Quelle que soit la raison, on est tou(te)s poussé(e)s à mentir un jour ou l’autre. Si certains évitent au maximum d’affabuler, d’autres adoptent les petits mensonges au quotidien pour se sortir d’une situation délicate, protéger les sentiments d’un proche ou encore pour manipuler clairement les autres.

Mais quels sont les différents types de mensonges ? À quoi reconnaît-on un menteur invétéré et qu’est-ce qui le différencie d’un mythomane ? Décryptage et éclairage avec Aurore Le Moing1, psychothérapeute en région parisienne.

Les différents types de mensonges

Avant de savoir où se trouve la frontière entre mensonges et mythomanie, il est important de savoir quels sont les différents types de mensonges. "On peut tous se poser la question suivante : qui n’a jamais menti ? Le mensonge peut se caractériser par différentes fonctions", rappelle Aurore Le Moing.

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  • Le mensonge par omission

Le premier mensonge mis en exergue par la psychothérapeute est le mensonge par omission. "Plutôt que de mentir à l’autre, on préfère ne rien dire, de cette façon, pas de réelle trahison, nous omettons de dire que nous avons fait telle ou telle chose… jusqu’à ce qu’on nous pose la question", explique-t-elle.

  • Le mensonge de protection

Ensuite, il existe ce qu’on appelle le mensonge de protection. On ment pour "se protéger soi-même" d’une mauvaise réaction d’un proche. "J’ai séché les cours, je me protège de la réaction de mes parents, ou bien, j’ai eu une aventure avec un partenaire différent de mon conjoint, je me protège de sa réaction et je le protège aussi de la peine que je lui ferais en lui racontant ce qu’il s’est passé", décrypte Aurore Le Moing.

  • Le mensonge de bienveillance

On trouve également un troisième type de mensonge : le mensonge dit de "bienveillance". "Vous passez une soirée chez des amis où vous vous êtes cruellement ennuyés, mais à la fin du repas quand on vous demande si vous avez passé une bonne soirée, vous prenez votre plus beau sourire en répondant 'Oui, c’était très bien, merci'", décrypte la psychothérapeute. On pourrait également l’appeler le mensonge de "diplomatie" ou "de souplesse".

  • Le mensonge volontaire

Enfin, on trouve le mensonge maîtrisé et volontaire, "qui relève de la manipulation", explique Aurore Le Moing. Avant de poursuivre, "vous mentez pour parvenir à vos fins dans un domaine donné. Vous avez l’art de savoir contrôler ce que vous dites et vous savez comment agir avec les autres pour arriver à votre but. On ne peut considérer cela comme une qualité, ceci dit, nous ne sommes pas non plus dans la pathologie de la mythomanie”.

Comment distinguer un menteur d’un mythomane ?

Mais ces différents types de mensonges ne sont pas des symptômes de la mythomanie. "La différence entre ces types de mensonges et la mythomanie, c’est la frontière entre le réel et le fantasme. La personne mythomane est entrée dans un engrenage où ce qu’elle invente, ce qu’elle fantasme devient petit à petit réel à ses yeux et la limite entre ce qui est vrai et ne l’est pas devient très floue, voire inexistante", décrypte Aurore Le Moing. Le mythomane n’a pas besoin d’un contexte particulier pour mentir et inventer une situation. À l’inverse, le "simple menteur" va utiliser le mensonge, dans un but précis, comme se protéger d’une situation inconfortable ou pour parvenir à ses fins.

"Il faut bien distinguer les mensonges occasionnels de la mythomanie qui est une pathologie. La personne mythomane va affabuler, c’est-à-dire, créer des histoires, scénarios, dans lesquels elle va s’attribuer un rôle primaire ou secondaire, et qui peut découler sur une volonté - consciente ou non - de se faire plaindre ou encenser", explique la psychothérapeute. D’ailleurs, la mythomanie n’est pas une pathologie nécessairement consciente, au contraire, elle revêt le plus souvent un aspect inconscient.

Avant de conclure, qu’il peut être difficile de "différencier une personne mythomane, d’une autre qui formulera un simple mensonge". Pour autant, "on peut essayer de voir à quelles occasions le mensonge se manifeste. Si c’est pour cacher quelque chose ou sans raison apparente au départ. C’est 'l’intérêt du mensonge et donc sa connotation' qui va permettre d’alerter sur une éventuelle pathologie.

1Aurore Le Moing, psychopraticienne en région parisienne