Législatives 2024 - Ce qu'il faut savoir avant le second tour
Par Valérie MAZUIR
Les élections législatives, dont le second tour a lieu ce dimanche, sont un saut dans l'inconnu. L'extrême droite va-t-elle décrocher les clés de Matignon pour la première fois en France ? La stratégie de désistement de ses opposants va-t-elle lui barrer la route ? Notre dossier spécial.
Les Français sont appelés à voter ce dimanche pour le second tour des élections législatives, au terme duquel le Rassemblement national (RN) espère parvenir à obtenir une majorité absolue à l'Assemblée nationale malgré le « front républicain » mis en oeuvre par l'alliance de gauche du Nouveau Front populaire (NFP) et le camp présidentiel Ensemble pour la République.
Les deux blocs opposés au RN ont procédé à de nombreux désistements de candidats arrivés en troisième position au second tour afin de ne pas favoriser l'extrême droite. Cette stratégie pourrait s'avérer payante pour empêcher le RN d'obtenir la majorité absolue à l'Assemblée nationale, fixée à 289 sièges. Selon une projection réalisée par OpinionWay pour Vae Solis et « Les Echos », il n'obtiendrait qu'entre 205 et 230 députés.
En cas de majorité relative, le Parlement pourrait se diviser en blocs très polarisés où les alliances pourraient être difficiles à trouver, au risque d'un pays ingouvernable.
Retrouvez ci-dessous le mode d'emploi du vote, les résultats du premier tour, les temps forts de la campagne de l'entre-deux tours et ce qu'il faut savoir avant le second tour ce dimanche :
L'élection mode d'emploi :
Syspeo/SIPA
Il s'agit d'élire les 577 députés qui siégeront à l'Assemblée nationale, dont 6 pour les collectivités d'outre-mer et 11 pour les Français de l'étranger. Sachant que chaque député représente une circonscription de 125.000 habitants.
Les députés sont élus au suffrage universel direct, au scrutin uninominal (on élit une personne et non une liste), majoritaire (non proportionnel) à deux tours et par circonscriptions.
Comment être élu dès le premier tour : le candidat doit obtenir la majorité absolue, soit plus de 50 % des suffrages exprimés (l'ensemble des bulletins déposés dans l'urne sauf les blancs ou nuls) et un nombre de voix au moins égal à 25 % du nombre des électeurs inscrits dans la circonscription. Le taux d'abstention est donc déterminant.
Qui peut accéder au second tour : Si aucun candidat n'a été élu au premier tour, le second tour, une semaine plus tard, voit s'affronter les deux candidats arrivés en tête au premier tour et éventuellement les candidats suivants qui ont obtenu un nombre de voix au moins égal à 12,5 % du nombre des électeurs inscrits.
Comment être élu au second tour : le candidat qui a obtenu le plus grand nombre de voix est élu (majorité relative). En cas d'égalité, c'est le plus âgé qui l'emporte.
Un enjeu financier important
Les résultats des législatives déterminent quel sera le financement public accordé aux partis pour les cinq ans à venir.
En effet s'ils engrangent au moins 1 % des voix dans au moins 50 circonscriptions, les partis touchent 1,64 euro par voix et par an. Une partie de cette dotation peut toutefois être retirée en cas de non-respect de la parité.
Par ailleurs, chaque parlementaire (député comme sénateur) rapporte environ 37.400 euros par an au parti auquel il est rattaché.
Les résultats du premier tour :
Konrad K. /SIPA
Le RN est arrivé largement en tête le 30 juin du premier tour des élections législatives historiques qui pourraient ouvrir les portes du pouvoir à l'extrême droite pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale. Avec 33,14 % des suffrages, le parti de Jordan Bardella et Marine Le Pen et ses alliés devancent le Nouveau Front populaire réunissant la gauche, qui obtient 27,99 %, loin devant le camp d'Emmanuel Macron à 20,04 %, selon des résultats non définitifs. Les Républicains qui n'ont pas fait alliance avec le RN s'établissent à 9,6 %. Ce vote a été marqué par une participation en forte hausse, à 66,71 %.
Le RN a frappé un grand coup d'entrée, en faisant élire 39 députés dès le premier tour, à commencer par Marine Le Pen. le Nouveau Front populaire a lui déjà 32 élus.
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Ce qu'il faut savoir avant le second tour :
Jean-francois Badias/Ap/SIPA
Il y avait plus de 4.000 candidats avant le premier tour. Ils seront encore un peu plus de 1.100 en lice ce dimanche. Suite au désistement de 224 candidats qualifiés, la physionomie du second tour a complètement changé avec une diminution massive du nombre de triangulaires (de 306 à 90) et, en conséquence, un bond des duels (de 190 à 408). Il faut compter également sur deux quadrangulaires.
L'appel à faire barrage à l'extrême-droite a été amplement suivi. Sur les 224 retraits de candidatures intervenus avant l'heure limite de 18 heures mardi, environ 58 % viennent du NFP et 36 % du camp présidentiel. Dans désormais 197 circonscriptions, le RN, initialement en situation de triangulaire ou en quadrangulaire, fait désormais face à un adversaire unique, susceptible de bénéficier de reports de voix.
Le taux de participation est l'une des grandes inconnues de ce second tour qui arrive au début des vacances scolaires : à son plus haut depuis 1997, elle a atteint 66,71 % dimanche dernier.
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Sur la dissolution :
Emmanuel Macron, le 9 juin.AFP
Un tremblement de terre politique et un pari ultra-risqué. Après l'écrasante défaite encaissée face au Rassemblement national de Jordan Bardella, large vainqueur des élections européennes en France, Emmanuel Macron a annoncé le 9 juin la dissolution de l'Assemblée nationale . Dans une allocution choc en pleine soirée électorale, le chef de l'Etat a surpris les Français en affirmant avoir décidé de leur « redonner le choix de notre avenir parlementaire par le vote ».
Des élections législatives anticipées ont donc lieu, deux ans après les précédentes qui avaient privé Emmanuel Macron d'une majorité absolue . Le RN est arrivé largement en tête le 30 juin du premier tour de ce scrutin historique qui pourrait ouvrir les portes du pouvoir à l'extrême droite pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale.
Emmanuel Macron, qui a exclu de démissionner « quel que soit le résultat » du vote, pourrait être contraint à une cohabitation à quelques jours seulement des Jeux olympiques de Paris.
Valérie Mazuir
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