Comment expliquer la sensation de boule au ventre quand on est stressée ?

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BOULE AU VENTRE
Lorsqu'une émotion a besoin de s'exprimer, c'est par le corps qu'elle le fait. Et en premier lieu par le ventre : en tant que "deuxième cerveau", nos intestins et notre microbiote servent de messagers à nos ressentis les plus profonds, pouvant parfois nous donner l'impression d'avoir le ventre noué, une boule s'y étant logée. Une sensation qu'il est possible et facile d'apaiser.

Avant un rendez-vous important, pendant une discussion que nous appréhendons, à quelques minutes d'un moment qui nous tient un cœur, nos émotions positives ou négatives peuvent s'exprimer de façon physique.

Exemple le plus parlant : la sensation de boule au ventre, que nous avons tous.tes ressentis, au moins une fois dans notre vie.

"Ce sont des contractions intestinales. Notre ventre est le support de nos émotions. Un phénomène que les anglophobes appellent le 'gut feeling', 'le ressenti des entrailles'. Lorsque l'intuition, la peur, la colère, une sensation profonde, nous parle", commence la psychiatre Marine Colombel, autrice de Sortir des ruminations mentales (Marabout, 2024). 

Une manifestation physique qui agit comme un signal d'alerte psychique, et dont les causes s'expliquent simplement. Mais que se passe-t-il dans notre corps à ce moment-là ? 

Le ventre comme centre des émotions

"La boule au ventre, c'est qu'une émotion vient nous travailler au niveau du corps, qu'elle nous parle, comme la peur ou la colère. Le corps est bien fait, c'est le centre d'expression émotionnel. Pour cela, il ressent des symptômes. Puis notre cerveau, dans un second temps, les interprète, fouille dans nos schémas cognitifs pour leur donner du sens", reprend la psychiatre. 

Et nombreuses sont les études à avoir déjà prouvé que "le ventre agit comme un deuxième cerveau", selon les mots de Marine Colombel. 

"Anatomiquement, au niveau de la paroi intestinale, il y a un très grand nombre de neurones, qui ressemblent à ceux du cerveau. On pensait qu'ils géraient seulement la digestion mais ils ont un rôle plus important sur l'organisme. Ils permettent de gérer les émotions, les ressentis corporels et sont sans arrêt en interaction avec les neurones du cerveau. C'est ce qu'on appelle l'axe intestin-cerveau. Ce n'est pas pour rien que c'est au niveau du ventre qu’on ressent les choses", continue l'autrice. 

Une sensation désagréable pour nous faire réagir

Mais à quoi cette sensation de ventre noué sert-elle concrètement ? Nous protéger, nous alerter, nous mettre en garde, répond l'experte.  

"Nos émotions sont une façon pour le corps de nous adapter en temps réel à une situation. Par exemple notre peur est là pour nous sauver la vie. Elle nous évite de nous mettre en danger. Mais pour que la peur soit efficace rapidement, il faut que le traitement soit rapide. Et s'il passe juste par le cerveau, et notamment le cortex, ce ne sera pas efficace", continue la spécialiste.

Un ressenti du corps mais envoyé par le cerveau qui nous prévient que quelque chose cloche

"C'est un signal d'écoute. Cela nous dit d'écouter le message, à quelle émotion elle se réfère et qu’est ce qu'on doit changer. Les sensations, les somatisations, ont un rôle. Elles nous permettent de nous recentrer sur l'instant présent et de dire au corps de faire attention à nous même. C'est positif, même si c'est désagréable", précise-t-elle.

Le psychocorporel pour soulager le ventre noué

Bien qu'essentiel pour nous refocaliser et comprendre que quelque chose nous perturbe, sentir son ventre se nouer n'est jamais agréable. Surtout lorsque cela devient régulier et sans raison apparente. Heureusement, plusieurs façons de l'apaiser sont possibles

"La première porte d’entrée est la conscientisation du problème. Il faut écouter quand on a la boule au ventre, voir ce qui se passe, quelle émotion est en jeu et c'est déjà une grosse partie du travail qui est engagée. Car on pourra mettre en place les modifications nécessaires", déclare Marine Colombel. 

En plus "d'aller écouter ce signal et de ne pas fuir l'émotion en jeu pour y répondre", la psychiatre conseille d'user de techniques psychocorporelles. Car lorsqu'on fait du bien au corps, on fait aussi du bien à l’esprit.

"Cela peut passer par la danse, l'art, la méditation et même les massages. Des techniques qui font appel à un travail corporel et qui rééquilibrent l'axe entre le cerveau et les intestins, diminuent les angoisses et donc diminuent la sensation de boule au ventre", reprend l'experte. 

L'alimentation et le sommeil pour un ventre et une psyché en bonne santé

L'alimentation est un autre levier pour apaiser ces désagréments physiques : "il faut bien traiter notre microbiote intestinal. S'il est réduit, déséquilibré, on provoque une inflammation chronique qui fait qu’on ne se sentira pas bien. Cela va renforcer nos angoisses, notre stress, étant même un terrain propice à la dépression", persiste Marine Colombel.

Mais quelle alimentation adopter spécifiquement ? La plus diversifiée possible : "on varie les légumes et les fruits qu’on mange. Et on évite tout ce qui tue les bactéries, comme les aliments ultra-transformés. Pour cela, il faut se mettre à la cuisine. Il n'y a pas d’interdits alimentaires mais plus on mange sain et on cuisine, meilleure sera notre alimentation". 

Enfin, un sommeil de qualité viendra durablement apaiser notre anxiété et donc notre risque de développer ces contractions intestinales.

"Bien dormir fait partie d’un bon équilibre physique pour diminuer les sensations désagréables au niveau du ventre. Lors d'un manque de sommeil, on va mal sécréter des hormones qui augmenteront nos chances d’avoir des moments de stress et donc des douleurs", termine la psychiatre. 

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