Les troubles du comportements alimentaires (TCA) ne doivent pas être pris à la légère. Ce sont de vraies pathologies qui se manifestent souvent à l’adolescence ou au l’orée de l’âge adulte. Même si les femmes en sont les premières victimes, les hommes ne sont pas épargnés. La grossophobie ambiante, les défis minceur qui circulent sur internet et les top-modèles faméliques qui continuent à défiler sur les podiums participent à l’augmentation des TCA.

Malgré la loi de janvier 2016 censée imposer une corpulence minimum aux mannequins, les modèles se sont encore allégés de 10 kilos en dix ans.

Mais d’autres facteurs jouent aussi un rôle. Des chercheurs ont en effet montré que le taux de sérotonine, l’hormone de la bonne humeur, est anormalement bas chez les personnes atteintes de TCA. En outre, d’autres désordres psychiques leur sont souvent associés : dépression, troubles anxieux, troubles obsessionnels compulsifs…

Et parmi les facteurs déclenchant, on retrouve souvent un traumatisme – un abus sexuel notamment -, une pression trop élevée de la famille quant à la réussite sociale ou encore l’usage de drogues (substances illicites ou alcool).

Anorexie mentale, une vision déformée de son corps

"En France, il y a en moyenne chaque année 6 000 nouveaux cas d’anorexie mentale, observe le Dr Laurence Plumey, médecin nutritionniste, auteur du Grand livre de l’alimentation (éd. Eyrolles). Et ce nombre est en augmentation". Des individus de plus en plus jeunes sont touchés : ce trouble apparaissait vers 16-18 ans, il y a une dizaine d’années, alors qu’on voit aujourd’hui des jeunes filles de 13 ans déjà anorexiques.

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Luttant contre la faim pour perdre du poids au-delà de la raison, elles finissent par flotter dans leurs vêtements tout en se trouvant toujours trop grosses. Souvent dans le déni, elles passent du temps devant le miroir et tendent à se désocialiser. La situation devient alarmante lorsque l’indice de masse corporel (IMC) passe sous le seuil de 18. Il faut dans ce cas consulter en urgence pour éviter que la dénutrition ne génère des déficits cardiaques, rénaux ou cognitifs. L’anorexie reste la première cause de décès en psychiatrie. "N’attendez pas pour demandez de l’aide d’un psychothérapeute formé dans les TCA", conseille le Dr Plumey.

Boulimie, une quantité gargantuesque d’aliments engloutis

Plus de 4% des ados font aujourd’hui des épisodes de consommation excessive et compulsive de nourriture. Les symptômes débutent généralement plus tard que l’anorexie, autour de 19 ans en moyenne. En trente minutes, un boulimique peut avaler plus de 10 000 calories ! Et pour ne pas grossir, il se purge ensuite en allant vomir ou ayant recours à de nombreux laxatifs.

Pas facile donc à repérer car la personne ne fait généralement pas de chichis à table. Des dents prématurément usées et des doigts abîmés par l’acide gastrique qui remonte lors des vomissements sont toutefois des indices qui ne trompent pas. N’importe qui peut un jour perdre le contrôle et déclencher une crise de boulimie. Mais si l’épisode se répète au moins une fois par semaine pendant trois mois, il s’agit d’une véritable boulimie qu’il convient de prendre en charge.

Quand les crises ne sont pas suivies de vomissements ou de prise de laxatifs, on parle d’hyperphagie.

L’orthorexie ou le désir de trop bien faire

Face à la profusion des messages nutritionnels ("Garanti sans cholestérol", "enrichi en oméga 3"…) et à la multiplication des scandales alimentaires (vache folle, viande de cheval…), certaines personnes tombent dans l’obsession du bien manger. Ils commencent par fuir la junk-food – ce qui est plutôt appréciable -, puis suppriment peu à peu beaucoup de catégories entières d’aliments jugés nocifs, voire même impurs. À force de se focaliser sur la recherche d’alimentation toujours plus saine, l’orthorexique perd le plaisir de manger. Il bascule dans l’hyper-contrôle et l’anxiété.

Troubles atypiques

Le plus connu est le pica, qui consiste à ingérer de substances non comestibles, comme de la terre, du savon, du papier, du tissu, des gobelets en plastique… Si la pratique est fréquente, des problèmes digestifs ou des intoxications peuvent survenir. Une prise en charge psycho-émotionnelle s’avère nécessaire quand le pica devient irrépressible.

Le mérycisme s’apparente quant à lui la rumination, comme le font les bovins : faire remonter consciemment les aliments qui viennent d’être absorbés. Le but n’est pas de se faire vomir mais de les mâcher à nouveau pour le plaisir. Ce TOC est parfois associé à la boulimie ou à l’anorexie, mais il peut aussi se manifester indépendamment d’un autre TCA.