Publicité
En chiffres

Législatives 2024 : 220 désistements pour faire barrage au RN

Selon un décompte des « Echos », sur les 220 désistements répertoriés, 131 sont des candidats de gauche et 82 du camp Macron. Ils s'étaient qualifiés pour le second tour dans une circonscription en situation de triangulaire et entendent ainsi empêcher que l'extrême droite obtienne la majorité absolue dimanche prochain.

Les oppositions et le camp présidentiel ont analysé les 306 circonscriptions en situation de triangulaire pour empêcher que l'extrême droite obtienne la majorité absolue.
Les oppositions et le camp présidentiel ont analysé les 306 circonscriptions en situation de triangulaire pour empêcher que l'extrême droite obtienne la majorité absolue. (Upi/Newscom/SIPA)

Par Ulysse Legavre-Jérôme, Sébastien DUMOULIN

Publié le 2 juil. 2024 à 16:38Mis à jour le 3 juil. 2024 à 10:39

Qui se maintient, qui se désiste ? Les candidats qualifiés avaient jusqu'à mardi, 18 heures, pour confirmer ou non leur candidature au second tour de dimanche prochain. Les oppositions et le camp présidentiel ont analysé à la loupe les 306 circonscriptions en situation de triangulaire (et les cinq quadrangulaires) pour empêcher que l'extrême droite obtienne la majorité absolue et, ce faisant, récupère les clés de Matignon. Entre consignes nationales et pressions locales, les tractations ont battu leur plein depuis dimanche soir pour savoir quels candidats devraient se retirer.

Selon un décompte des « Echos » actualisé mercredi matin, quelque 221 candidats qualifiés au second tour se sont désistés. A gauche, 131 des 308 candidats qualifiés au second tour dans une triangulaire se sont retirés. Dans le camp Macron, ce sont 82 candidats sur 250 arrivés en triangulaire dimanche qui se sont désistés. Auxquels s'ajoutent quatre candidats de droite et trois candidats du Rassemblement national (RN) et de ses alliés. Au total, seulement 95 triangulaires et quadrangulaires subsistent au second tour. Il n'y en avait eu que 8 lors des législatives de 2022.

Les consignes floues du camp présidentiel

Si du côté du Nouveau Front populaire (NFP), des consignes de désistement ont été clairement formulées en cas de triangulaire avec un candidat du RN arrivé en première position, la coalition présidentielle, elle, est restée plus floue. Les différentes prises de parole des ténors du camp Macron ont rendu difficile la lecture d'une position commune pour faire barrage à l'extrême droite.

Publicité

Une partie de l'aile droite représentée par Bruno Le Maire, Catherine Vautrin, Christophe Béchu ou Aurore Bergé, a contesté des désistements en faveur de La France insoumise (LFI), alors que Gabriel Attal a appelé au désistement de tous les candidats « dont le maintien en troisième position aurait fait élire un député RN face à un autre candidat qui défend comme nous les valeurs de la République ». Une formulation qui laisse cependant planer le doute sur le maintien d'un candidat Ensemble face à un candidat insoumis.

Plusieurs ministres macronistes en position difficile n'ont pas hésité face à la menace de l'extrême droite, comme Sabrina Agresti-Roubache (Ville et Citoyenneté) dans les Bouches-du-Rhône, Fadila Khattabi (Personnes handicapées) en Côte-d'Or ou encore Marie Guévenoux dans l'Essonne (Outre-mer) qui se sont très rapidement désistées. Mais d'autres retraits se sont faits dans la douleur. A commencer par Dominique Faure (Collectivités territoriales), arrivée troisième en Haute-Garonne, derrière les candidats socialistes et RN. Cette dernière avait décidé de rester en lice lundi avant de faire marche arrière et de retirer, ce mardi, sa candidature sous la pression de l'exécutif .

La gauche permet à des ministres d'être réélus

Côté Horizons, Edouard Philippe a estimé qu'« aucune voix ne doit se porter sur les candidats RN, ni sur ceux de LFI », conduisant au maintien de Graig Monetti dans les Alpes-Maritimes alors que le RN a dépassé les 40 % dans sa circonscription. En Seine-Maritime, Laurent Bonnaterre est cependant allé à l'encontre de la ligne de conduite fixée par l'ancien Premier ministre et patron de son parti en se désistant pour la candidate LFI Alma Dufour. Tout comme Naïma Sifer, candidate Horizon dans l'Essonne, qui s'est désistée à la dernière minute pour le candidat LFI Mathieu Hillaire.

A gauche, dès l'annonce des résultats, de très nombreux candidats ont suivi la ligne dictée par le NFP et ce, même si cela permet à des ministres macronistes d'être réélus. A l'image de Noé Gauchard, arrivé en troisième position derrière Elisabeth Borne dans le Calvados, ou encore Leslie Mortreux, derrière Gérald Darmanin dans le Nord.

Les candidats NFP se sont aussi montrés responsables dans les quelques circonscriptions où la gauche se faisait face. Dans l'Essonne, Hella Kribi-Romdhane s'est ainsi retirée pour permettre à Jérôme Guedj de l'emporter face au RN.

LR rompt le front républicain défendu par Chirac

Quant aux Républicains, la direction du parti a refusé de donner la moindre consigne de vote à ses électeurs, ou de désistement à ses candidats arrivés en mauvaise posture derrière le RN, rompant ainsi avec le front républicain défendu en son temps par Jacques Chirac. « Le danger qui guette notre pays aujourd'hui, c'est l'extrême gauche », a expliqué François-Xavier Bellamy, président de LR par intérim, laissant sous-entendre un penchant plus important pour un camp dimanche prochain, que pour l'autre.

Certains candidats LR, comme Maxime Minot dans l'Oise, donnés battus au second tour ont décidé de se maintenir, quitte à faire élire un député RN. C'est également le cas de Nathalie Serre dans le Rhône ou encore d'Emmanuelle Anthoine dans la Drôme.

Publicité

Pour le RN, ces désistements à son encontre font partie intégrante de sa stratégie médiatique de l'entre-deux-tours, visant à dénoncer des accords entre la majorité sortante et la gauche pour l'empêcher de gouverner. C'est pourquoi le parti de Jordan Bardella rejette, lui, tout retrait de ses candidats. A l'exception près d'une circonscription en Haute-Corse, où le parti d'extrême droite a demandé à Sylvie Jouart de se retirer de la course au profit d'un candidat divers droite, face au député sortant autonomiste.

Un autre désistement de dernière minute reste à noter : celui de la candidate RN arrivée troisième dans le Calvados, Ludivine Daoudi, après la diffusion d'un cliché d'elle arborant une casquette nazie.

Ulysse Legavre-Jérôme et Sébastien Dumoulin

Entreprise - Solo.png

Nouveau : découvrez nos offres Premium !

Vos responsabilités exigent une attention fine aux événements et rapports de force qui régissent notre monde. Vous avez besoin d’anticiper les grandes tendances pour reconnaitre, au bon moment, les opportunités à saisir et les risques à prévenir.C’est précisément la promesse de nos offres PREMIUM : vous fournir des analyses exclusives et des outils de veille sectorielle pour prendre des décisions éclairées, identifier les signaux faibles et appuyer vos partis pris. N'attendez plus, les décisions les plus déterminantes pour vos succès 2024 se prennent maintenant !
Je découvre les offres

Nos Vidéos

xs3zxzk-O.jpg

Portugal, Espagne, Grèce : la revanche des « pays du Club Med »

x3rpxxz-O.jpg

Les jeunes ont-ils vraiment un problème avec le travail ?

xx0urmq-O.jpg

SNCF : la concurrence peut-elle faire baisser les prix des billets de train ?

Publicité