En avril 2022, une étude publiée dans la revue Sexual Medicine, appuyait scientifiquement le récit d’une professeure de yoga estonienne. Atteinte de vaginisme, elle expliquait être capable d’"atteindre l'orgasme quand elle le voulait, avec seulement son esprit".
Si cette capacité a tant interpellé que l’Estonienne est devenue une étude de cas, c’est parce qu’atteindre un état de jouissance, sans avoir à se toucher, reste un fantasme dans l’imaginaire collectif.
À tort, selon Céline Vendé, sexologue. "Notre cerveau, qui est le premier organe sexuel, est sous-utilisé", constate-t-elle. Et pour apprendre à l’apprivoiser pour décupler la nature de ses orgasmes, de multiples plateformes audio érotiques et autres méthodes de relaxation liées au plaisir se démocratisent.
Mais ces outils sont-ils utiles ? Et comment parvenir à jouir avec notre seule psyché de stimulée ?
Faire la différence entre orgasme et décharge sexuelle
Ce mépris pour le pan cérébral de l’orgasme vient du fait que ce dernier est souvent résumé au seul réflexe du corps une fois le point d’orgue d’un rapport (solitaire ou en couple) atteint.
"On confond la réponse physiologique avec l’orgasme, mais ce n’est pas que ça, la dimension émotionnelle est des plus importantes", appuie Céline Vendé.
Ainsi, l’orgasme se compose du réflexe orgasmique (contraction du clitoris, de la vulve et du vagin chez la femme, éjaculation chez l'homme), additionné à une avalanche d’émotions, celles qui nous mènent à "un état de transe".
"C’est important de dissocier la notion de plaisir de celle de la décharge sexuelle, l'orgasme est beaucoup plus globalisant et moins technique, on se retrouve alors dans une plénitude sensorielle", argue la sexologue.
Les clés pour jouir par la pensée
Maintenant que les pendules du plaisir sont remises à l’heure, il convient de comprendre comment notre cerveau, "notre première zone érogène", souligne la spécialiste, peut nous mener jusqu’au septième ciel.
D’après Céline Vendé, tout ce qui nous amène dans un état de relaxation va nous pousser vers le summum du plaisir, sans pour autant impliquer le toucher ou des sextoys.
"C’est être à l’écoute de ses sensations corporelles et nourrir son imaginaire érotique en testant les podcasts érotiques, les audio porn... L’imaginaire se met en route et on vient ainsi stimuler le cerveau. Quand on associe les deux, on peut plus facilement obtenir un état de jouissance”, dévoile la spécialiste.
Auto-hypnose, podcasts érotiques, respiration ciblée : quel outil de plaisir choisir ?
Mais ce n’est pas chose facile que d’avoir un orgasme en usant uniquement de sa psyché. Comme tout, cela nécessite temps et pratique. "Il faut apprendre au cerveau et au corps à recevoir ce type de stimulation", confirme Céline Vendé.
Mais alors, par où commencer ? Par un travail de respiration, nous répond-elle. Et les aficionados du yoga, de la sophrologie et de la méditation partent avec une petite avance, car il faut apprendre à se focaliser, en conscience, sur ses respirations profondes.
"On s'allonge et on se concentre sur des inspirations et des expirations longues. En même temps, on prête attention à ses sensations corporelles en faisant un scan de ses ressentis. On n'obtiendra pas l’orgasme ainsi du premier coup, mais on s'habitue à porter notre attention sur une partie du corps bien précise", résume l'experte.
C’est dans un second temps que l’on va venir teinter d’érotisme cet état de relaxation. "On peut ensuite écouter un audio érotique, mais plutôt que se toucher, on va laisser parler les sensations, les spasmes, la chaleur, les traductions dans les parties génitales, les respirations saccadées…”, cite la sexologue.
Si vous avez du mal à vous mettre dedans, vous pouvez aussi utiliser des méditations guidées, ou même tenter l’auto-hypnose érotique. "On peut faire ça via des vidéos ou on peut s’enregistrer soi ou son partenaire en train de lire un écrit érotique", propose-t-elle.
Confiance en soi, meilleure connaissance de ses envies : les bienfaits de l'orgasme par la pensée
Et si la méditation n’est pas efficace chez tout le monde, il en va de même pour l’orgasme psychique. Parfois, il met du temps à se manifester ou il ne manifeste pas du tout. Et c’est tout à fait normal.
"Il ne faut pas se forcer ou être déçu de soi. Qu’importe la finalité, ces exercices ont à nous apprendre. Être plus au fait de ses sensations va aussi nous servir pour prendre plus de plaisir à deux par exemple", nuance Céline Vendé.
Car s’essayer à l’orgasme par la pensée, c’est se prouver qu’on est capable de s’auto-satisfaire. Et ici, la jouissance devient un outil de confiance et de développement personnel à part entière.
Et vous pouvez même tenter l’exercice avec votre partenaire, ce qui permettra un meilleur partage des ressentis. "Finalement, c’est un peu ce qu’on va retrouver dans le tantra, dans le slow sex : revenir à la base, se centrer sur les ressentis corporels plutôt que dans la performance. On est moins dans la consommation sexuelle et on se libère des injonctions pour se recentrer sur ses sensations", termine-t-elle.