Depuis les révélations de la Pr Karine Lacombe - dans les colonnes de Paris Match, en avril dernier - envers l’urgentiste Patrick Pelloux accusé de propos sexistes et de "mains baladeuses", les témoignages pleuvent et la parole se libère, sous le hashtag #MeTooHopital.

Face à cette dernière, les associations féministes appellent à manifester, le mercredi 29 mai 2024 à 18h devant le ministère de la Santé. Le but de cette mobilisation ? Exiger des "mesures concrètes et immédiates", pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles à l'hôpital. 

En parallèle, François Arnault, président du Conseil national de l’Ordre national des médecins, interrogé par Ouest France le 27 mai 2024, admet que les mesures mises en place pour protéger soignantes et patientes sont "insuffisantes"

Un rassemblement au nom des professionnels de santé et des patientes heurtées

La manifestation prévue ce 29 mai est à l’initiative du collectif Emma Auclert, une organisation étudiante qui dénonce le retour à l’hôpital d’un de leur pair condamné deux fois pour agressions sexuelles. Un cas qui n'est “pas isolé”, mais représentatif du silence et de l’impunité, rapporte France 3.

La fondatrice de l’association "Stop aux violences obstétricales et gynécologiques", Sonia Bisch, dénonçait, en ce sens, au micro de France Inter une "impunité terrible et délétère à tout le monde". Des mots qui évoquent la tribune signée, le 7 mai dernier, dans les colonnes de Libération, par des médecins et soignantes pour dénoncer l’omerta généralisée et "demander des comptes" à l'institution publique.

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Les associations de patient.es témoignent également des "conséquences dramatiques sur la vie des patientes", selon les mots de Sonia Bisch, relayés par France Info, car "quand on est malade ou en attente de diagnostic, on est en position de vulnérabilité, donc on a d'autant plus besoin de bienveillance", a-t-elle insisté.

Aux côtés des associations, médecins, soignant.es et étudiant.es demandent "un plan de sensibilisation dans toutes les structures hospitalières", des formations obligatoires, une plateforme de signalement, associations et patient.es réclament aussi le retrait des fresques à caractère pornographique dans les salles de repos des internats de médecine. Sur ce dernier point, beaucoup s’indignent encore de leur présence et du refus de certains hôpitaux de les effacer alors qu’il avait été demandé par le ministère de la Santé en 2023.

L’Ordre des médecins admet l’insuffisance des mesures

Autant d’initiatives et de prises de conscience qui ont sûrement incité le président du Conseil national de l’Ordre national des médecins, François Arnault, à s’exprimer à propos de la polémique qui traverse l’hôpital public.

Interrogé par Ouest France, à la veille de cette manifestation, le médecin reconnaît "l’importance de cette libération de la parole" et la qualifie de "fondamentale".

Pourtant, il avoue que les sanctions sont encore trop peu prises : "les chiffres sont insuffisants, c'est indiscutable. Nous ne faisons pas tout bien. Dans le contexte général de prise de conscience, l'Ordre a un rôle essentiel à jouer pour moraliser et normaliser la profession médicale”, rapporte France Info.

François Arnault a également annoncé avoir demandé une grande enquête professionnelle auprès des médecins sur les violences sexistes et sexuelles, en tant que témoin ou victime, dont les résultats ne seront connus qu’en octobre.