Pathologie insidieuse aux symptômes trop souvent identifiés tardivement, l'insuffisance cardiaque concerne pourtant près d'1,5 million de Français (un nombre qui augmente de 25% tous les 4 ans) et provoque 73 000 décès par an. Des statistiques probablement sous estimées, tant la pathologie est peu connue du grand public, et des acteurs de santé eux-mêmes. 

Qu’est-ce que l’insuffisance cardiaque ?

L’insuffisance cardiaque se définit par une incapacité pour le cœur à assurer un débit sanguin suffisant pour délivrer de l’oxygène aux organes à des niveaux de pression adaptés, à l'effort et/ou au repos. En résumé, le cœur, qu'il faut voir comme une pompe... n'arrive plus à pomper. 

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EPOF, les signes de l’insuffisance cardiaque qui doivent alerter 

L’apparition récente d’un ou plusieurs symptômes doit pousser à consulter un médecin qui, s’il suspecte une insuffisance cardiaque, pourra confirmer son diagnostic avec deux examens que sont l’échographie cardiaque et le dosage du BNP, une hormone dont le taux est élevé dans le sang en cas d’insuffisance cardiaque.

Parmi les signes à repérer, les principaux se regroupent sous l’acronyme EPOF :

E pour Essoufflement, que ce soit à l’effort et/ou allongé. L’impossibilité de monter plus de 2 étages sans s’arrêter et/ou la nécessité de dormir en position semi-assise doivent alerter.

P pour Prise de poids, surtout si elle est importante et se manifeste en quelques jours. Une prise de poids de plus de 3 kilos en quelques jours est suspecte.

O pour Oedèmes, notamment au niveau des jambes et des pieds qui sont anormalement gonflés.

F pour Fatigue, même lors d’un léger effort.

Des causes multiples

L’insuffisance cardiaque est généralement en lien avec une pathologie cardiaque (valvulopathie, infarctus du myocarde, hypertension artérielle, maladie coronarienne...), un diabète, un trouble du rythme cardiaque, des cardiomyopathies génétiques ou infiltratives, des myocardites d’origine infectieuse ou toxique, notamment à cause d’une consommation excessive d’alcool.

De même, avoir une mauvaise hygiène de vie (tabagisme, sédentarité) et un régime alimentaire déséquilibré (excès de sucre et de graisses, alcool) sont des conduites à risque qu’il vaut mieux éviter. Des recommandations qui valent d’ailleurs pour un bon nombre de pathologies.

L’âge, bien évidemment, est aussi un facteur de risque car plus il est avancé, plus il provoque un vieillissement "naturel" de la paroi cardiaque.

Vers une prise en charge globale de la maladie  

Tout l’enjeu est de ralentir la progression de la maladie afin d’éviter des complications graves (les hospitalisations ou cas extrême : une mort subite) et d’améliorer la qualité de vie des patients. 

Pour cela, une prise en charge pluridisciplinaire est nécessaire. Elle comprend les traitements médicamenteux bien sûr, avec la prescription de diurétiques, d’antihypertenseurs spécifiques et de bétabloquants, mais aussi la pratique d’une activité physique régulière en endurance, la réduction de consommation de sel - moins de 6 grammes par jour - et la surveillance de son poids. La pose d’un pacemaker et/ou d’un défibrillateur est parfois nécessaire. Dans les cas les plus graves, certains patients bénéficient de systèmes d’assistance cardiaque ou d’une greffe. 

Une éducation thérapeutique adaptée, dispensée notamment dans des centres de réadaptation cardiaque, est la clé pour pallier aux conséquences de la maladie. De leur côté, les médecins traitants et les pharmaciens, au plus proche des insuffisants cardiaques au quotidien, ont aussi un rôle important à jouer dans la prévention et l’évolution de la maladie.

À l'occasion de la journée mondiale du coeur (29 septembre 2021), le Groupe Insuffisance Cardiaque et Cardiomyopathies (GICC) a publié un livre blanc sur l'insuffisance cardiaque "pour une prise en charge de qualité de cette maladie pour tous et sur tout le territoire".

Ce plaidoyer dresse un état des lieux de la prise en charge des patients insuffisants cardiaques et des difficultés rencontrées dans leur parcours de soins. "Il propose des solutions pragmatiques basées sur l’information et la réorganisation de l’existant afin de permettre une prise en charge de qualité pour tous et sur tout le territoire", détaille un communiqué de la Société Française de Cardiologie. Ainsi, quatre principaux défis à relever ont été mis en évidence :

  • Lutter contre l’errance diagnostique.
  • Optimiser la prise en charge de nos patients avec la création d’une filière de soins identifiée et visible sur tout le territoire.
  • Développer une prise en charge coordonnée multidisciplinaire et multi-professionnelle.
  • Proposer une alternative à l’hospitalisation conventionnelle aiguë.

Merci au Dre Florence Beauvais, cardiologue et secrétaire du Groupe Insuffisance Cardiaque & Cardiomyopathie de Société Française de Cardiologie.