Orgasme thérapeutique : peut-on vraiment soulager certaines douleurs en jouissant ?

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orgasme thérapeutique
Si avoir un orgasme nous fait littéralement du bien, ses pouvoirs bienfaiteurs ne s'arrêtent pas à la jouissance sexuelle. En effet, il peut aussi apaiser certaines douleurs : c'est ce que l'on appelle "l'orgasme thérapeutique". Mais pourquoi, comment et pour qui ? Une sexologue thérapeute nous répond.

Quand on pense orgasme, on imagine rarement autre chose qu’une délivrance sexuelle. Pourtant, certains spécialistes arguent qu’au-delà du plaisir pur et dur, la jouissance a de multiples bienfaits. Elle serait notamment salvatrice face à certaines douleurs, c’est ce que l’on appellerait alors un orgasme thérapeutique.

"Il est communément admis que l’orgasme 'fait du bien'. Mais qu’entend-on par 'faire du bien"?", questionne justement le sexothérapeute Alain Héril dans son ouvrage L’orgasme thérapeutique, quand le plaisir chasse la douleur (Ed. Grancher).

Mais alors, dans quelles mesures la jouissance peut-elle soulager la douleur ? Et comment en user pour se sentir mieux dans (presque) tous les sens du terme ? Céline Vendé, sexologue thérapeute nous éclaire.

Un outil du "mieux-être"

D’après la spécialiste, le livre d’Alain Héril - explorant pour la première fois le concept - met en évidence un usage que nous avons de la sexualité et du plaisir qui va être différent de la motivation liée au désir, à la libido. "Dans ce cas, on n'est pas sur la quête d’une connexion au partenaire, mais plus sur une décharge hormonale", commente-t-elle.

Attention toutefois à ne pas se méprendre face aux termes. Si l’orgasme thérapeutique peut soulager, "il ne va pas traiter une maladie ou un symptôme. On est plus sur du mieux-être", tient à nuancer l’experte.

Orgasme thérapeutique : pour quelles douleurs ? 

Pour comprendre le côté "thérapeutique" de l'orgasme, il faut décortiquer l'effet de la jouissance sur le corps. 

"Il a un réel impact physiologique sur le corps et notre cerveau. Toutes les réactions arrivent en chaîne, de l'ocytocine et de la prolactine sont libérées... On flotte dans un bain hormonal. Dans le cerveau précisément, certaines zones sont activées au niveau des neurotransmetteurs, pour activer ce qui gère la peur, l'anxiété, le stress, mais aussi la douleur", explicite Céline Vendé. 

Une action calmante se produit alors, nous détendant physiquement et psychiquement. "Et ça n'apaise pas 'que' des maux génitaux. On pourrait penser que le côté thérapeutique de l'orgasme se concentre uniquement sur des douleurs en lien avec le périnée par exemple. Mais ce n'est pas le cas".

L'experte cite notamment une utilité particulière face aux douleurs de maladies chroniques (fibromyalgie), ou dans les cas de cancers traités par chimiothérapie. "Avant une séance, cela peut permettre de déstresser et d'appréhender la douleur".

Pour s'apaiser, la masturbation est la clé 

Et la spécialiste insiste, nul besoin d'être accompagné.e pour bénéficier de ces bienfaits recherchés. "Ça peut être un orgasme via la masturbation. Être autonome dans sa façon de réguler du stress ou de la douleur c'est important. Finalement, c'est comme une séance de yoga, de méditation…", assure la sexologue thérapeute. 

Céline Vendé prend l'exemple du mal de tête : "avoir un rapport complet peut être compliqué, parce que cela implique du mouvement, mais la masturbation peut être intéressante dans ce cas-là : rapide et efficace, si l'on connaît bien son corps".

Mais encore une fois, pas de formule magique, les effets thérapeutiques de l'orgasme ne seront pas les mêmes pour tous.tes. Notamment face aux douleurs de règles, "pour certaines, jouir peut être plus douloureux parce que ça contracte le périnée", explique l'experte.

Et surtout, l'important reste de ne pas se créer une injonction à avoir un orgasme. "Si c’est quelque chose qu’on obtient assez facilement et dont on a envie sur le moment, il ne faut pas se retenir, ça fait partie d’une boîte à outils pour décharger la tension. Mais ça reste ici différent de la sexualité partagée, où l'émotionnel est généralement fortement impliqué. L’orgasme passe avant tout par le cerveau, il nécessite aussi du lâcher prise, donc si l'on se force à se faire du bien, l'effet escompté ne sera pas au rendez-vous".

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