Ces traitements prometteurs qui pourraient changer la vie des diabétiques

Par Aurélie SognyMarie-Émilie Hugoni
nouveaux traitements diabete
En France, près de 4,5 millions de personnes sont atteintes de diabète. Une pathologie qui nécessite un traitement et une prise en charge à vie, pas toujours simples à gérer. Heureusement, la recherche dans ce domaine avance, et promet des avancées de taille dans les années (mois ?) à venir.

Pendant longtemps, la vie des diabétiques était rythmée par 3 à 4 piqûres d'insuline couplées à pas moins de 6 contrôles de glycémie par jour... Des contraintes qui en décourageaient plus d'un et les exposaient alors à de graves complications de la maladie. Mais ça, c'était avant. 

Systèmes de mesure de la glycémie en continue (FreestyleLibre de Abott Diabetes Care Inc., Guardian Sensor 3), pompes "patch" (Omnipod d'Insulet Corporation) ou à "boucle fermée" (780G de Medtronic)... Ces dernières années, le développement de traitements innovants leur offrent plus de liberté. Et bonne nouvelle : des petits nouveaux, encore en phase de tests, ne devraient pas tarder à arriver !

La technologie au service des diabétiques

Vidéo du jour

Cet appareil révolutionnaire, mis au point par une entreprise grenobloise, associe une pompe à insuline "patch" et un capteur de glycémie en continu à un terminal. Tous communiquent grâce à une intelligence artificielle. Des algorithmes permettent d'analyser en temps réel les données de glycémie et de donner l’ordre à la pompe d’injecter automatiquement les doses d’insuline adéquates (comme le ferait un pancréas non "malade"). 

Depuis 2017, plusieurs essais cliniques aux résultats plus que concluants ont été menés. Le système a reçu début novembre 2018 le marquage CE et donc l'autorisation de sa commercialisation.

Implanté sous la peau au niveau de l'avant-bras, ce capteur de glycémie en continu a été testé pendant 6 mois sur 36 patients atteints d'un diabète de type 1. Il est accompagné d'un transmetteur amovible et rechargeable à placer sur le capteur. Via Bluetooth, ce dernier envoie le taux de glucose sur une application et vibre en cas d'hypoglycémies ou hyperglycémies. Autre bon point : sa durée de vie, qui est de 90 jours. Malheureusement, celui-ci n'est pas encore remboursé en France...

Ce lecteur de 2ème version recueille des informations en temps réel sur la glycémie toutes les 5 minutes. Les données sont directement envoyées sur le téléphone du patient via l’application Tomato App. Cette dernière permet également de prévenir le malade par la biais d’alertes lorsque son taux de glycémie est trop élevé ou trop bas ou que celle-ci augmente ou diminue trop rapidement.

Le lecteur est rechargeable et a une autonomie de 14 jours. Il est également conçu pour être étanche IP67, c'est-à-dire qu'il peut être plongé dans l'eau jusqu'à un mètre de profondeur pendant une demi-heure. Il est ainsi possible de prendre une douche ou de nager en eau peu profonde avec. Il est disponible en France depuis octobre 2020.

Système de pompe à insuline le plus avancé. Système de pompe à insuline basale auto-ajustable avec un nouveau dispositif d'auto-correction du dosage, en comparaison avec le système MiniMed™ 670G, le MiniMed™ 780G ajuste automatiquement l’administration d’insuline et corrige les valeurs hautes, selon les besoins du diabétiques, 24 h/24 et 7 j/7, toutes les 5 minutes.

Il contribue ainsi à éviter les valeurs élevées et faibles et protège des hyper- et hypoglycémies.

Ce capteur est celui le plus avancé de la marque Medtronic. Une puce de diagnostic surveille l’état du capteur toutes les 5 minutes afin d’améliorer sa performance et réduire la variabilité. En effet, les diagnostics intelligents du transmetteur surveillent l’état du capteur de façon continue et proactive. Le capteur Guardian Sensor peut être porté pendant 7 jours.

Attention cependant, lors de l’essai clinique mené chez les enfants, le système Guardian Connect a émis un pourcentage élevé de fausses alertes d’hypo- et d’hyperglycémie. Le système Guardian Connect n’est pas destiné à apporter des ajustements au traitement : vérifiez toujours votre glycémie capillaire avant d’ajuster un traitement.

Ce système de gestion de l’insuline est capable d’administrer l’insuline en continu jusqu’à 72 heures. Le Pod est portable, sans tubulure, étanche et discret (peut être porté sous les vêtements). Il est possible de définir plusieurs préréglages favoris, marquer des activités et personnaliser l’administration de l’insuline en fonction de ses habitudes quotidiennes. Le Pod a une classe d’étanchéité IP28, équivalente à une profondeur maximale de 7,60 mètres pendant 60 minutes.

Inconvénients : le Gestionnaire Personnel de Diabète n’est quant à lui pas étanche et doit toujours se situer à moins d’1,5 mètre du Pod.

Des traitements médicaux porteurs d'un espoir de "guérison"

  • Les injections du vaccin BCG

Une équipe de chercheurs du Massachusetts General Hospital de Boston aux États-Unis ont découvert que des injections du vaccin BCG, initialement utilisé pour nous protéger de la tuberculose, seraient efficaces pour traiter le diabète de type 1 (et non le prévenir). Pour les besoins de leur étude, publiée dans la revue médicale Vaccines le 21 juin 2018, les scientifiques ont injecté deux doses à un mois d'intervalle. Trois ans plus tard, ils ont constaté que le taux de sucre de leurs "cobayes" était "revenu à des niveaux très proches de la normale". En effet, il semblerait que le vaccin modifie le métabolisme du glucose, et qu'il soit donc mieux consommé par les cellules. À suivre de près !

  • Les greffes d’îlots pancréatiques

L'équipe du Professeur Pierre-Yves Benhamou, responsable du service d’endocrinologie-diabétologie du CHU de Grenoble, a réussi à stabiliser la maladie chez des personnes atteintes d'un diabète de type 1 grâce à une transplantation d'îlots de Langerhans (ou îlots pancréatiques). Après avoir prélevé le pancréas d'un donneur décédé, les médecins prélèvent les îlots à l'intérieur de celui-ci, et les injectent dans le foie du patient. Les îlots sont alors capables de secréter de l’insuline.

D'après leurs résultats, publiés dans la revue médicale The Lancet - Diabetes & Endocrinology le 15 mai 2018, les scientifiques ont constaté une meilleure glycémie chez 80% des patients greffés. Mieux : 1 patient sur 3 n'avait plus besoin d'insuline un an après la greffe ! En revanche, comme dans toute greffe, les patients sont obligés de prendre des immunosuppresseurs toute leur vie afin d'éviter un rejet du greffon.

  • Une molécule anti-diabétique

En 2008, Philippe Valet, professeur à l'Université Toulouse III et membre de l’Inserm, découvre chez la souris une molécule produite par le tissu graisseux et nommée "apeline". Celle-ci peut, si cela s’avère nécessaire, remplacer l'insuline en régulant le taux de sucre dans l’organisme. 

Une voie de secours prometteuse pour les patients atteints du diabète de type 2 et chez qui les cellules ne sont plus sensibles à l'insuline. Neuf ans plus tard, le 6 juillet 2017, Philippe Valet publie les résultats du tout premier essai clinique qu'il a mené sur cette molécule dans la revue spécialisée Diabetes, Obesity and Metabolism et dont les résultats sont encourageants.

Ces derniers montrent que l’injection de la plus faible dose entraîne une meilleure assimilation du glucose circulant dans le sang, tandis que l’administration de la dose la plus élevée provoque en plus une augmentation avérée de la sensibilité des cellules à l’insuline. Aucun effet secondaire n’a été observé.

  • Une enzyme destructrice d’acides gras

La lipase hormono-sensible (LHS) est une enzyme qui transforme les graisses en acides gras et les libèrent dans la circulation sanguine. Chez les patients obèses, ces acides gras déclenchent une résistance progressive à l’insuline à l’origine du diabète de type 2.

Dans un travail précédent mené par l’équipe Inserm de Dominique Langin, les chercheurs avaient montré que la diminution de l’expression de la LHS dans les adipocytes conduisait à une meilleure réponse à l’insuline, signe de bonne santé pour ces cellules. Ces travaux ont été publié dans la revue Nature Metabolism le 3 décembre 2018.

À terme, ce projet pourrait conduire au développement de nouveaux médicaments pour traiter le diabète de type 2.

  • L’immunothérapie

Une immunothérapie pourrait retarder l’apparition du diabète de type 1 selon des résultats d’un essai présenté au congrès de l’American diabetes association, qui s’est déroulé à San Francisco, du 7 au 11 juin 2019.

Cet essai de phase II, mené avec le soutien des Instituts nationaux de la santé américains (NIH), a montré qu’il était possible de retarder de 2 ans en médiane la survenue du diabète chez des sujets à risque de développer la maladie, grâce à une immunothérapie par anticorps monoclonal anti-CD3 (teplizumab).

"On constate que le risque de développer un diabète durant le suivi a été réduit de 60 % dans le groupe recevant le traitement actif. Avec cet anticorps monoclonal, on réduit donc l’incidence de 60 % et, quand le diabète survient, il est différé de deux ans" , résume le Pr Gourdy, diabétologue au CHU de Toulouse et membre de l’Inserm, le 4 juillet 2019 dans Le Quotidien du Médecin.

  • Le traitement bi-hormonal

À l'occasion de la 80e édition du congrès de l’Association américaine du diabète qui se tenait virtuellement du 12 au 16 juin 2020, la société française Adocia a présenté son nouveau traitement bi-hormonal aux résultats prometteurs.

L’objectif de celui-ci est d’apporter du pramlintide en plus de l’insuline dans le traitement des diabétiques. Le pramlintide, une hormone synergique analogue de l'amyline, est co-sécrétée avec l’insuline par les cellules β des îlots de Langerhans du pancréas pour retarder la vidange gastrique, inhiber la sécrétion de glucagon et déclencher un effet de satiété, chez les personnes en bonne santé. L’absence de celle-ci est probablement l’une des raisons pour lesquelles les diabétiques éprouvent tant de difficultés à maintenir leur glycémie stable après un repas, même quand ils sont traités par insuline. 

La phase de l’étude, réalisée sur une vingtaine de patients atteints d’un diabète de type 1, a donné lieu à des résultats enthousiasmants et aucun sujet n’a rapporté d’effets secondaires néfastes. Comme l’explique le communiqué de presse d’Adocia, "l’association de ces deux hormones a permis d’aplanir la courbe de la glycémie après le repas par rapport à un traitement avec une insuline prandiale standard, d’une manière très similaire à ce qu’on observe chez une personne en bonne santé qui n’a pas de diabète".

Qui plus est, "ajouter du pramlintide à l’insuline nous a permis de réduire la quantité de cette dernière de 20%, ce qui a entraîné une perte de poids des patients qui avaient grossi depuis le début de leur traitement standard".

[Dossier] Le diabète, maladie du siècle - 9 articles à consulter

La Newsletter Égo

Bien-être, santé, sexualité... votre rendez-vous pour rester en forme.