussi, des changements plus "heureux", comme un mariage ou une grossesse.

Bien entendu, la part familiale est également à prendre en compte.

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Une personne ayant un parent anorexique, ou élevée dans une famille qui voue un culte à la minceur ou qui contrôle énormément l'alimentation de leur enfant (orthorexie) aura plus de risques de développer un trouble du comportement alimentaire. L’obésité ou le surpoids familial est également un facteur de risque pour le développement ultérieur de trouble du comportement alimentaire.

Les signes qui doivent alarmer

Si l'anorexie mentale est généralement facilement repérable quand la personne n'a plus que la peau sur les os, il existe des signes qui doivent agir comme un signal d'alarme, avant d'en arriver à ce stade, rappelle le Dr Corinne Blanchet-Collet.

"En dehors des modifications du poids et de l'alimentation, on constate généralement des modifications de l'humeur et du comportement.

Une personne anorexique va avoir tendance à s'isoler, y compris de ses proches ou de sa fratrie. L'anorexie mentale entraîne un besoin de contrôle, de perfection, qui peut également se manifester par un hyper-investissement scolaire ou au travail, ou de l'hyperactivité".

À repérer également : les signes de malaises physiques et psychiques, ou encore les comportements à risque, tels que les scarifications, ou la consommation de substances addictives (tabac, alcool, drogues).

Anorexie : une thérapie sur-mesure

"Le premier travail de l'entourage est de détecter le trouble du comportement alimentaire en étant attentif", rappelle Le Dr Corinne Blanchet-Collet. Les proches auront ensuite en charge d'évoquer le sujet avec la personne qui souffre d'anorexie mentale, et de la diriger vers des soins.

La fonction d'accompagnement est également essentielle : "Les malades ont besoin de soutien, mais aussi d'être maintenus dans la vraie vie, afin d'éviter l'isolement"

Or, les proches peuvent agir comme un ancrage, pour aider la personne à garder contact avec la réalité extérieure.

D'un point de vue professionnel, les troubles du comportement alimentaire nécessitent une prise en charge pluridisciplinaire, qui va mobiliser plusieurs corps de métier : médecin somaticien, psychiatre, psychologue, diététicien, endocrinologue

"Il existe différents types de médiations qui permettent à la personne de reprendre contact avec son corps (sophrologie, psychomotricité..)".

Le temps est généralement un facteur clé : soigner l'anorexie mentale peut prendre quelques mois comme quelques années. En moyenne, il faut entre 2 et 5 ans. Mieux vaut prendre son temps, afin d'éviter à la maladie de revenir, quelques années plus tard. Sous une forme symptomatique ou une autre…

Un grand merci à Corinne Blanchet-Collet, Médecin endocrinologue et nutritionniste spécialiste des troubles des conduites alimentaires à la Maison de Solenn, pour ses précieuses réponses.

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