C’est un phénomène assez courant : quand un(e) ami(e) ou un(e) collègue nous demande des conseils pour régler une situation, personnelle ou professionnelle, on arrive à poser sa pensée pour tenter de trouver une solution. Mais quand la même situation se pose à nous, on se sent dans l’impasse. Pourquoi donne-t-on de meilleurs conseils aux autres qu’à soi-même ? Et qu'est-ce qu'impliquent ces conseils ? Décryptage de ces questions avec Aurore Le Moing*, psychothérapeute en région parisienne.

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De l’art de donner des conseils

“Il est plus aisé de conseiller un membre de sa famille, un ami ou un collègue que de se conseiller soi-même”, débute l’experte. D’abord pour une raison purement narcissique : “il est toujours gratifiant que l’on vienne nous demander notre avis. Cela implique qu’il a de l’importance, que la personne nous fait confiance et qu’elle nous place inconsciemment dans un rôle de référent à sa problématique”, explique la psychothérapeute. Avant de poursuivre, “quand nous acceptons de conseiller une personne, nous nous plaçons dans ce rôle d’aidant par rapport à l’autre, ce qui induit aussi que cette même personne a besoin d’aide à un moment donné”.

Mais cela se complique quand il faut se conseiller soi-même. Pourquoi ? “Car d’une part, cela nécessite que l’on puisse accepter que l’on ait besoin de conseils, et d’autre part, car le recul sur soi est un exercice qui est extrêmement dur à effectuer”, avance Aurore Le Moing. 

Alors que le fait de demander à d’autres des conseils permet d’externaliser le point de vue, d’avoir un nouvel angle d’analyse, ou encore de multiplier les perspectives. “Alors que le conseil à soi-même ne permet d’appréhender que très difficilement une nouvelle approche”, complète l’experte. Avant d’expliquer que “c’est de là que vient notre capacité à prendre du recul sur les autres plutôt que sur soi”. “D’ailleurs, il n’est pas rare que lorsque nous-même demandons conseil à notre entourage, nous ne soyons pas vraiment prêts à entendre un point de vue différent du nôtre”, rajoute-t-elle.

Tout conseil n’est pas bon à donner

Si comme dit le proverbe,“tout conseil est bon à prendre”, tout conseil ne serait pas bon à donner. “Un conseil peut s’avérer autant utile que dangereux”, explique Aurore Le Moing. Le fait de demander un conseil, place le demandeur dans une position d’influence par rapport à celui (ou celle) qui donne ce conseil. “Pour ma part, le rôle du conseiller doit se définir d’une part, par une écoute active et sans jugement, et d’autre part, par le fait de soutenir celui qui le demande, en pouvant donner son avis sur une situation X ou Y, mais sans imposer son point de vue ou en faire un modèle de réussite”, explicite la psychothérapeute.

Pour étayer son propos, Aurore Le Moing explique que “dans la technique de la PNL (programmation neurolinguistique), un des fondements est que chaque personne possède sa propre carte du monde, et qu’il est strictement impossible d’en trouver deux identiques. Ce qui peut se traduire par, ce qui est bon pour moi, ne le sera pas nécessairement pour mon voisin. Et en partant de ce principe, on peut définir le conseil, non pas comme un ordre, une bonne façon de voir, mais plutôt comme un nouveau point de vue sur une question donnée”.

Il y a des bons (et des mauvais) donneurs de conseils

Certains types de personnalité sont ainsi plus à même de donner des conseils que d’autres, en fonction de leur capacité à prendre du recul sur tous types de situations. “Le risque qu’il peut y avoir si l’on ne se rend pas compte que notre comportement peut être nocif pour l’autre, est de lui imposer ses idées, sa manière de fonctionner et au final de penser à sa place, auquel cas, la réponse à sa demande ne sera pas satisfaisante. D’où le principe primordial de cette écoute à la base. La personne de bons conseils sera faire réfléchir la personne qui vient à elle et lui ouvrir des pistes de réflexion qu’elle n’avait certainement pas perçues”, précise Aurore Le Moing.

Avant de conclure que quand on n’a pas de réponse à une demande de conseil, “il faut mieux être honnête et dire tout simplement à la personne qui vient vous voir que vous ne savez pas quoi lui répondre”.

*Aurore Le Moing, psychopraticienne en région parisienne