Ce qu’il se passe dans le corps quand on fait une hypoglycémie

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hypoglycémie
Une baisse extrême de la glycémie peut être fréquente chez les diabétiques. Mais à quoi est dû ce phénomène physiologique ? Est-ce que les personnes non diabétiques peuvent aussi y être confrontées ? Les réponses de la Dre Catherine Draunet-Busson, endocrinologue - diabétologue.

"Je vais me chercher un paquet de bonbons au distributeur, je me sens faible je dois être une hypoglycémie". Cette phrase, on l’a tous.tes déjà entendue au moins une fois au bureau. Spoiler : il y a 99,9 % de chance que ce ne soit pas du tout une hypoglycémie. 

À moins que la personne en question soit bien évidemment diabétique, auquel cas elle dira plutôt directement "je suis en hypo", un diminutif couramment utilisé par les malades pour la désigner. Car en réalité, il est extrêmement rare de faire des hypoglycémies quand le diabète n’entre pas en jeu. Donc non, ce n’est pas parce que l’on a sauté un repas ou fait un malaise vagal après avoir couru sur un tapis à la salle de sport que notre taux de sucre est au plus bas. 

La Dre Catherine Draunet-Busson, endocrinologue - diabétologue à la Polyclinique Inkermann de Niort, nous explique quelles sont les causes réelles d’une hypoglycémie et comment en reconnaître les signes.

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Une baisse extrême du taux de sucre dans le sang

Chez une personne en bonne santé, "le corps synthétise de façon régulière l’insuline, et en fabrique un peu plus lorsque l’on mange. Ce mécanisme se régule tout seul : lorsque la glycémie (taux de sucre dans le sang, ndlr) a tendance à baisser, le pancréas fait réagir une hormone de contre-régulation qui est le glucagon, afin de libérer du glucose dans le sang par le foie. Celle-ci va permettre de faire remonter la glycémie", détaille la médecin. D’autres hormones sont aussi impliquées dans le processus, à savoir le cortisol, l’hormone de croissance et l’adrénaline. 

Chez les diabétiques, ce mécanisme ne fonctionne plus correctement. Comme leur pancréas ne fait plus son job, leur hypoglycémie est due à la prise d’une dose d’insuline ou de médicaments antidiabétiques trop importante par rapport aux glucides ingérés. Également, une activité physique importante - non prévue ou inhabituelle - peut entraîner chez eux une chute de la glycémie si son intensité n’est pas adaptée à la quantité d’insuline injectée. Enfin, une consommation d’alcool à jeun chez ces personnes peut également avoir un effet hypoglycémiant. 

À savoir : lorsque l’on est diabétique, on parle d’hypoglycémie quand le taux de glucose dans le sang est inférieur ou égal à 0,7 g/L. 

Peut-on être en hypoglycémie sans être diabétique ? 

Certaines pathologies non associées au diabète peuvent aussi déclencher une baisse du taux de sucre. Les principales étant :

  • Une tumeur du pancréas : l’insulinome, une tumeur pouvant être bénigne ou maline, entraîne une surproduction d'insuline. Elle doit être retirée chirurgicalement. 

  • L’insuffisance hépatique : le foie n’est plus en capacité de stocker et de produire du glucose en quantité suffisante.

  • L’intoxication alcoolique aiguë : elle bloque la formation de glucose dans le foie. 

Aussi, il est possible de faire ce que l’on appelle une hypoglycémie fonctionnelle. Provoquée par un pic d’insuline après un repas, elle concerne les personnes dont l’alimentation quotidienne est riche en sucres et en graisses. "Leur sécrétion d’insuline est plus importante, ils peuvent donc ressentir des signes d’hypoglycémie", explique l’endocrinologue. 

Pour un.e non diabétique, une glycémie inférieure à 0,50 g/L indique une hypoglycémie. 

Hypoglycémie : les signes d’alerte

L’hypoglycémie peut se manifester par de nombreux signes, qui peuvent varier au fil du temps chez les personnes diabétiques. 

Les symptômes d’hypoglycémie les plus courants sont une faiblesse générale, des palpitations, sueurs, tremblements, nausées, fourmillements, une altération de la vue (sensations de flashs lumineux devant les yeux), des troubles de l’équilibre, une sensation de faim extrême, des maux de tête.

D’autres signes moins répandus doivent également alerter, comme une sensation d’ivresse ou d’euphorie, une agressivité soudaine, des hallucinations, une paralysie d’une partie au niveau du visage ou des membres, des convulsions.

Certain.es diabétiques peuvent être sujet.tes à une insensibilité à l’hypoglycémie, ce qui signifie qu’iels ne vont pas en ressentir les symptômes. En effet, quand le système nerveux est confronté à des hypoglycémies répétées, le seuil de tolérance se modifie. "L’organisme s’habitue en quelque sorte à l’hypoglycémie", confirme notre spécialiste. 

Une situation qui peut avoir de graves conséquences, puisqu’elle peut mener à un coma. Si ce dernier se prolonge, il peut alors entraîner des lésions cérébrales irréversibles, le glucose étant la principale source d’énergie pour le bon fonctionnement du cerveau. Sans prise en charge urgente, un décès (même s'il reste rare) est à craindre. 

À noter : les signes d’une hypoglycémie sont similaires chez les personnes atteintes par les autres pathologies citées plus haut. 

La mesure de la glycémie, le test de référence pour confirmer une hypoglycémie 

Les diabétiques sont équipé.es d’appareils permettant de mesurer leur taux de sucre dans le sang (capteur en continu ou lecteur de glycémie avec prélèvement capillaire). Ils peuvent ainsi vérifier en quelques secondes et prendre les mesures nécessaires si l’hypoglycémie est avérée. 

Pour les non diabétiques, "le diagnostic d’hypoglycémie est basé sur les symptômes décrits, les antécédents médicaux, l’examen clinique et des examens simples", détaille Manuel MSD. La Docteur Draunet-Busson précise que le médecin peut prescrire un lecteur de glycémie aux patient.es afin que plusieurs contrôles soient effectués à domicile. L’hypoglycémie ne se manifestant pas forcément pendant la consultation, le diagnostic peut être compliqué à poser au cabinet. 

En dernière intention, une "épreuve de jeûne" peut être réalisée en hospitalisation. Comme ils n’ingèrent pas de glucides, la glycémie des patient.es doit rester stable tout au long de la journée s’il n’ont pas de problème de santé. 

Le resucrage pour soigner une crise d’hypoglycémie

Il faut 15 grammes de glucides pour faire remonter la glycémie de 0,50 g/L.

Si l’on peut se resucrer seul.e, on opte plutôt pour un liquide sucré (15 cl de jus d’orange ou de soda), car il va être assimilé par l’organisme plus rapidement et nécessite de faire peu d’efforts. Autrement, il reste les classiques morceaux de sucre (3 morceaux). Autres options : la pâte de fruits, une cuillère à soupe de miel ou de confiture. 

À éviter : le chocolat. Ce faux allié contient des graisses qui ralentissent l’absorption du sucre par l’organisme. 

En cas d’hypoglycémie sévère, on peut ne pas être en capacité de se resucrer seul.e. Si l’on est conscient.e et que l’on peut avaler un liquide ou un aliment, on demande à un.e tierce personne de nous aider au resucrage. Si l’on est inconscient.e, un.e proche ou un.e collègue formé.e peut nous administrer du glucagon (Baqsimi par voie nasale). Autrement, les secours doivent être avertis pour une prise en charge rapide. 

Si un quart d’heure après avoir ingéré 15 grammes de sucre, la glycémie n’est pas du tout remontée, il est nécessaire de faire un second resucrage.

Peut-on prévenir une chute de glycémie ?

Il est possible de prévenir les hypoglycémies en ayant tout d’abord un diabète équilibré, ce qui est possible en appliquant les principes de l’insulinothérapie fonctionnelle. Cette méthode de traitement permet de reproduire le fonctionnement "naturel" du pancréas. Elle consiste à faire un calcul strict des glucides et à ajuster les doses d’insuline à administrer en fonction de ceux-ci.

Enfin, avec les capteurs de glycémie et pompes à insuline nouvelles générations, il est plus facile de prédire et de contrecarrer une baisse de la glycémie en temps réel grâce à certaines fonctionnalités comme les flèches de tendances glycémiques, l’arrêt temporaire de délivrance d’insuline ou la définition d’une dose d’insuline basale temporaire à la baisse.

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