Parmi les examens essentiels lors de vos rendez-vous de contrôle, votre gynécologue est amené à réaliser un test HPV-HR (pour papillomavirus humains) après un prélèvement cervico-utérin (frottis).

Le but est de rechercher la présence de ces virus sexuellement transmissibles, dont la persistance est responsable des cancers du col de l’utérus. Votre test est positif ? Il n'y a pas forcément besoin de s'en inquiéter. Et voici pourquoi. 

Pourquoi réalise-t-on des tests HPV ?

Les papillomavirus génitaux se classent en deux catégories :

  • Les HPV dits "à bas risque", responsables de verrues génitales (condylomes).

  • Les HPV dits "à haut risque", susceptibles, en cas de persistance, de provoquer des lésions précancéreuses au niveau du col de l’utérus.
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Attention à la sémantique toutefois, met en garde le Dr Joseph Monsonego, président de la commission col-HPV du Collège National des Gynécologues Obstétriciens de France (CNGOF) : "Être porteur d’un papillomavirus à haut risque ne signifie pas avoir une épée de Damoclès au-dessus de la tête. Ce terme de 'risque' s’appuie sur des données épidémiologiques qui montrent que si l’un de ces virus persiste pendant plusieurs années, il existe un risque accru de développer un pré-cancer. Ce dernier, s’il n’est pas dépisté a un risque d’évoluer en cancer après plusieurs années."

Comme tous les cancers du col de l’utérus sont provoqués par la présence persistante de ces papillomavirus, leur détection est donc un formidable outil préventif. "Les infections à HPV sont très fréquentes, principalement au début de la vie sexuelle. Dans 90 % des cas, elles régressent naturellement dans un délai de 24-48 mois", poursuit le gynécologue-obstétricien.

Le dépistage par test HPV est recommandé de 25 à 65 ans, dans le but de détecter et de traiter d’éventuelles lésions précancéreuses à un stade donc très précoce. Et éviter ainsi le développement d’un cancer invasif du col utérin. 

Si le test est négatif, le prochain dépistage pourra être effectué 5 ans plus tard (3 ans pour les femmes entre 25 et 29 ans). "Il faut plusieurs années pour qu’un papillomavirus engendre des anomalies cellulaires. Même si une infection à HPV est contractée entre temps, la probabilité de développer un pré-cancer dans ces cinq ans est proche de zéro", rassure Dr Monsonego.

Et si le test HPV est positif ?

Dans l’éventualité où un HPV à haut risque est détecté, le laboratoire procède à un "triage", c’est-à-dire à une analyse cytologique. Sur l’échantillon de cellules prélevées au moment du frottis, on recherche d’éventuelles altérations. En cas d’anomalie, un nouvel examen est prescrit : la colposcopie. Elle consiste en l’application d’un révélateur sur le col de l’utérus, destinée à visualiser des lésions. Le gynécologue peut ainsi voir leur étendue, les biopsier, les retirer ou décider de suivre leur évolution.

Si le triage cytologique s’est avéré normal, un nouveau test HPV est réalisé un an plus tard. En cas de test HPV négatif, le suivi peut s’espacer à cinq ans. Dans l’éventualité d’un nouveau test positif, une colposcopie est recommandée sans passer par la case examen cytologique.

Pas d’affolement pour autant, deux tests HPV positifs à un an d’intervalle ne traduisent pas forcément la présence d’un virus persistant. "Les tests classiques ne recherchent pas le génotype du virus présent. Il peut très bien s’agir de deux virus différents : le premier aurait bien été éliminé et la patiente en aurait attrapé un autre entre temps", développe le Dr Monsonego.

À ce stade, même en cas de papillomavirus persistant, la détection précoce permet la prise en charge d’éventuelles lésions à un stade bénin. D’où l’importance d’un dépistage régulier.

Comment sont retirées les lésions précancéreuses ?

Lorsque des lésions précancéreuses sont détectées, la décision de les enlever peut être prise. L'objectif étant d'empêcher que les lésions évoluent vers un cancer. Le traitement dépend du type de lésions : 

Les lésions malphigiennes 

"Pour les lésions de bas grade (CIN1), plusieurs options existent selon les situations, explique l'Institut national du cancer (INCa). On peut les surveiller, les détruire (par vaporisation laser ou par cryothérapie) ou les enlever (exérèse au laser ou à l’anse diathermique le plus souvent)."

Les lésions de haut grade (CIN2 et CIN3) sont systématiquement traitées par conisation. "Sous certaines conditions (lésions de petite taille notamment), la destruction par vaporisation laser ou par cryothérapie peut parfois être proposée pour éviter une conisation", ajoute l'INCa.

Les lésions glandulaires

L'hystérectomie (intervention chirurgicale visant à retirer l'utérus, ndlr) est proposée aux femmes qui ne souhaitent pas ou plus d'enfant. Si la patiente prévoit une grossesse, une conisation peut être envisagée, mais elle doit être informée du risque de rechute et accepter un suivi régulier et rapproché. 

Quels sont les risques de transmission ?

Qu’un papillomavirus soit présent depuis 1 mois, 1 an ou 10 ans, le risque de le transmettre à son partenaire lors de relations sexuelles reste le même. "Si vous avez un partenaire stable, il est fort probable que vous ayez déjà tous les deux été en contact avec le même virus et donc il n’y a pas de risque de lui transmettre une nouvelle infection", précise le gynécologue-obstétricien.

En cas de relations avec un nouveau partenaire, l’utilisation d’un préservatif s’impose afin d’éviter la transmission. Rien de nouveau, cela vaut pour toutes les infections sexuellement transmissibles.

Pour les femmes enceintes, la transmission du virus au bébé est possible. Cependant : "Il n’existe aucune évidence qu’il soit dangereux pour l’enfant, donc aucun traitement n’est recommandé à la maman pendant la grossesse", explique Dr Monsonego. Aucun suivi particulier pour le nouveau-né non plus.

La situation est différente en cas d’infection par des HPV de bas grade, responsables de condylomes acuminés. Ces verrues, si elles sont nombreuses, représentent un risque pour le nourrisson de développer une maladie sérieuse appelée "papillomatose laryngée du nouveau-né". La prévalence est de 1 cas sur 1 500 femmes enceintes présentant des condylomes acuminés. Un traitement de ces verrues génitales est donc utile pendant la grossesse.