Pourquoi a-t-on parfois besoin de changer de tête après une rupture amoureuse ?

Par Mélanie Hennebique
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Quand vient la fin d’une relation, le deuil s’exprime sous plusieurs formes. Au couple qui n’existe plus, s’ajoute le besoin de laisser derrière nous la personne que l’on était. Et, parfois, quelques centimètres en moins sur sa chevelure suffisent pour renaître de ses cendres.

Quand le cœur se brise, que reste-t-il ? Que l’on soit ou non la personne qui décide de mettre un terme à une relation, un deuil s’installe. D’abord, celui de l’être aimé, puis celui de la personne que l’on était.

Si les ruptures apparaissent comme des échecs, elles peuvent lancer un nouveau chapitre rempli de nouveautés, qu’il s’agisse des expériences vécues ou de la représentation que l’on se fait de soi-même.

Et plusieurs centimètres de cheveux en moins ou un nouveau style vestimentaire suffisent parfois pour créer une véritable différence et rebondir face à la peine.

Après la rupture, l’envie de se recentrer sur soi

Lorsqu’un couple implose et met un point final à son histoire, chacun réagit à sa manière. Pour une partie d’entre nous, il est question de changer son environnement ou sa personne.

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"On change obsessionnellement la décoration ou on change d’appartement", prend en exemple Véronique Kohn, psychologue spécialiste des relations amoureuses. "Là où il y a des souvenirs de l’histoire tissée ensemble, il faut s’en séparer." Car les objets symbolisent les souvenirs et la partie d’une vie désormais révolue.

Toutefois, l’apparence physique joue aussi un rôle dans le processus de guérison des personnes qui traversent une rupture.

Après avoir mis fin à une relation de 7 ans avec un homme pris en flagrant délit d’adultère, Sabrina a radicalement changé. "J’ai fait une dépression, qui m’a fait perdre 13 kg, j’ai changé physiquement et j’ai acheté beaucoup de nouveaux vêtements", confie cette femme de 39 ans, séparée depuis sept mois.

Je trouve que cela me va mieux comme ça, mais c’est aussi relié à l’image que j’avais de moi quand j’étais encore avec lui. 

Aujourd’hui, elle fait ses ongles tous les mois et rehausse régulièrement ses cils, car "je ne prenais pas le temps de le faire avant", raconte-t-elle. C’est surtout l’envie de prendre soin d’elle et de se recentrer sur elle-même qui l’a poussée à opérer de nombreux changements dans son apparence, notamment sur ses cheveux.

Car son ancien compagnon aimait sa longue chevelure, elle a décidé de la couper. Nette. La voilà désormais à hauteur d’épaules. "Je trouve que cela me va mieux comme ça, mais c’est aussi relié à l’image que j’avais de moi quand j’étais encore avec lui", concède Sabrina.

Dans tous les cas, cette décision était nécessaire : "il fallait que je change quelque chose sur moi et que ça se voit".

Passer chez le coiffeur, un réflexe lourd de sens

Changer sa coupe de cheveux apparaît presque comme un réflexe en cas de rupture, comme si réaliser un changement capillaire était nécessaire, voire indispensable, pour entamer cette nouvelle vie après la fin d’un chapitre.

Sarah Zerbib, psychologue clinicienne, compare ce processus à "une plante dont on couperait les mauvaises herbes. On lui donne ainsi la chance de repousser sainement, avec à les clefs un avenir meilleur", relève Medisite.

Les cheveux sont quelque chose auquel nous avons un accès direct, quelque chose qui aboutit à un résultat relativement immédiat.

Pour le docteur Jaime Zuckerman, un changement capillaire durant une période de transition fait office de "renaissance". D’après le psychologue clinicien, "nos cheveux sont très personnels. C’est l’un des rares aspects de notre corps qui nous permet d’exprimer extérieurement notre style, notre personnalité et notre identité", explique-t-il Harper’s Bazaar US.

C’est aussi un élément qui est sous notre contrôle direct, "quelque chose auquel nous avons un accès direct, quelque chose qui aboutit à un résultat relativement immédiat".

Le spécialiste précise qu’en période de crise, on cherche parfois des moyens extérieurs d’exercer son autonomie. Et l’avantage des cheveux est que l’on peut les manipuler très vite.

Véronique Kohn avance quant à elle que la coupe de cheveux est le symbole d’une volonté de tourner une page et d’avancer dans sa vie, comme si on faisait peau neuve. Toutefois, l’experte rappelle qu’il est important de réfléchir à l’endroit d’où l’envie part : "souvent, on se dit qu’on a été quitté car l'on n’est pas beau, donc on veut se plaire et plaire aux autres."  

Gabriella, 51 ans, a aussi vécu une nouvelle naissance après sa rupture. Après avoir entendu qu’elle ne ressemblait à rien lors de ses disputes avec son compagnon, elle l’a quitté après un an de relation. Résultat : elle est passée d’un carré long et blond à un carré plongeant et châtain foncé. "Je ne suis pas la même personne, j’ai gagné en assurance et en confiance, je suis plus avenante avec les gens, je ne suis plus ‘éteinte’", se réjouit-elle.

Elle avance aussi que ce changement était un moyen de montrer à celui qui a partagé sa vie durant douze mois que "sans lui, je pouvais être bien et me sentir belle".

Prendre soin de soi, un apprentissage post-rupture

Mais au-delà de son changement capillaire, Gabriella a aussi radicalement changé, car elle a perdu 35 kg. Après la fin d’une relation, le corps évolue aussi. Parfois sans grand contrôle, comme l’a expérimenté Sabrina en raison d’une dépression, mais parfois avec un objectif précis.

Dany a également vu son corps changer après sa rupture avec sa compagne. Une volonté de sa part. Il y a trois mois, celle qui partageait sa vie l’a quitté après treize ans de relation, dont six de mariage et un enfant. "Je n’ai jamais été très bien dans mon corps et j’ai toujours été un peu en surpoids", confie ce papa de 32 ans. "Mais je me suis vite dit que je devais reprendre confiance en moi et passer par un changement physique pour m’apprécier à nouveau dans un miroir."

13kg en moins plus tard, et une attention toute particulière portée aux vêtements qu’il porte, Dany estime que sa démarche l’aide "à reprendre confiance, car (il en a) besoin".

Il faut dire que la douleur lui est immense. "Je tombe de très haut, elle était pour moi la femme de ma vie", confie Dany. Lucide sur son parcours de guérison, il considère que ce changement physique voulu est comme une échappatoire. "Ça me permet de reprendre soin de moi et de me dire qu’un jour, peut-être, je plairai à quelqu’un si je me plais à moi-même", ajoute-t-il.

Un coup de pouce pour faire le deuil de la relation

Mais dans quelle mesure la démarche porte-t-elle ses fruits en ce qui concerne le deuil complexe d’une histoire terminée ?

Changer son apparence dans un tel contexte est positif dès lors que la démarche est utilisée comme ressource "pour renforcer le Moi", rappelle Véronique Kohn. Car la rupture est le deuil du projet de couple. "Dans cette idée-là, on ne fait plus du nous, on fait du Je. Il faut que l’on s’approprie le Je et qu’on lâche le Nous", ajoute la psychologue.

La fin d’une relation est aussi l’effondrement d’un éventuel futur passé ensemble. "Des gens ne s’inquiètent pas de ce à quoi ils ressembleront, tandis que d’autres ont perdu tous leurs repères et craignent le manque", continue notre experte. Et si changer physiquement est une façon de lutter contre la zone d’effondrement, cela ne suffit pas à gérer son deuil, car il faut travailler sur ses peurs liées au futur.

D’ailleurs, aujourd’hui, Sabrina va mieux, mais estime ne pas être totalement guérie. Si elle n’a pas croisé sans ancien compagnon, elle le voit l’observer sur les réseaux sociaux. En parallèle, elle consulte de temps en temps une psychologue et discute beaucoup de cette rupture à laquelle elle pense encore.

De son côté, Dany éprouve toujours des difficultés à accepter la fin de son histoire avec son ancienne compagne. "Pas encore satisfait" de son reflet dans le miroir, il poursuit ses entraînements sportifs.

Et, pour conclure, Gabriella explique que son ancien compagnon l’a recontactée plusieurs jours avant notre entrevue. "Il voulait que l’on se remette ensemble, mais j’ai refusé", affirme-t-elle. Avant d’ajouter : "J’avais fait de lui ma priorité, je ne prenais plus soin de moi, mais aujourd’hui tout a changé." Le chapitre est clos.

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