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Législatives 2024 : six questions sur le second tour de dimanche

Après le succès inédit du RN au premier tour, les désistements de candidats pour faire barrage à l'extrême droite rebattent les cartes du deuxième tour, ce 7 juillet. La composition de la future Assemblée nationale et la constitution d'un nouveau gouvernement s'annoncent incertaines.

Les électeurs de 501 circonscriptions sur les 577 que compte la France sont appelés à voter pour le deuxième tour des législatives ce dimanche 7 juillet.
Les électeurs de 501 circonscriptions sur les 577 que compte la France sont appelés à voter pour le deuxième tour des législatives ce dimanche 7 juillet. (Syspeo/SIPA)

Par Julien Boitel

Publié le 3 juil. 2024 à 14:24Mis à jour le 3 juil. 2024 à 19:51

Jamais le Rassemblement national n'a été aussi proche du pouvoir. Le premier tour des élections législatives anticipées organisées à la suite de la dissolution surprise de l'Assemblée nationale par Emmanuel Macron a été largement dominé par le parti d'extrême droite et ses alliés LR, qui ont réalisé un score historique de 33 % avec 10,6 millions de voix.

Dès l'annonce des résultats, le Nouveau Front Populaire, arrivé deuxième avec 28 %, et les chefs de file de la majorité présidentielle, troisième avec 22 %, ont appelé leurs candidats à se retirer en cas de triangulaire et là où le parti lepéniste était en mesure de l'emporter. Ce front républicain entretient le suspense avant le deuxième tour.

. Combien de députés restent-ils à élire ?

Il y avait plus de 4.000 candidats avant le premier tour. Ils seront encore un peu plus de 1.100 dimanche. Au terme du premier tour, 76 députés sur 577 ont été élus. Ils n'étaient que cinq à ce stade en 2022. Il reste donc 501 députés à élire ce dimanche 7 juillet.

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Sur les 76 députés élus, 39 sont soutenus par le RN et ses alliés, qui sont arrivés en tête dans plus d'une circonscription sur deux, et 31 par le Nouveau Front populaire. Les autres parlementaires ayant obtenu un siège dans l'Hémicycle proviennent d'Ensemble (2), du centre (2) et de LR (1).

. Combien de candidats se sont retirés ?

Les candidats qualifiés avaient jusqu'à mardi, 18 heures, pour confirmer ou non leur candidature pour le second tour. Les appels des oppositions et du camp présidentiel aux retraits des qualifiés arrivés troisièmes pour empêcher que l'extrême droite obtienne la majorité absolue ont été suivis par 221 candidats , selon un décompte des « Echos ».

Sur ces désistements répertoriés, 131 des 308 candidats de gauche qualifiés et 82 candidats sur 250 du camp Macron se sont pliés au mot d'ordre de leur partie. Auxquels s'ajoutent quatre candidats de droite et trois d'extrême droite.

. Combien de triangulaires et quadrangulaires ?

A l'issue du premier tour, 306 triangulaires et cinq quadrangulaires étaient possibles, elles ont été fortement réduites avec les désistements. Au total, moins de 100 triangulaires subsistent au second tour, pour un peu plus de 400 duels. Il n'y avait eu que 8 triangulaires en 2022. Une seule quadrangulaire a résisté à cette vague de désistements en Vendée, où les candidats Renaissance et NFP, pourtant arrivés troisièmes et quatrièmes derrière la députée divers-droite sortante et le candidat RN, ont refusé de se retirer.

Dans de nombreuses circonscriptions, les électeurs auront donc à choisir entre un candidat RN et un représentant soit du NFP, soit de la majorité sortante, soit un candidat Les Républicains, qui a refusé l'alliance constituée avec le RN par le président du parti, Eric Ciotti.

. Les électeurs vont-ils suivre le front républicain ?

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Après les désistements, l'élément clé du second tour sera celui des reports de voix. La proportion d'électeurs suivant les consignes de barrage à l'extrême droite est de moins en moins forte à chaque élection . « Cela ne fait pas plaisir évidemment à beaucoup de Français de devoir faire barrage au Front national en utilisant un autre bulletin qu'ils n'auraient pas voulu. […] Je considère que c'est notre responsabilité que de le faire », a plaidé Gabriel Attal sur France Inter.

Edouard Philippe a indiqué sur TF1 qu'il voterait « pour un candidat communiste ». Parce que « je préfère un élu avec qui je travaille dans l'intérêt du Havre, même avec des différences, et qui me paraît relever d'une exigence démocratique que je partage », a-t-il expliqué. Le président du RN Jordan Bardella appelle de son côté les Républicains « au courage et à l'intérêt national », se disant prêt à élargir sa majorité.

. Quels sont les points chauds ?

Ils sont nombreux. Plusieurs ministres sortants sont en difficulté, à l'image de Stanislas Guérini distancé de dix points face à une écologiste à Paris ou d'Agnès Pannier-Runacher en danger dans le Pas-de-Calais face à un candidat RN en tête au premier tour avec plus de 15 points d'avance.

Dans la Somme, François Ruffin a sept points de retard à combler face à une candidate RN qui a obtenu plus de 40 % des suffrages au premier tour mais l'électron libre LFI continue de croire au « miracle ». Le chef de file Les Républicains Olivier Marleix n'a lui récolté que 25,93 % des voix au premier tour et se retrouve en grande difficulté face à Olivier Dubois, candidat RN, largement devant avec plus de 38 % des voix.

. Que va-t-il se passer après le vote ?

C'est la grande inconnue. Pour obtenir une majorité absolue, une formation politique doit obtenir 289 sièges. Si Jordan Bardella a déjà fait savoir qu'il refuserait le poste de Premier ministre faute de majorité absolue, Marine Le Pen a expliqué que si le RN s'approchait de cette barre de 289 députés, avec « par exemple 270 » élus, son parti chercherait à attirer « des députés par exemple divers droite, divers gauche, LR » pour tenter de réunir les conditions d'un gouvernement .

Si au contraire le RN ne pouvait gouverner, les macronistes, une partie de la gauche sans LFI et certains LR pourraient essayer de former une « grande coalition », courante dans les pays européens mais étrangère aux traditions politiques françaises récentes. Mais ce scénario est encore loin de faire l'unanimité, d'autant plus que l'absence de LFI empêcherait d'avoir une majorité absolue. Face à une situation de blocage, un gouvernement provisoire, avec des techniciens, pourrait expédier les affaires courantes.

Toujours est-il qu'au-delà de ces scénarios envisagés, la Constitution prévoit que l'Assemblée nationale nouvellement élue doit se réunir le deuxième jeudi qui suit son élection, c'est-à-dire le 18 juillet. Cette première séance s'ouvrira à 15 heures, avec l'élection du président de l'Assemblée nationale. Les différents groupes politiques devront, quant à eux, remettre leur déclaration politique, ainsi que le nom de leurs membres et le nom de leur président avant 18 heures ce même jour. Le lendemain, les députés devront procéder à la désignation des vice-présidents, des questeurs et secrétaires, puis à leur répartition au sein des commissions permanentes. Une session parlementaire de quinze jours est ensuite programmée.

Julien Boitel

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