Le constat est alarmant : 46 millions de boites de somnifères ont été vendues en France en 2015, selon le dernier rapport de l'ANSM (Agence nationale de sécurité des médicaments), rendu public en 2017.

Pire : nombre d’utilisateurs réguliers font des mélanges douteux. Plus de 22% avalent deux psychotropes simultanément, un pour dormir et l’autre pour soulager leur anxiété par exemple. Et 0,7% en ingurgitent même parfois trois, d’après ce même rapport de l’ANSM.

Un médicament pas si anodin

Une gabegie à l’origine d’effets secondaires parfois graves : chute, baisse de tension, dépendance

Il a en outre été récemment démontré que les benzodiazépines – famille de médicaments à laquelle appartient la majorité des anxiolytiques et somnifères chimiques – "dégradent la mémoire et augmentent le risque de dégénérescence cérébrale", explique le Pr Bernard Bégaud, pharmaco-épidémiologiste à l’université de Bordeaux. Mieux vaut donc échapper à cette spirale infernale.

Le bon timing pour arrêter 

Il est certes difficile de se sevrer d’un seul coup car la dépendance est non seulement physique mais aussi psychologique. La volonté seule ne suffit pas.

De plus, en raison du phénomène d’accoutumance, un arrêt brutal peut déclencher des effets rebonds, c’est-à-dire la réapparition ou l’aggravation des troubles du sommeil. C’est pourquoi beaucoup d’accros aux somnifères replongent après une tentative de sevrage mal engagée.

La meilleure solution ? Choisir le moment adéquat et réduire la médication de manière très progressive. On ne se lance pas dans un processus de désintoxication en période de stress aigu (annonce de licenciement, divorce, décès d’un proche…). Le mieux est de déterminer avec son médecin traitant la date la plus favorable.

Un sevrage par paliers

Pour en finir avec la dépendance aux somnifères, l’idéal est de réduire les doses très progressivement. "De un comprimé par jour, on passe à 3/4 de comprimé, puis quand tout va bien à ½, puis à ¼, puis à 1/8ème… Ensuite, on espace les prises : un jour sur deux, puis un jour sur trois, et ainsi de suite jusqu’à l’arrêt total", conseille le Dr Loïc Etienne, médecin urgentiste.

Chaque palier peut nécessiter une à deux semaines, un mois, voire plus selon l’intensité de l’addiction.

Les techniques de relaxation à la rescousse

Se sentir un peu nerveux ou mal dormir en phase de désintoxication est normal. Le corps doit s’habituer à fonctionner sans béquille chimique.

Durant cette période délicate, il peut être utile de se faire accompagner. "Les techniques de relaxation (sophrologie, yoga, auto-hypnose…) et les thérapies cognitives et comportementales (TCC) constituent des aides précieuses pour apprendre à gérer son anxiété et à s’endormir sans somnifère", estime le Dr François Duforez, du Centre du sommeil de l’Hôtel-Dieu.

N’hésitez donc pas à vous faire aider.