Depuis que l’on sait qu’ils multiplient le risque de tumeur cérébrale, les traitements progestatifs sont sous le radar de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM). Après Androcur, Lutenyl et Lutéran, seraient maintenant concernés Colprone, Duphaston et Utrogestan, apprenait-on dans un rapport daté du 7 mars 2023.

Des données qui interrogent, lorsqu’on connaît l’étendue du périmètre d’action de ces hormones stéroïdiennes. Visant à se substituer à la progestérone - l’hormone naturellement sécrétée par les femmes -, les progestatifs forment une très grande famille, et sont utilisés dans beaucoup de situations cliniques très différentes.

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Contraception, endométriose et troubles du cycle

Pour comprendre à quoi peuvent bien servir les progestatifs, il faut bien saisir le rôle de la progestérone. Tout comme l’oestrogène, cette hormone féminine naturelle sert avant tout à préparer une éventuelle grossesse. Sécrétée en seconde moitié du cycle menstruel après l’ovulation, c’est elle qui modifie l’endomètre pour le rendre propice à la nidation.

Au sein d’une pilule œstroprogestative, elle a plusieurs missions. D’abord, elle permet d’épaissir la glaire cervicale afin d’empêcher les spermatozoïdes de progresser vers l'utérus. Elle bloque également la montée hormonale provoquant l’ovulation, et rend impossible l’implantation de l’embryon dans la muqueuse utérine.

Prise en continu, une pilule ne contenant que de la progestatifs de synthèse - désogestrel ou lévonorgestrel - va donc mettre fin aux règles et rétablir un cycle plus physiologique. Ce que recherchent tout particulièrement les femmes souffrant de menstruations abondantes, douloureuses ou de pilosité excessive. Elle est aussi prescrite aux femmes à risque cardiovasculaires, comme les fumeuses, pour qui la pilule classique est contre-indiquée.

Tout autant que la pilule œstroprogestative, la pilule microdosée au désogestrel est aussi un des traitements de référence de l’endométriose. Les progestatifs peuvent également inhiber "la stimulation œstrogénique" responsable de la formation des fibromes utérins, ajoute le manuel MSD.

De l’aide à la procréation à la ménopause

Les traitements progestatifs peuvent accompagner les femmes tout au long de leur vie. Et notamment lorsqu’elles ne parviennent pas à tomber enceinte. Par voie orale ou vaginale, la progestérone est, en effet, indiquée contre l’insuffisance lutéale, cause fréquente d’infertilité. Ce trouble de l'activité du corps jaune (glande endocrine qui se développe dans l'ovaire, de façon temporaire et cyclique après l'ovulation, et qui sécrète de la progestérone, NDLR) est responsable d'une production insuffisante de progestérone naturelle.

La supplémentation en progestérone est beaucoup utilisée dans les traitements de stimulation en PMA. Utilisés comme prétraitements sous forme d’injections, les progestatifs doivent provoquer l’arrêt de production des hormones afin d’améliorer la réponse aux traitements lors des cycles de fécondation in vitro (FIV), par exemple.

Et même lorsque le fonctionnement du cycle ovarien s’arrête, cette hormone de synthèse reste efficace. Dans un traitement hormonal substitutif (THS), en association avec l’estradiol, la progestérone est supposée calmer les symptômes de la ménopause précoce.

Progestatifs : des inconvénients à considérer

Dans le cadre d’une transition de genre - et précisément d’un Traitement Hormonal Substitutif Féminisant -, la progestérone est aussi convoitée pour sa capacité à abaisser les niveaux de testostérone, à faciliter le gonflement de la poitrine et à rendre possible une grossesse par FIV. Mais comme l’indique Wikitrans, les résultats contradictoires et aléatoires font de son utilisation une pratique largement débattue.

Et ce sont aussi ses effets secondaires qui rebutent. Car si elle n’est pas aussi contraignante que le sont les œstrogènes, les progestatifs de synthèse peut avoir des effets graves pour la santé. Outre les spottings et la sécheresse vaginale, les progestatifs de synthèse pourraient exposer à des douleurs aux seins (mastodynie), à de l’acné ou à une chute de libido,

Dérivé de la progestérone, Androcur est prescrit aux femmes pour traiter l’hirsutisme et aux hommes, en prévention du cancer de la prostate. Il est associé à des risques de dépression, d’atteinte hépatique ou d’accident thromboembolique. Pour obtenir ce médicament, une attestation d'information sur le risque de méningiome - tumeur des méninges -, doit être signée par les patient.es avant prescription, indique Vidal.