On ne cesse de le répéter. Que cela concerne l’enveloppe extérieure ou le système interne : tous les corps sont différents. Et d’une femme à une autre, même la position de l’utérus peut varier.
Qu'est-ce qu'un utérus rétroversé
"Chez une majorité des femmes, il est antéversé, c'est-à-dire qu’il bascule vers l’avant en direction de la vessie", explique le Dr Odile Bagot, gynécologue obstétricienne.
Mais lorsque l’utérus est basculé vers l’arrière du corps, on dit alors qu’il est retroversé. "En général, les femmes naissent avec cette particularité anatomique", précise le Dr Laure Einaudi, elle aussi gynécologue obstétricienne.
Congénital, l’utérus rétroversé n’a rien d’une malformation pour autant. Et s’il est toujours préférable de savoir qu’on en possède un, il ne doit pas inquiéter outre mesure, martèlent les gynécologues. En France, 1 femme sur 4 serait concernée.
Les conséquences d'un utérus rétroversé
Niveau anatomie, l’utérus rétroversé n’a rien d’anormal. Qu’il s'agisse de son col, de sa paroi ou de ses différents orifices : tout est en place. Sauf qu’à l’inverse d’un utérus antéversé, l’ensemble est renversé vers le rectum. S’il forme un coude vers l’arrière, on dit aussi qu’il est rétrofléchi.
Non pathologique, cette particularité utérine est généralement ignorée par les femmes concernées, et diagnostiquée lors d’un examen gynécologique de routine. En revanche, elle est rapidement soupçonnée par les gynécologues chez celles qui souffrent lors de rapports sexuels avec pénétration profonde. "Les femmes savent précisément quelles positions sont douloureuses. L'utérus rétroversé est alors rapidement suspecté", explique le Dr Einaudi.
Pouvant véritablement pénaliser le plaisir et le confort pendant l’acte, l’utérus rétroversé peut aussi se rendre responsable de douleurs pelviennes ou dans le bas du dos pendant, ou avant les règles. Lors de la grossesse, "il peut faire un coude au niveau de l’urètre et provoquer des rétentions aiguës d’urine", ajoute le Dr Bagot, précisant que l’utérus retrouve sa verticalité à la fin du troisième mois de grossesse.
À noter que l’utérus rétroversé n’est pas supposé empêcher l’utilisation de tampons ou la pose d’un stérilet. "Cela peut être un peu plus compliqué pour le ou la gynécologue, mais cela ne constitue pas un frein pour autant", rassure le Dr Einaudi.
Vivre avec un utérus rétroversé
On ne peut pas vraiment faire grand chose en cas d'utérus rétroversé. L'indication opératoire n'est envisagée qu'en cas de très fortes douleurs, ce qui arrive rarement. Selon le Dr Einaudi, il faut absolument "dédramatiser le sujet".
Pour le Dr Bagot, savoir que son utérus est rétroversé peut aider à plusieurs égards. D’abord, "savoir pourquoi on a mal peut aider à atténuer les douleurs. Ensuite, si l’on découvre que son utérus est très rétroversé et immobile, cela peut mettre sur la piste d’une endométriose", explique-t-elle.
Aussi, la méconnaissance de la position de son utérus peut réduire les chances de concevoir. "Si on essaye d’être enceinte, le sperme peut se déposer derrière le col. Alors je conseille aux femmes concernées de se mettre sur le ventre à la fin du rapport pour augmenter leurs chances de grossesse", détaille la gynécologue.
En cas de dyspareunies (douleurs pendant les rapports sexuels, ndlr) des positions permettant d'éviter une pénétration trop profonde sont à privilégier. Et pour rappel : la pénétration n’est en rien un passage obligé lors du rapport sexuel.