Patrick Poivre d'Arvor visé par une enquête préliminaire pour viols

patrick poivre d'arvor
La journaliste Florence Porcel accuse l'ancien animateur du JT de TF1 de l'avoir violée en 2004 et 2009, et a porté plainte en janvier. D'autres femmes témoignent de harcèlement sexuel, ou agressions, de la part du journaliste à la réputation de "dragueur lourd".

En filigrane, il est l'agresseur décrit dans son premier roman, Pandorini (JC Lattès), paru en janvier. La journaliste scientifique Florence Porcel a porté plainte contre Patrick Poivre d'Arvor (PPDA), pour viols aggravés, a-t-on appris ce jeudi 18 février par Le Parisien.

La jeune femme, âgée de 37 ans, accuse l'ancien présentateur du journal télévisé de TF1, âgé de 73 ans, de l'avoir violée en 2004 et 2009, dans un contexte d'emprise psychologique et d'abus de pouvoir. PPDA dénonce des accusations "fantaisistes" auprès du quotidien francilien, et a annoncé porté plainte pour "dénonciation calomnieuse". 

Une enquête préliminaire pour viols a été ouverte à son encontre par le parquet de Paris, confiée à la brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP) de la police judiciaire parisienne. 

Des appels vers 23 heures

En 2004, alors âgée de 19 ans et étudiante à la Sorbonne, Florence Porcel écrit une lettre à PPDA, dont elle admire les romans, et lui soumet des textes pour avoir son avis d'écrivain.

Dans les jours qui suivent, un numéro masqué l'appelle tous les soirs, vers 23 heures. Quand elle finit par décrocher, elle comprend qu'il s'agit de PPDA. Le journaliste finit par lui poser des questions inappropriées : "son absence de petit ami, sa virginité, la fréquence à laquelle elle se masturbe, les habits qu'elle porte", cite Le Parisien.

PPDA l'invite au siège de TF1, à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine) assister au journal télévisé. Une fois dans son bureau, il l'aurait violée, avec pénétration vaginale. "Est-ce que vous réalisez que vous êtes devenue une femme ?", lui aurait demandé PPDA. Florence Porcel était vierge. À cette époque, elle se remet d'une adolescence difficile, passée à combattre une tumeur au cerveau, et les séquelles d'un AVC. 

Vidéo du jour

Florence Porcel en 2018

Peur de ne pas être crue

Auprès du Parisien, Florence Porcel déclare n'avoir compris que des années après qu'elle avait subi un viol, à l'issue d'une psychothérapie et d'une discussion avec ses parents, en 2018. Elle dénonce l'emprise psychologique du présentateur, et cite un déni lié à son admiration pour lui. Des sentiments contradictoires, typiques de l'emprise, qui l'auraient amenée à accepter un autre rapport sexuel, consenti cette fois, dit-elle.

En 2009, Florence Porcel propose à PPDA de l'interviewer pour son mémoire de master. Cette fois, le journaliste, qui a quitté le journal télévisé pour des émissions littéraires, l'aurait violée en lui imposant une fellation non protégée, dans son bureau. 

À ce moment-là, la jeune femme renonce à porter plainte, de peur de ne pas être crue face à la notoriété de son agresseur présumé. 

Avec son roman, Pandorini, Florence Porcel a voulu raconter son histoire, à travers celle d'une jeune étudiante en théâtre, présentée comme "inexpérimentée", qui tombe sous la coupe d'un homme important du cinéma français. Le double littéraire de PPDA.

"On ne va pas se mentir : c’est mon histoire. Je l’ai transformée en fiction parce que je ne peux pas donner le nom de cette rencontre, pour des raisons évidentes. Mais il me semblait important de sortir du silence", a-t-elle écrit sur ses réseaux sociaux le 6 janvier.

Tout le monde sait quel genre d’homme il est. Et pas seulement dans le 'Tout-Paris', c’est aussi connu parfois du grand public très éloigné de la capitale.

"Que peut faire une anonyme contre une superstar appréciée de millions de personnes ? Qu’est-ce que ça implique de le voir partout, tout le temps, de savoir qui il est réellement et de ne rien pouvoir dire ?", demande-t-elle. "Le pire (mais c’est encore une fois tristement banal), c’est que tout le monde sait. Tout le monde sait quel genre d’homme il est. Et pas seulement dans le 'Tout-Paris', c’est aussi connu parfois du grand public très éloigné de la capitale. Et moi aussi, désormais, je sais", poursuit-elle.

Les "McDo de Patrick"

Toujours auprès du Parisien, d'autres femmes témoignent anonymement de conduites inappropriées, à caractère sexuel, voire, de harcèlement sexuel, ou d'agression sexuelle, de la part de PPDA, à la réputation de "gros dragueur, bien lourd". 

"Dès qu'une stagiaire arrivait, la première chose qu'on lui disait c'est 'Fais gaffe, ne monte jamais seule dans l'ascenseur avec PPDA'", affirme l'une d'elles.

Fais gaffe, ne monte jamais seule dans l'ascenseur avec PPDA

Des témoignages recueillis par Le Parisien affirment que PPDA avait pour habitude d'inviter dans son bureau des étudiantes en master, ou en thèse, mais aussi, de jeunes journalistes. Les deux assistantes de Patrick surnommaient ces jeunes femmes les "McDo de Patrick".

"Quand il m'a donné rendez-vous dans son bureau à TF1, j'y ai vu une opportunité professionnelle", explique Juliette, une journaliste âgée de 44 ans aujourd'hui. En 2005, alors âgée de 25 ans, elle avait rencontré PPDA lors d'une manifestation : "Je lui ai donné mon CV. Il l'a jeté à la poubelle sans même le regarder. Je me suis sentie humiliée. Je me suis levée pour partir et lui s'est levé pour essayer de m'embrasser. Je lui ai dit : 'Arrêtez Patrick, ça ne va pas !' Et ça s'est arrêté là. C'était tellement gênant, j'en étais toute tourneboulée." 

De son côté, TF1 assure qu'aucune plainte pour harcèlement contre l'ancien présentateur n'a jamais été officialisée auprès des ressources humaines. 

PPDA aurait uriné sur le canapé de Claire Chazal 

Enfin, des sources affirment que PPDA a uriné sur le canapé du bureau de sa collègue et ex-compagne Claire Chazal, avec laquelle il a eu un fils, lorsqu'il a appris sa liaison avec Xavier Couture. Ils étaient alors séparés. 

La romancière Agathe Borne, avec laquelle il a été en couple, avait quant à elle porté plainte pour harcèlement après leur rupture, à la fin des années 2000. En 2008, le journaliste avait été condamné à lui verser 33.000 euros pour avoir porté atteinte à ses droits d'auteur et à sa vie privée dans l'un de ses romans.

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