S’il y a bien un examen qui angoisse les femmes à mesure que l’âge avance, c’est le frottis. Et pour cause : ce simple passage d’écouvillon sur la paroi du col de l’utérus peut mettre en lumière une infection, voire les prémices d’un cancer.

Pratiqué aussi bien par les gynécologues que les sages-femmes et les médecins généralistes, à l’hôpital ou dans les centres de planification, le frottis s’intègre en effet dans le dépistage du cancer du col de l’utérus. Il concerne toutes les femmes de 25 à 65 ans, et est remboursé à 100 %.

Ce cancer découlant d’une infection au papillomavirus humain (HPV) dans 95 % des cas, l’examen sert aussi à traquer des traces du virus. "On ne cherche le HPV qu’après 30 ans. Avant, on sait qu’elles sont une majorité de femmes à en être porteuses, alors c’est inutile", précise le Dr Joëlle Robion, gynécologue médicale.

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Dixième cancer féminin en France, selon la Haute Autorité de Santé (HAS), le cancer du col de l’utérus touche peu de femmes de moins de 30 ans. Son pic d'incidence se situe vers 40 ans, avec une moyenne de 51 ans.

Avant 25 ans : pas de frottis à prévoir

Aussi appelé frottis cervico-utérin, cet examen gynécologique est proposé aux femmes aux alentours de leurs 25 ans. "Faire un frottis avant d’atteindre cet âge, ça ne sert à rien", insiste le Dr Robion. D’abord, parce que l’infection au HPV, en plus d’être très fréquente chez les jeunes femmes, est le plus souvent passagère et bénigne. Selon l’Institut national du cancer (INCa), 90 % des infections détectées sont éliminées naturellement dans les deux ans.

D’autre part, parce que le dépistage chez les femmes jeunes permettra de détecter une majorité de lésions qui n’évolueront pas jusqu’au stade de cancer, explique la gynécologue. D’autant qu'il a besoin de 10 à 20 années pour progresser d’un stade précancéreux au stade de cancer invasif, détaille l’INCa.

Cela vaut pour toutes, en dépit de l’âge des premiers rapports sexuels, et même en cas de symptômes liés au HPV. "En cas de signes, on lui fera faire une colposcopie", indique la spécialiste. Cet examen qui consiste à regarder à travers le conduit vaginalpermet de repérer les lésions et de faire, si nécessaire, une ou des biopsies.

Une exception tout de même : "un démarrage anticipé du dépistage peut être discuté si des circonstances peuvent faire évoquer un risque majoré de cancer du col de l’utérus - partenaires multiples, infection sexuellement transmissible chronique, infection par le VIH", précise l’INCa.

Entre 25 et 29 ans : recherche de lésions précancéreuses

Comme indiqué en préambule, identifier le HPV chez les femmes jeunes n’est pas pertinent pour en déduire un cancer du col de l’utérus à venir. C’est pourquoi, entre 25 et 29 ans, les femmes sont invitées à réaliser un examen cytologique. 

"Cela consiste à brosser le col de l’utérus avec une petite brosse afin de prélever des cellules du col pour les analyser et dépister d’éventuelles lésions précancéreuses", explique le Dr Robion. D'une durée de cinq minutes, le frottis peut gêner, mais n’est pas douloureux, précise-t-elle.

Après le premier examen, le second doit être réalisé un an plus tard, puis tous les trois ans. L’Assurance maladie conseille de prévoir son rendez-vous au milieu du cycle - lorsque les règles sont terminées -, et de reporter en cas d’infection vaginale, d’IST ou de traitement local en cours. Par ailleurs, il est recommandé d’éviter les rapports sexuels dans les 24 à 48 heures avant le rendez-vous, afin d’éviter que les germes perturbent le test.

Entre 30 et 65 ans : traque du HPV

À partir de 30 ans, la procédure change légèrement. Trois ans après le dernier examen cytologique, c’est un test dit HPV-HR qu’il faut passer lors de son frottis. Jugé plus efficace après 30 ans, celui-ci est dédié à la recherche des virus HPV à haut risque pouvant entraîner "des anomalies cellulaires et des cancers du col de l’utérus", détaille l’Assurance maladie.

En cas de résultats normaux : bis repetita cinq ans plus tard, puis tous les cinq ans jusqu’à 65 ans. Au-delà, le dépistage n’est plus recommandé en raison de la forte diminution du risque de développer un cancer du col et d’une "balance bénéfice/risque du dépistage devenant défavorable", détaille l’INCa.

Si le résultat revient positif, un frottis dit "réflexe" sera demandé, informe la gynécologue. "Le prélèvement repartira en laboratoire pour être examiné plus en avant", souligne-t-elle. En revanche, des examens complémentaires seront mis en place pour confirmer ou infirmer le diagnostic de cancer, à savoir la colposcopie ou la biopsie.

"Vaccinée ou non, un dépistage régulier est nécessaire", insiste l’INCa, qui rappelle que la vaccination contre les HPV protège "de la plupart des virus responsables des cancers du col de l'utérus, mais pas contre tous". Selon une étude publiée en 2021 dans The Lancet, les taux de cancers du col de l'utérus chez les femmes vaccinées à l’adolescence sont de 87 % inférieurs à ceux d'une population non vaccinée à l’âge adulte.