La rupture amoureuse, une épreuve différente selon les âges

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La rupture est un déchirement, qu’elle arrive à 20 ou 70 ans. Cependant, au fil des années et des expériences, notre rapport au chagrin d’amour évolue avec nous.

Elles s’appellent Emma, Anne et Michelle*. Toutes ont vécu des ruptures à des moments de vie différents.

Premier amour, rupture après qu’une famille ait été créée ou divorce gris :ces femmes, qui n’en sont pas à leur premier chagrin d’amour, ont pourtant toujours le cœur serré en évoquant ces déchirements passés.

"La rupture est différente selon la temporalité. Elle ne dépend pas forcément de l'âge, mais du contexte de vie, de la relation à soi, de la maturité émotionnelle et affective dont on dispose", éclaire d’emblée Myriam Bidaud, coach et thérapeute de couple, à la tête d’une chaîne Youtube prodiguant des conseils relatifs aux relations amoureuses.

Selon l’experte, moins nous nous connaissons, plus nous sommes dépendant.e du partenaire et plus la rupture va être difficile. "Même si on passe par des phases douloureuses, la rupture reste une opportunité de se construire", continue-t-elle.

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Ainsi, Emma, Anne et Michelle nous racontent comment le chagrin d’amour les a changées – et les changent toujours.

La rupture du premier amour, la douleur de l'inconnu

Si toutes les ruptures sont douloureuses, car elles sont "la cassure d’une situation connue", la première rupture est d’autant plus difficile, car c’est un saut dans l’inconnu.

"Mon premier amour, je l’ai rencontré en première, à l’époque où je n’étais pas suffisamment armée. Dans ma tête, pour qu’il soit vrai, il fallait que l’amour soit passionnel, si bien qu’on s’est quittés et repris à plusieurs reprises, mais je n’arrivais pas à rompre, alors qu’il me trompait avec une de mes meilleures amies", se remémore Emma, 32 ans. 

Pendant un an, la jeune femme, alors âgée de 17 ans, bataille entre amour-propre et amour tout court. "Je pense que je ne m’aimais pas suffisamment, pour me dire que cette rupture pouvait être salvatrice", analyse-t-elle avec le recul.

Biberonnée aux éternels happy ends des films Disney et autres histoires à l’eau de rose, la lycéenne a "l’impression que le premier amour doit durer toute une vie". "Je lui avais même fait une lettre où j’avais écrit, ‘je préfère ne pas être heureuse avec toi, plutôt que malheureuse sans toi’", admet Emma.  

"Il est vrai qu’à cet âge-là, on n’a pas de recul et on a une vision de l’amour pétrie de croyances, véhiculées par les réseaux sociaux, les médias et les dessins animés", confirme Myriam Bidaud.

Une fois la décision de rompre prise, Emma sombre dans la tristesse. "J’étais interne au lycée et le mercredi après-midi, j’allais noyer ma peine avec mes amies en buvant, si bien que j'ai été virée de mon établissement pour trois jours", explique la trentenaire.

"Le premier grand amour, c’est intense parce qu’il y a beaucoup de fusion. Les ruptures peuvent être difficiles, parce qu’on ne sait pas ce qui nous arrive. Parfois, il y a même des vraies dépressions. Cette rupture est très particulière, on mûrit beaucoup à sa suite", explicite la coach et thérapeute de couple, qui insiste sur l'idée qu'il ne faut pas minimiser cette première peine de cœur.

Et c’est ce qui s’est passé pour Emma, une fois la phase de chagrin estompée. Pour elle, c’est l’accompagnement qui a été salvateur. "J’en ai parlé avec mon papa, qui a lui-même pleuré de me voir ainsi. Puis, il m’a dit ‘dans notre famille, on se relève’, alors je l’ai fait, mais ça m’a pris du temps, presque deux ans".  

Rompre entre 20 et 30 ans : le risque des schémas amoureux répétitifs

Entre le premier amour et le moment de construction de la famille – même si, aucun parcours de vie n’est linéaire, il est important de le rappeler – Myriam Bidaud parle d’une phase de "schémas répétitifs", caractérisée, donc, par des ruptures répétitives, les histoires ne pouvant aboutir.

"À un moment donné, il est important de faire le point avec soi-même pour faire le tri. Il s’agit là de s’affranchir des codes dictés par la société, ou par ses parents, pour aller vers des personnes qui nous correspondent réellement", intime la spécialiste.

Myriam Bidaud conseille ainsi d’effectuer un travail sur la gestion de ses émotions, pour ensuite les mettre au service du lien. "On va ainsi pouvoir s’appuyer dessus comme sur une boussole intérieure, pour interagir avec l’autre, au service du nous", argue-t-elle.

Mais c’est aussi à ce moment-là que la pression de trouver LA bonne personne, conjuguée à celle de "l’horloge biologique", viennent mettre en difficulté ce travail. "On ne cherche pas quelqu’un pour être en couple, si la démarche n’est pas bonne, la rupture sera inévitable", précise-t-elle.

Rompre quand une famille a été construite

Léanne a la quarantaine. Il y a presque trois ans, elle s’est séparée du père de son fils, avec qui elle vivait en concubinage depuis onze ans. "Avec une famille, les impacts ne sont pas les mêmes, il y a un enjeu financier, en plus du sentiment d’échec. Le changement de vie est radical et on a une responsabilité en plus : celle du bien-être des enfants", explique Myriam Bidaud

"Même si cette rupture était une très bonne décision que nous avons prise à deux, je culpabilise d’avoir enlevé à mon fils la stabilité d’une famille", avoue Léanne.

Sur le long terme, ce sera un excellent modèle pour l’enfant, à qui on aura montré qu’on peut être femme, mère et conjointe.

"La culpabilité, vient compliquer les choses, parce qu’inconsciemment, on va se dire qu’on a pas le droit de s’engager à nouveau. Mais il faut pouvoir s’accorder des moments où l'on n’est pas bien, parce qu’on a aussi une rupture à gérer. Utiliser cette opportunité pour apprendre à mieux se connaître et répondre à nos besoins par nous même est primordial", réagit Myriam Bidaud,  

Alors que Léanne confie avoir l’impression de "flotter", depuis qu’elle n’est plus "conjointe et maman, mais femme et maman", l’experte conseille de se faire de la place.

"Bien sûr, il y a des périodes où ce n’est pas possible, quand on a un nouveau-né par exemple, mais il faut pouvoir se dégager un espace. Sur le long terme, ce sera un excellent modèle pour l’enfant, à qui on aura montré qu’on peut être femme, mère et conjointe".

Dans tous les cas, la rupture n’est pas forcément néfaste à l’équilibre familial. "Ce ne sont pas les changements qui vont créer des traumas chez l’enfant, mais plutôt les problématiques d’égo. Les parents ne doivent pas forcément être amis, mais se respecter et ne pas faire de l’enfant leur confident", éclaire la spécialiste.

Le divorce gris, quand la rupture semble sonner le glas de la vie amoureuse

Julie a 25 ans. Sa grand-mère, Michelle, 40 ans de plus. Il y a six ans et après 22 ans de mariage, elle a dû faire face à un divorce. Du jour au lendemain, son mari est parti avec une autre, la laissant seule dans la maison familiale.

"À l’époque, je vivais mon premier chagrin d’amour, donc je me suis beaucoup rapprochée de ma grand-mère. Elle me disait qu’elle vivait son dernier chagrin d’amour", se souvient l’étudiante.

"Même s’ils sont parfois libérateurs, les divorces après un long mariage, pour la personne qui n’a pas pris la décision, peuvent être très violents", souligne Myriam Bidaud. Julie raconte avoir vu sa mamie tomber dans la dépression. "Elle ne mangeait plus et il fallait que je la force à sortir prendre l’air avec moi quand je passais la voir", partage la jeune femme.

Grâce au soutien de ses proches et à une aide psychologique et médicale, Michelle réussit à reprendre le dessus. Si aujourd’hui Julie a retrouvé "celle qu’elle a toujours connue", sa grand-mère ne veut plus entendre parler de relation. "Elle dit qu’elle est trop vieille et que ça fait trop mal", explique sa petite-fille.

"Ici, nous sommes confronté.es à deux problèmes. D’abord, la pression du jeunisme, commence Myriam Bidaud, puis le refus de souffrir à nouveau".

Mais pour l'experte, "si on ne prend pas ce risque, on ne prend pas celui de vivre, alors choisissons plutôt de regarder son mariage d’un autre œil, pour comprendre ce qu’il s’est passé et non pas pour culpabiliser. Balayer devant sa porte pour sortir de son rôle de victime est une des clés pour reprendre confiance en soi", indique-t-elle.

Des leçons de vie, à chaque fin de relation  

Alors, qu’on ait 17 ans ou qu’on se trouve à l’aube de la soixantaine, personne n’est jamais vraiment préparé.e à la fin d’une histoire d’amour.

"Malgré tout, j’ai appris en tombant", sourit Emma. "Quand j’ai rencontré un Italien avec qui je me suis lancée dans une relation turbo pour finalement apprendre qu’il me trompait, ça n’a pas traîné comme avec mon premier amour. Ça a été beaucoup plus simple de le quitter, car j’avais les outils et que j’étais déjà passée par là".

Bien sûr, la douleur ne s’évapore pas plus facilement – que nous soyons quitté.e ou celui/celle qui quitte d’ailleurs – mais, plus les années s’empilent et plus les bonnes questions se posent.

Mais, bien qu’on aime à le croire, le temps n’est ici pas le responsable de toutes ces évolutions. "On dit souvent que le temps guérit les blessures, mais ce n’est vrai que si la personne en fait usage pour comprendre, apprendre et faire le tri dans ses croyances", nuance Myriam Bidaud.

Pour elle, il est important de préconiser un accompagnement, pour traiter ses émotions correctement. "Ce soutien peut venir de plusieurs sources : un thérapeute, un coach, un bon ami… Il faut juste prendre garde à ne pas devenir dépendant.e d’une personne extérieure", continue-t-elle.

Alors, que nous ayons 20, 45 ou 70 ans, quand l’amour s’en va et que la rupture se fait une place dans notre vie, prenons le temps de l’utiliser à bon escient. "Ca peut être un formidable outil pour construire sa confiance en soi, mais ça, c’est le travail de toute une vie", conclut la thérapeute de couple.

* Les prénoms des intervenantes on été changés

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