Que se passe-t-il dans le corps quand on fait une crise d’anxiété ?

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La tension nerveuse qui accompagne une anxiété aiguë prend sa source dans le cerveau et induit de nombreux symptômes physiques qui exacerbent l’angoisse. Ce cercle vicieux repose sur des mécanismes complexes mêlant des processus neurologiques, hormonaux et psychiques.

"En langage médical, anxiété signifie anticipation négative : ce qui va arriver n’est pas bon pour moi", souligne le neurologue Laurent Vercueil, membre de l’Institut des neurosciences de Grenoble et auteur de Chatouilles et autres petits tracas neurologiques (éd. Belin).

L’anxiété peut être justifiée, lorsqu’on marche dans une brume épaisse au bord d’une falaise par exemple, "mais elle est le plus souvent inappropriée : elle grossit un danger qui est au mieux minime, au pire inexistant", poursuit le spécialiste. La menace n’est pas réelle mais la peur est bien présente. Quel que soient ses causes, elle maintient l’organisme sous pression.

Et si son intensité monte en flèche, une crise de panique se déclenche, d’où une cascade de réactions en chaîne qui font perdre le contrôle de la situation. Une personne sur quatre fera au moins une attaque de panique dans sa vie. Les femmes y sont deux fois plus sujettes que les hommes.

Crise d'anxiété, le cerveau à la manœuvre

"Tout commence dans le cerveau au niveau des aires dites "limbiques" dont le rôle est de traiter les émotions", explique Laurent Vercueil. L’angoisse (peur de mourir, peur de perdre la raison, agoraphobie…) active l’amygdale, une structure limbique qui avertit de la présence d’un danger immédiat et déclenche la réaction de peur (réelle ou subjective). Celle-ci est connectée à une autre région du cerveau, l’hypothalamus, qui orchestre le système nerveux autonome.

Le cortex préfrontal peut entrer en action pour réguler la sensation de peur. Il parvient ainsi parfois à raisonner le cerveau émotionnel pour museler l’anxiété avant qu’elle ne génère une crise. Mais il n’y réussit pas toujours.

Par le biais d’un réseau de nerfs – dénommé système nerveux sympathique -, l’hypothalamus met alors le corps en état d’alerte. Il induit la production d’adrénaline, une hormone stimulante qui se déverse dans le sang et agit par effet ricochet sur de nombreux organes. 

Un cortège de manifestations physiques

La sécrétion d’adrénaline a des répercussions immédiates sur le corps : le rythme cardiaque s’accélère, d’où la perception possible de palpitations, le souffle semble coupé, les glandes sudoripares produisent un excès de sueur, un léger vertige peut s’installer, ainsi que des frissons ou des bouffées de chaleur suite à la dilatation des vaisseaux sanguins.

Des tremblements ou des secousses musculaires peuvent en outre survenir, ainsi qu’une impression d’engourdissement ou de picotements. La durée moyenne d’une crise est de dix minutes, mais certains symptômes peuvent persister plus d’une heure, jusqu’à ce que le système nerveux autonome rétablisse l’équilibre. 

Comment parer à la crise d'anxiété ?

Lorsque l’instinct de protection est suractivé, il est difficile à désamorcer. Mais on peut intervenir en amont, dès les premiers signes d’anxiété. Le plus simple en théorie, mais le plus difficile à mettre en œuvre, est de prendre de la distance face aux pensées négatives sources d’angoisse.

Pour ne pas se laisser envahir, mieux vaut en effet ne pas porter trop attention aux symptômes qui nous submergent. Concentrez-vous sur ce qui vous entoure, une musique agréable qui passe à la radio par exemple, plutôt que sur le tempo de votre cœur. La pratique de la pleine conscience peut aider à adopter le recul nécessaire face aux pensées anxiogènes.

Les techniques de Thérapie Comportementale et Cognitive (TCC) sont aussi d’un grand secours pour juguler les pensées irrationnelles à l’origine des crises d’anxiété. Leur efficacité a été validée par plusieurs études scientifiques. 

Adopter un mode de vie anti-anxiété

L’hygiène de vie joue également un rôle déterminant. Éviter les excitants comme le café et se coucher à heure fixe contribue à plus de sérénité.

L’activité physique apaise également l’anxiété à condition d’être régulière. Le sport génère en effet dans le cerveau un flot d’ondes alpha qui relaxent en profondeur et chassent les pensées parasites, comme l’ont montré des chercheurs finlandais de l’université de Reykjavik en 2018. Il booste par ailleurs la production d’endorphines, des hormones qui contrecarrent l’anxiété.

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