Le premier jour où ce kyste est apparu à l'entrée de son vagin, Debbie s'en souvient parfaitement. "C'était à l’été 2019. J'ai senti comme une petite boule molle au niveau de ma lèvre gauche", décrit-elle. Faute de gynécologue disponible à ce moment-là, la musicienne laisse passer.

Mais du jour au lendemain, les choses empirent. Un mois plus tard, Debbie se réveille et cette petite boule indolore s'est transformée en "une clémentine entre les jambes", illustre la jeune femme. Le kyste est tellement dur et douloureux, qu'elle marche en boitant : "chaque mouvement était une torture".

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Fiévreuse et terrifiée, elle se rend aux urgences. Après 5 heures d’attente - durant lesquelles elle ne peut pas s'asseoir -, on lui explique qu’elle souffre d’une bartholinite. "Sans trop m'expliquer ce que c’est, on me dit qu'une glande est infectée et que je vais être opérée tout de suite pour qu'on me la retire", relate Debbie. Elle ne le sait pas encore, mais elle est alors encore loin d'en être débarrassée.

Au départ, une inflammation des glandes de Bartholin

La bartholinite est une affection courante de la vulve qui touche les femmes entre leur puberté et la ménopause. Selon une étude parue en 2012 dans la revue Obstetrics & Gynecology, elle se développe chez environ 2 % de la population féminine.

Elle cause une inflammation se situant au niveau des glandes de Bartholin. Mesurant à peine un centimètre, elles sont situées en dessous du vagin et sont nécessaires à la lubrification lors des rapports sexuels. C'est lorsque le conduit permettant le drainage de ces glandes est obstrué, qu'un kyste rempli de mucus peut se former. 

Dans des cas plus rares, une infection sexuellement transmissible - à la gonorrhée ou la chlamydia - peut aussi être la coupable. Le port de vêtements trop serrés, certaines activités physiques, une transpiration excessive ou une épisiotomie mal cicatrisée peuvent aussi être des facteurs de risque, selon Qare.

Quant à Debbie, ce n’est que très récemment qu'elle a trouvé l'origine de sa bartholinite. En se renseignant sur des forums, elle découvre qu'un lien entre bartholinite et endométriose semble exister. "En mars 2023, j’ai moi-même été diagnostiquée, et la gynécologue a directement fait le lien. Elle m'a dit que les dérèglements hormonaux pouvaient favoriser l’obstruction du canal de cette glande", relate la jeune femme.  

Éviter une infection des kystes à tout prix

Tout petit au départ, non douloureux et malléable, un kyste non traité qui s'infecte peut se muer en un abcès. Et comme l’indique le manuel MSD, une infection à la bactérie Staphylococcus aureus résistante à la méthicilline (un antibiotique, ndlr) en est souvent la cause. Les symptômes vont alors des douleurs au repos et lors des rapports sexuels, au gonflement, en passant par les démangeaisons, les rougeurs ou la fièvre.

À son stade précoce, une bartholinite peut être prise en charge par un.e médecin généraliste, un.e gynécologue ou un.e sage-femme lors d'un examen clinique. Dans ce cas, un traitement antibiotique peut suffire à soigner l'infection. Mais lorsque les douleurs liées à l’infection sont trop intenses, un drainage ou une ablation du kyste est indispensable pour ne pas entraîner de septicémie

D’après le Collège Nationale des Gynécologues et Obstétriciens Français (CNGOF), entre 10 % et 15 % des femmes connaissent une récidive de leur kyste. C'est le cas de Debbie. Surprise, la trentenaire était pourtant persuadée qu'on lui avait retiré la glande de Bartholin la première fois, comme on le propose aux femmes en cas d’abcès. "On ne m’a rien expliqué", dénonce-t-elle. 

Alors quatre ans plus tard, la musicienne songe sérieusement à cette éventualité. Mais elle sait aussi ce qu'un tel acte implique. "La première fois, c'était trois semaines sans effort, et trois mois sans sport. Là, on coupe un morceau du corps. Ça fait peur", avoue-t-elle. 

En attendant, Debbie soigne sa bartholinite comme elle peut. Outre les antibiotiques, l'application d'un antiseptique local et un bain de siège, elle mise sur un traitement plus "naturel", à base de cataplasmes d’argile verte mélangée à du henné neutre et de l'huile essentielle de Tea tree : "Ça me prends 1 heure 30 à 2 heures par jour, mais je vois vraiment la différence".

@debbielabruja Ça s’appelle une Bartholinite, et c’est bien plus couranr que vous ne le pensez ! Ce n’est absolument pas « grave », on en meurt pas, mais l’impacte sur la santé mentale et le rapport au corps est beaucoup trop négligé… surtout bataillez si on minimise votre cas ! ???? #bartholinite ? son original - ?? Debbie Sparrow ??