Cette semaine en France, les températures avoisinent les 40 degrés dans l’Hexagone : c'est la canicule. Et si le corps est déjà mis à mal par cette chaleur exceptionnelle, il semblerait que notre psyché en soit tout aussi affectée.

Selon une étude polonaise, publiée en 2018 dans la revue Science Daily, les températures élevées favoriseraient les montées de stress et pourraient même augmenter les crises, chez les personnes souffrant d’anxiété.

"Nos recherches ont montré que nos niveaux de cortisol sont plus élevés pendant les mois d'été par rapport à l'hiver, et l'augmentation des températures peut vous faire ressentir de l'agitation, des palpitations, des nausées et de la fatigue - tous des symptômes courants de l'anxiété", explicite l’étude dès ses prémisses.

Un pic de cortisol causé par les fortes chaleurs

Si les scientifiques de l’Université de Poznan (Pologne) se sont penchés sur le sujet, c’est après avoir constaté une hausse des statistiques de criminalité en été. "Plusieurs analyses ont noté que la violence augmentait lorsqu'il faisait plus chaud que la moyenne", explicite l’étude.

L’équipe a ainsi observé un groupe d'étudiant.es en médecine, pendant deux jours distincts, en hiver et en été. Ils ont prélevé des échantillons de salive toutes les deux heures pendant chaque période de test - un cycle complet de 24 heures - pour mesurer les niveaux de cortisol de leur échantillon. Ils ont ainsi constaté que ces derniers étaient plus élevés en été.

Communément surnommée "l'hormone du stress", la cortisol est libérée dans le sang face à des situations difficiles ou bouleversantes et "à un niveau trop haut, peut exacerber les symptômes d’une anxiété chronique", prévient l’étude.

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D’ailleurs, selon d’autres travaux de chercheurs australo-chinois, dont les résultats ont été publiés dans la revue Science Direct en mars 2021, "une augmentation de 2,2 % de la mortalité liée à un trouble de la santé mentale a été observée en période de fortes chaleurs".

"Cela pourrait s’expliquer parce que les composés qui aident à réguler l'humeur, tels que la norépinéphrine, la sérotonine et la dopamine, sont également associés à la régulation de la température corporelle", évoquent les scientifiques.

La dépression saisonnière n’est pas exclusive à l’hiver

Pourtant, la croyance commune tend plus à pointer du doigt l’hiver, quand il s’agit de lier des maux mentaux à une saison. "Nos résultats contredisent les concepts traditionnels du passage éprouvant à l'hiver et de la détente liée à l'été", affirmait Dr Dominika Kanikowska, auteure de l’étude polonaise, au Daily Mail, en 2018.

Car, même si elle est peu documentée, il existe une dépression saisonnière estivale. En 1987, le psychiatre Norman E. Rosenthal, qui avait été le premier à parler de dépression saisonnière trois ans plus tôt, a mené des recherches sur groupe de 12 personnes présentant un schéma de dépression saisonnière entre mars et octobre. Des travaux qui ont confirmé que le syndrome ne se cantonnait pas qu'à l’hiver.

"La dépression saisonnière d’été est plus une dépression ‘agitée’. Alors que ceux qui souffrent de déprime hivernale ont tendance à trop dormir et à trop manger, l’estival se manifeste souvent par de l'insomnie et une perte d'appétit, générées par les fortes chaleurs" précise Dr Cynthia Rosenthal, professeur de psychiatrie à la Georgetown University School of Medicine, auprès du New York Times.

"Vous pouvez également vous sentir inquiet ou stressé face aux risques liés à la chaleur, tels que l'épuisement et la déshydratation, ce qui peut vous rendre encore plus anxieux", propose également Caroline Harper, infirmière conseillère spécialisée en santé mentale chez Bupa UK, à Stylist.

L’été et ses attentes sociales anxiogènes

Mais au-delà de la chaleur qui semble défier notre psyché, certain.es spécialistes affirment que ce sont les attentes sociales, propres à l’été, qui nous blessent le plus.

Injonction à voyager, à sortir, corps plus dénudés face aux températures… Tant de "qualificatifs" de la saison des congés, qui peuvent être une source de stress pour les personnes anxieuses, souffrant de dysmorphophobie ou de troubles du comportement alimentaire.

"Si vous pensez que vous ‘devriez’ profiter d'un barbecue ou que vous ‘devriez’ être dehors tout le temps parce qu'il fait beau temps, cela vous met beaucoup de pression, ça peut devenir une obsession", confirme Dr Rose Aghdami, psychologue agréée et spécialiste de l'anxiété, également à Stylist. "Mais, même si le poids sociétal pèse, il ne faut jamais se forcer, sous peine de voir ses symptômes se décupler", prévient-elle.