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Décryptage

Régionales : En Marche cherche une alternative à un front républicain moribond

Maintien, retrait sans condition, alliance, fusion technique… sur l'attitude à adopter au second tour face à la menace du RN, LREM est divisée. Comme la plupart des partis qui risquent, au soir du premier tour des régionales, d'être confrontés à ce dilemme.

La question du front républicain va se poser à LREM, qui risque de se trouver distancée dans plusieurs régions où le risque RN est fort, comme ici dans les Hauts-de-France.
La question du front républicain va se poser à LREM, qui risque de se trouver distancée dans plusieurs régions où le risque RN est fort, comme ici dans les Hauts-de-France. (Sarah ALCALAY/SIPA)

Par Isabelle Ficek

Publié le 14 juin 2021 à 13:02Mis à jour le 14 juin 2021 à 15:58

Vieilli, fatigué, usé… le front républicain semble avoir plus que jamais du plomb dans l'aile à l'approche des régionales , pour lesquelles le RN est donné par les sondages en tête dans six régions et gagnant en Paca . La question de son efficacité, voire de son opportunité, se pose dans quasiment toutes les formations politiques, à des degrés divers.

« Une imposture » - dixit Guillaume Peltier, le numéro deux de LR - qui se fracture un peu plus à chaque scrutin, où la question du barrage au RN se pose. Un outil « ni tactiquement ni stratégiquement efficace », estime, de l'autre côté du spectre politique, le député LFI Eric Coquerel. Du côté de EELV, on constate aussi que le front républicain n'empêche pas les idées du RN de continuer à prospérer.

Pas envie de se faire hara-kiri

Si le PCF et le PS - par la voix de son premier secrétaire Olivier Faure - assurent ne pas avoir d'hésitation à se retirer en cas de risque RN dans une région, ces positions n'empêchent pas une certaine amertume en interne et des hésitations . Il faut dire que le retrait des listes menées par le PS en 2015 en Paca face à Marion Maréchal-Le Pen et dans les Hauts-de-France face à Marine Le Pen ont laissé des traces, privant la gauche de représentation au sein des deux assemblées.

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Peu de formations politiques pouvant prétendre à se qualifier au second tour ont, en 2021, envie de se faire hara-kiri. « Le concept est un peu usé d'avoir tant servi », analysait Jérôme Jaffré, directeur du Centre d'études et de connaissances sur l'opinion publique, la semaine dernière dans « Le Figaro » : « Il est d'ailleurs plus difficile à mettre en oeuvre avec quatre forces dans le jeu politique et non plus trois : la gauche, la droite, LREM et le RN. Jusqu'à présent, une seule force devait se sacrifier. Désormais, laquelle acceptera ? »

Le débat agite tout particulièrement au sein de La République En marche. Parce que c'est d'abord sur elle que va s'exercer la pression du front républicain, relevait ce lundi Bernard Sananès, le président d'Elabe, dans une interview à « L'Opinion ». « La majorité présidentielle va se trouver distancée, voire en quatrième position, dans quatre ou cinq régions où le RN peut gagner : les Hauts-de-France, la Bourgogne Franche-Comté, l'Occitanie, le Grand Est, la Normandie », prévient-il. Aussi et surtout parce qu'à moins d'un an de la présidentielle , l'enjeu est de taille pour le mouvement et son fondateur, Emmanuel Macron, qui s'est posé en 2017 comme meilleur rempart face au RN et se prépare à un duel au second tour face à Marine Le Pen.

Front républicain « à réinventer »

Le front républicain ? « Mort ou presque », a répondu il y a quelques jours sur France Inter l'eurodéputé LREM Stéphane Séjourné, conseiller politique du chef de l'Etat. Ces propos ont fait grincer des dents en interne. Ils visaient à créer un électrochoc pour tenter de proposer une alternative à un front républicain qui efface des assemblées régionales, pendant six ans, des partis pourtant qualifiés pour le second tour.

« Il faut une réflexion pour garantir une expression politique qui permette à d'autres oppositions que le Front national de s'exprimer », avait-il ajouté. Bref, un front républicain « à réinventer », a abondé, dans « Libération », le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal. A transformer en « rassemblement républicain », soit une fusion technique, la liste la mieux placée face au RN pouvant accueillir quelques noms des listes se retirant pour leur permettre d'être malgré tout représentées dans les futures assemblées régionales.

Perspective de 2022

Voilà qui serait une voie intermédiaire entre ceux qui plaident pour un maintien des listes et ceux qui, comme le patron des députés LREM, Christophe Castaner, plaident pour un front républicain classique. « Le front républicain n'est pas mort, même si certains pensent qu'il est secondaire. Ils se trompent », a martelé l'ex-ministre de l'Intérieur durant cette campagne.

Derrière les débats internes, et bien que ces scrutins soient évidemment très différents, il y a la perspective de la présidentielle de 2022, avec un Emmanuel Macron qui pour être réélu et aura, s'il est bien en duel face à Marine Le Pen au second tour, besoin… d'un front républicain.

Isabelle Ficek

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