Alors que montent sur les réseaux sociaux les hashtags #MeTooMedecine et #MeTooHopital, dénonçant le sexisme et les violences dont les praticiennes de santé - infirmières, médecins, aide-soignantes… - sont victimes, un article publié dans Paris Match ce jeudi 11 avril 2024 révèle que l’urgentiste Patrick Pelloux est accusé par de nombreuses femmes d’"agressions sexuelles, de harcèlement et de propos déplacés". 

Des faits dénoncés il y a déjà plusieurs années, sans jamais nommer l’urgentiste, par Karine Lacombe, cheffe du service des maladies infectieuses à l'hôpital Saint-Antoine (Paris), apprend-on.

Confirmant dans l’article l’identité de l’homme avec lequel elle a longtemps travaillé Pr Lacombe y décrit “le regard concupiscent et les mains baladeuses” du médecin sénior, mais aussi le "comportement empreint de domination sexuelle” de celui “à la réputation de Don Juan bien établie”,. 

Ce dernier, qui avait en 2008 été “exfiltré” de l’hôpital par l’ancienne ministre de la santé Roselyne Bachelot (toujours selon les informations du journal) - mais dont le retrait avait été justifié par une simple “mutation” -, réfute auprès de Paris Match ces accusations. 

Violences sexistes et sexuelles à l'hôpital : d'autres médecins accusés 

Pourtant, nombreuses sont les professionnelles de santé victimes de violences sexistes et sexuelles à témoigner dans l'article.

Et Patrick Pelloux n'est pas le seul mis en cause. D'après Paris match, Wadih Saïdi, anesthésiste et président de la commission médicale de l’hôpital Lavaur (Toulouse), a été condamné en 2023 à 18 mois d'emprisonnement avec sursis pour les mêmes agissements.

De plus, Michel Scotté, chirurgien digestif au CHU de Rouen, a, lui, écopé de deux ans de prison avec sursis, cinq ans d’interdiction d’exercer pour harcèlement et agressions sexuelles aggravées. 

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Wadih Saïdi était accusé d’être à l’origine de “questions indiscrètes, propositions intimes, demandes de l’embrasser mais aussi petites phrases", comme : "plus tu me repousses, plus tu m’excites” à l’encontre d’une aide-soignante. Des propos et agissements tenus des années 90 jusqu’à 2015 et confirmés, lors de l’enquête, par huit membres du personnel. 

Quant à Michel Scotté, surnommé “Frotte-man” par les étudiant.es, il aurait eu des “gestes et propos à connotation sexuelle, rapprochements physiques envers une interne […] caresse sur les mains, la nuque”. Et il aurait agressé sexuellement une patiente avant une intervention, lui “caressant” les seins sous le drap. Des faits également dénoncés mais mis sous le tapis par le vice doyen de la faculté, désignant le chirurgien comme “un bon professionnel”, reprend le journal. 

#MeTooHopital, #MeTooMedecine : des hashtag qui montent sur les réseaux sociaux

Mais avant la publication de l'article, enflaient déjà sur les réseaux sociaux deux hashtags dénonçant l'omerta qui règne dans le milieu hospitalier.

Une publication de @jujulagygy, gynéco-obstétricienne, partagée mercredi 10 avril 2024, a lancé la vague de dénonciations : "il est temps que la honte change de camp”, peut-on lire. Et des centaines de commentaires de soignantes font état d’agressions et de paroles dégradantes.

“Premier poste infirmier […] le médecin m’enferme dans la salle de relève et essaie de me déshabiller”, alerte l'une d'entre elles. Une seconde relate des remarques déplacées : “elle a les yeux qui sentent le cul”, lui aurait dit un interne. Une autre dénonce le comportement d'un anesthésiste, qui aurait récupéré son numéro privé avant de l’appeler plusieurs fois “pour un café et plus si affinités”. Une dernière conclut : "soignante, j’hallucine depuis 12 ans sur le harcèlement moral et sexuel en hôpital”. 

Des violences que Baptiste Beaulieu, médecin star des réseaux sociaux (suivi par plus de 360 000 abonnés) dénonce également dans sa story Instagram ce jour. Les témoignages de femmes affluent pour mettre en lumière l'attitude de Patrick Pelloux. “C’est un gros dégueulasse”, "j’avais adopté une stratégie de m’enlaidir” ou “on m’avait dit de me méfier de lui”, peut-on lire. 

Alors que ces dernières années, les personnel.les soignant.es avaient dénoncé le bizutage dont étaient encore trop souvent victimes les étudiant.es ou les violences obstétricales envers les patientes, le #MeTooHopital et #MeTooMedecine pourraient, à leurs tours, mettre fin à l'impunité.