Allergies saisonnières : "les médecins allergologues nous font remonter des symptômes de plus en plus forts"

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Floraison des arbres précoce, symptômes sévères... Les allergies saisonnières s'aggravent d'année en année à cause du réchauffement climatique. Doit-on s'inquiéter ? Le point avec Samuel Monnier, ingénieur au Réseau National de Surveillance Aérobiologique (RNSA).

Du Nord à l’Hérault, en passant par les Côtes-d'Armor ou le Bas-Rhin : les pollens sévissent toujours en France, rendant la vie des allergiques toujours plus dure. Et avec le changement climatique, l’impression qu'ils gagnent du terrain, en plus de frapper de plus en plus tôt et de plus en plus fort, n’est pas voué à s’éteindre, prévient Samuel Monnier, ingénieur au Réseau National de Surveillance Aérobiologique (RNSA).

Marie Claire : l’alerte rouge pollen a été lancée au début du mois. Certains allergiques ont l’impression d’en subir les symptômes plus tôt que d’habitude...

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Samuel Monnier : "Concernant les pollens de bouleau, qui ont un potentiel allergisant très fort, cela n’arrive pas plus tôt que d’habitude. C’est tout à fait normal d’avoir du bouleau qui fleurit en avril, notamment dans le Nord Est. Les platanes et les chênes sont aussi concernés par le pic actuel, avec un risque moyen sur une grande partie du pays.

En revanche, ce qui est moins normal, c’est la floraison précoce du noisetier dans le Grand Est. Les pollens de noisetier sont arrivés fin décembre, alors qu'ils sont supposés fleurir en février. Quant aux graminées, aux plantains et à l’oseille - que l’on trouve le long des routes dans les champs - ils vont monter en puissance d’ici mai-juin."

Doit-on s’attendre à ce que cette perturbation du calendrier de pollinisation s’aggrave avec le réchauffement climatique ?

"Oui, c’est lié. Il y a encore dix ou vingt ans, on ne voyait jamais de noisetier en fleurs aussi tôt. Cette année, il a fait particulièrement doux fin décembre et les températures élevées ont favorisé sa floraison précoce. Il y a globalement des espèces qui fleurissent de plus en plus tôt et qui émettent plus de pollens.

En collaboration avec l’Observatoire national des effets du réchauffement climatique (ONERC), nous avons publié une courbe montrant que l’augmentation des quantités de pollens va au même rythme que l’augmentation des températures. Concernant le bouleau, on a observé une hausse de 20 % des quantités de pollens émises en 30 ans. Avec les prévisions à venir pour la fin du siècle, ce n'est pas prêt de s’arranger."

Doit-on aussi s’attendre à des allergies de plus en plus virulentes ?

"Tout à fait, les médecins allergologues nous font remonter des symptômes de plus en plus forts. On constate aussi de plus en plus de crises d’asthme en lien avec le pollen. Avant, les gens éternuaient ou avaient les yeux irrités. Maintenant, ils sont de plus en plus à avoir du mal à respirer.

Si les symptômes persistent ou sont trop forts, il faut consulter un médecin qui mettra en place le bon traitement. Cela permet de mieux vivre son allergie. Sinon, on conseille de se rincer les cheveux le soir, car le pollen s’y colle et on le respire toute la nuit. Il faut aussi aérer son logement tôt le matin ou tard le soir, lorsque le pollen est moins présent dans l’air. On peut aussi faire sécher son linge à l’intérieur, fermer les fenêtres en voiture, éviter de faire du sport dans un parc et porter lunettes de soleil, chapeau et masque dehors.

Les allergiques peuvent aussi consulter l’évolution des risques sur notre site, pollens.fr, où l’on met régulièrement à jour des bulletins, des cartes et des alertes."

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