Quatre millions de personnes font de l’asthme en France, soit "plus de 8% des adultes et près de 15% des enfants", constate le Pr Nicolas Roche, président de la Société de Pneumologie de Langue Française (SPLF). Les femmes sont particulièrement concernées. Si elles sont moins touchées par l’asthme avant l’adolescence, elles le deviennent davantage à partir de la puberté car les bronches sont sensibles aux variations hormonales.

"Une aggravation de l’asthme est constatée chez plus de 30% des femmes asthmatiques en période prémenstruelle et menstruelle", observe le Dr Anne Prudhomme, pneumologue au centre hospitalier de Bigorre, à Tarbes. La ménopause est aussi une période à risque. Des femmes jusque là indemnes peuvent subitement développer une maladie asthmatique lorsque leurs ovaires cessent leur activité.

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La capacité respiratoire en danger

L’asthme est d’origine allergique dans 50% des cas chez l’adulte et 80% chez l’enfant. Sa fréquence a doublé au cours des vingt dernières années en raison de l’urbanisation et de la pollution de l’air avec l'émission de fumées des usines et les particules émises par les moteurs diesel. À la maison ou au bureau, les composés organiques volatils (COV) qui s’échappent des meubles en bois aggloméré et les solvants ménagers peuvent aussi générer une inflammation des bronches. On parle alors de pollution intérieure

Certaines affections virales, comme la bronchiolite, peuvent également provoquer de l’asthme. Les émotions fortes, l’air très sec ou une activité physique intense sont des facteurs déclenchant chez les personnes sensibles.

Quand la muqueuse des bronches entre en inflammation, elle gonfle et sécrète beaucoup de mucosités. Résultats : les bronches s’obstruent, ce qui rend le passage de l’air difficile. Si le phénomène est trop fréquent, les muqueuses cicatrisent en rétrécissant peu à peu le diamètre des bronches, d’où une perte progressive de la capacité respiratoire.

Comment éviter les crises d'asthme ?

Pendant longtemps, les traitements se limitaient à contrôler les crises, mais il existe aujourd’hui des médicaments capables de les éviter. Ces traitements de fond (anti-inflammatoires, associés ou non à des bronchodilatateurs de longue durée) donnent en théorie d’excellents résultats chez 95% des asthmatiques, mais beaucoup de malades ne suivent pas correctement leur prescription.

Il est aussi important de se tenir à l’écart des substances irritantes, comme la fumée de cigarette ou les parfums d’ambiance. Si l’asthme est d’origine allergique, évincer l’allergène incriminé (poils de chat, pollens, poussière…) est également un bon moyen de protection.

Seulement 11% des Français pensent que l’asthme peut avoir des conséquences graves, alors que cette maladie est responsable de 383 000 décès par an dans le monde, dont près de 1000 en France

Pour améliorer le quotidien des patients et les aider à suivre leur traitement au long cours, des "Écoles de l’asthme" et des centres d’éducation thérapeutique, en ville ou à l’hôpital, ont été créés. Trois à quatre séances suffisent pour parvenir à contrôler sa maladie. Pour trouver une structure près de chez vous, consulter www.asthme-allergies.org. L’Association Asthme & Allergies a aussi développé un MOOC gratuit en partenariat avec le Conservatoire National des Arts et Métiers (CNAM) pour apprendre à bien gérer sa maladie. Pour y accéder, inscrivez-vous sur www.fun-mooc.fr, rubrique "Formation Asthme de l’adulte".

Une gravité souvent ignorée

Seulement 11% des Français pensent que l’asthme peut avoir des conséquences graves, selon un sondage IFOP réalisé en mars 2019 pour l’association Asthme & Allergies. La réalité est fort différente dans la mesure où cette maladie est responsable de 383 000 décès par an dans le monde, dont près de 1000 en France.

Le diagnostic est souvent trop tardif - 7 ans en moyenne après l’apparition des premiers symptômes -, ce qui laisse le temps à la maladie d’évoluer.

Que faire en cas de crise d'asthme ?

Si crise est faible ou modérée, elle se soulage à l’aide d’un bronchodilatateur d’action rapide : prendre 2 bouffées au départ, puis jusqu’à 10 bouffées toutes les 20 minutes si la crise persiste. Si aucune amélioration n’est perceptible dans l’heure, un corticoïde par voie orale (prescrit au préalable par le médecin) devient nécessaire.

Il ne faut jamais banaliser une crise d’asthme car le pronostic vital peut être engagé.

En cas de crise aigue ou indomptable, il faut appeler le 15 sans tarder. Les signes qui doivent alerter : une respiration rapide et courte inhabituelle, l’espace entre les côtes et au-dessus des clavicules qui se creuse, ainsi que des lèvres et des ongles qui bleuissent.

Il ne faut jamais banaliser une crise d’asthme car le pronostic vital peut être engagé. "Mieux vaut mieux aller aux Urgences pour rien plutôt que de laisser les choses s’aggraver, indique le Pr Nicolas Roche. Mais il faut surtout éviter de devoir y revenir". Avec une prise en charge adaptée et une bonne observance des traitements, un asthmatique peut vivre normalement aujourd’hui.