C'est la station d'épuration de notre corps. Chaque jour, nos reins, en plus de transformer et rejeter les déchets de notre corps fabriquent aussi des hormones et jouent un rôle clé dans le métabolisme du calcium. Avec les poumons, ils assurent l’équilibre acido-basique de l’organisme en modulant les variations du pH sanguin. Enfin, ils régulent la pression artérielle en produisant la rénine, une enzyme clé intervenant dans la vasoconstriction.

Mais saviez-vous que passé 40 ans, la filtration rénale commence à diminuer d’environ 1% par an ? À long terme, le risque est de développer une maladie rénale, d’autant plus sournoise qu’elle évolue silencieusement.

Dès lors, il apparaît primordial de prendre soin de ses reins, comme le rappelle la Dre Corinne Isnard Bagnis, néphorologue, professeure de néphrologie à la Sorbonne-Université et cheffe de service adjointe à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière, dans son ouvrage Miction impossible : prenez soin de vos reins, ils vous le rendront bien (Éditions du Rocher, septembre 2020).

Boire et manger sainement

La bonne santé des reins commence dans l’assiette. Manger équilibrée permet d’éviter le surpoids, le diabète et l’hypertension, des facteurs qui favorisent les maladies rénales.

Une étude australienne de septembre 2019, publiée dans le Journal of American Society of Nephrology, confirme que le régime méditerranéen est le mieux indiqué. Opter pour une alimentation riche en fruits et légumes, en noix ou amandes, en céréales complètes, en légumineuses et en poissons réduirait en effet de 30% le risque de maladie rénale selon les chercheurs.

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Ajoutez aussi au menu quelques baies et des produits laitiers fermentés pour protéger votre microbiote urinaire, dont le déséquilibre est à l’origine de nombreux calculs rénaux, de cystites et d’incontinences urinaires.

N’oubliez pas non plus de bien vous hydrater. L’organisme a besoin d’un litre et demi d'eau par jour. En général, il n’y a pas besoin d’aller au-delà de cette recommandation sauf en cas de forte chaleur, de transpiration ou de diarrhée. Autre exception : les personnes qui ont tendance à souffrir d’infections urinaires ou de calculs rénaux doivent diluer davantage leurs urines et, pour cela, boire environ 2 litres par jour. Dans ce volume, on inclut non seulement l’eau, mais aussi le thé, le café, les infusions et tous les liquides à condition qu’ils soient sans sel ou sucre ajouté.

Enfin, limitez votre consommation de sel. La population française a en moyenne une consommation trop élevée (environ 8 à 9 g par jour). Des excès répétés sont source d’hypertension, l’une des causes majeures de dégradation progressive des reins. Un maximum de 6 à 7g par jour conviendrait mieux à la santé des reins. Pour rehausser le goût des plats, on peut facilement remplacer le sel par du gomasio, des épices ou des aromates.

Éviter les substances toxiques

Faites attention à l’automédication. La surconsommation d’anti-inflammatoires non-stéroïdiens, tel que l’ibuprofène, constitue elle aussi une menace pour les reins, dans la mesure où ils réduisent le calibre des vaisseaux sanguins qui les irriguent.

C’est pourquoi l’Agence Nationale de Sécurité des Produits de Santé et du Médicament (ANSM) recommande de "les utiliser à la dose minimum efficace pendant la durée la plus courte : pas plus de 3 jours en cas de fièvre et pas plus de 5 jours en cas de douleur." Même chose pour les laxatifs et les diurétiques.

Il faut aussi éviter les herbes dites "soignantes", les compléments alimentaires et plus généralement tout produit dont la composition n’est pas clairement identifiée. Si vous êtes fumeur, arrêtez le tabac. Ce dernier entraîne la dégradation de la fonction rénale et multiplie par 4 le risque de développer une insuffisance rénale.

Pratiquer une activité physique

Pour préserver ses reins, il est essentiel de pratiquer une activité physique. Les recommandations du Programme National Nutrition Santé (PNNS) sont de 10 000 pas ou 30 minutes d’activité par jour minimum.

France Rein recommande par ailleurs de ne pas rester plus de 48 heures sans avoir pratiqué une activité physique. Celle-ci permet, quel que soit l’âge, de réduire les risques de maladies cardio-vasculaires, de diabète, mais aussi d’obésité.

Il n'y a pas d'âge pour commencer une activité physique régulière. Il faut y aller progressivement en commençant par une activité modérée qui vous plaît (jardinage, bricolage…). La marche, par exemple, est facile à pratiquer chaque jour. Renseignez-vous auprès des clubs et associations proches de chez vous qui proposent des activités (randonnée, danses, aquagym) dans une ambiance conviviale.

N’allez jamais au-delà de vos limites. Prévoyez des temps d'échauffement et de récupération de 5 à 10 minutes. Enfin, quelques bons réflexes permettent déjà d’augmenter son activité physique au quotidien : éviter de prendre l'ascenseur, promener le chien, ne pas systématiquement prendre la voiture (ou la garer un peu plus loin que l'endroit où l'on va).

Se faire dépister

Les maladies rénales sont dites "silencieuses"car elles ne se manifestent par aucun symptôme perceptible. France Rein et la Fondation du Rein recommandent vivement de se faire dépister, surtout lorsque l’on est touché par le diabète, l’obésité, une maladie cardiovasculaire ou encore une maladie auto-immune.

Le dépistage consiste en un test par bandelettes urinaires ou par analyse d’urines dans un laboratoire d’analyses médicales. La présence de sang ou d’albumine dans les urines signale un dysfonctionnement de rein ou l’apparition d’une maladie rénale.

Selon le Réseau de l’Insuffisance Rénale en Nouvelle-Calédonie (RESIR), 10% des insuffisances rénales pourraient être évitées et 30% pourraient être retardées de nombreuses années sous réserve d’une détection précoce et d’une prise en charge adaptée.