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Décryptage

Législatives 2024 - Nominations, décrets : regain de tension entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron

La chef de file du RN a accusé ce mardi le chef de l'Etat de vouloir faire un « coup d'Etat administratif » en procédant à de nombreuses nominations en Conseil des ministres avant le second tour. L'Elysée a démenti et l'a appelée « au sang-froid et à la mesure ». Plusieurs décrets restent en suspens, notamment sur la loi immigration.

Emmanuel Macron est accusé de vouloir faire un « coup d'Etat administratif » par Marine Le Pen.
Emmanuel Macron est accusé de vouloir faire un « coup d'Etat administratif » par Marine Le Pen. (Christophe Ena/POOL/AFP)

Par Grégoire POUSSIELGUE

Publié le 2 juil. 2024 à 17:59Mis à jour le 2 juil. 2024 à 19:07

Les élections législatives enflamment le discours politique. La semaine dernière, à quelques jours du premier tour, Emmanuel Macron avait agité le spectre d'une « guerre civile » en cas de victoire de Rassemblement national. Ce mardi, sur France Inter, Marine Le Pen a, elle, accusé le chef de l'Etat de vouloir mener un « coup d'Etat administratif » dans la perspective d'une victoire du RN dimanche prochain.

La cause du courroux de la députée du Pas-de-Calais ? La perspective de voir tout un train de nominations décidé mercredi en Conseil des ministres avec, notamment, le remplacement du directeur général de la police nationale (DGPN), actuellement Frédéric Veaux, du directeur général de la gendarmerie nationale (DGGN) et de plusieurs préfets.

« Propos délirants »

« Quand je lis qu'il existe des rumeurs comme quoi le président de la République envisagerait demain, c'est-à-dire à quatre jours du second tour, de nommer le DGPN alors qu'il devait rester jusqu'à la fin des Jeux Olympiques, le DGGN et des dizaines de préfets, et toute une série de gens dont l'objectif serait d'empêcher Jordan Bardella de gouverner le pays comme il le souhaite, je me dis que c'est une forme de coup d'Etat administratif », a-t-elle dénoncé.

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Son nouvel allié, le toujours président des Républicains Eric Ciotti, a renchéri en évoquant une « panique générale » destinée à « recaser des proches ».

Marine Le Pen a attentivement lu le compte rendu du Conseil des ministres de la semaine dernière. Elle y a découvert que, à quatre jours du premier tour, Emmanuel Macron a procédé à un nombre de nominations bien supérieur à celui habituellement constaté. Une trentaine, notamment, comme le veut la période, des généraux et des recteurs d'académie, contre une vingtaine la semaine précédente et une petite dizaine en temps normal.

Les déclarations de Marine Le Pen n'ont pas manqué de faire réagir. « Ces propos sont délirants. Elle oublie que le président de la République a un pouvoir de nomination », rappelle un conseiller de l'exécutif. L'Elysée a également fait une mise au point. « Il y a depuis soixante-six ans chaque semaine des nominations et des mouvements, notamment l'été, indépendamment des moments politiques traversés par nos institutions, et il n'est aucunement prévu qu'une de ces dispositions puisse changer dans les prochains mois », a indiqué le Palais dans un message adressé à la presse, en précisant qu'«  être en responsabilité suppose du sang froid et de la mesure ».

Aucune vague massive de nominations

En déplacement à Chartres pour soutenir le ministre candidat Guillaume Kasbarian, Gabriel Attal a renvoyé la balle à Marine Le Pen. « Elle fait des grands gestes, des grandes paroles pour essayer de masquer la panique qui est la sienne », a-t-il dit. Aux « Echos », l'Elysée précise qu'aucune vague massive de nominations n'est prévue pour le Conseil des ministres de mercredi. Mais le scénario a bien été dans les tuyaux.

Cette nouvelle passe d'armes montre cependant que, si une cohabitation avec le RN se profile au soir du 7 juillet, celle-ci sera tendue sur des sujets comme les nominations ou la politique étrangère de la France. Pour ce qui est du premier sujet, le bras de fer risque d'être permanent, comme cela avait été le cas entre 1986 et 1988, pendant la première cohabitation.

La semaine dernière, Marine Le Pen avait jeté une première pierre en qualifiant « d'honorifique » la fonction de chef des Armées du président de la République, conduisant le ministre de la Défense, Sébastien Lecornu, à lui répondre.

Décrets en suspens

Au-delà des nominations, plusieurs décrets concernant des lois votées récemment doivent encore être publiés. C'est notamment le cas de décrets concernant la loi immigration, promulguée en début d'année, qui pourraient susciter la colère du RN. Le parti d'extrême droite, à la surprise générale, avait voté en faveur de ce texte fin 2023, mais s'est montré hostile à certaines de ses mesures.

Dans un autre domaine, plusieurs dispositions techniques déclinant l'accord sur le partage de la valeur ont été publiées. L'exécutif doit aussi publier un texte mettant sur les rails l'expérimentation du préremplissage des demandes d'obtention de RSA et de prime d'activité dans cinq départements. Ce dispositif baptisé « solidarité à la source » est censé faciliter le versement des prestations sociales, conditionné aujourd'hui à des démarches administratives répétitives et ardues.

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Grégoire Poussielgue (avec Solenn Poullennec)

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