Comment rebondir après un coup dur ? Comment se donner une seconde chance sans se faire envahir par la tristesse engendrée par ses propres fêlures émotionnelles ? S’il n’y a pas de recette miracle pour apprendre à gérer ses émotions et à réparer ce qui a été brisé en nous, il existe toutefois des méthodes - à l’instar du Kintsukuroi - pour dépasser ces accidents de la vie. C’est ce que Tomás Navarro, psychologue et auteur*, nomme la philosophie “Mottainai”.

Aller de l’avant grâce au Mottainai

Dans le dernier chapitre de son ouvrage, Tomás Navarro aborde ce concept de Mottainai, pour apprendre à rebondir après avoir réparé ses propres blessures émotionnelles. “Cette expérience que vous avez vécue vous a permis de grandir et d’être plus fort. À présent vous êtes paré pour vivre, vous avez plus de ressources, vous vous connaissez mieux et vous savez ce dont vous êtes capable”, écrit-il. Avant de poursuivre un peu plus loin, “je vous invite à vous imprégner de la philosophie mottainai ! Et permettez-moi d’utiliser et d’interpréter ce concept japonais pour illustrer l’attitude que vous devez avoir et clore ce dialogue fait de pages, d’émotions, de confessions, de ressources et d’anecdotes”.

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Par définition, le concept du mottainai est “un terme japonais correspondant au malaise dû à un gaspillage - matériel ou non - de grande valeur, comme un enseignement, le temps, une expérience, un rêve, une émotion ou une pensée”. Mais mottainai peut aussi avoir un sens positif quand il désigne la motivation de profiter, de reprendre goût à la vie ou de ne pas laisser passer sa chance”. Quoiqu’il en soit : l’important dans ce concept est de pouvoir se rendre compte que l’on perd quelque chose de précieux (toujours matériel ou pas) et de pouvoir soit éviter cette perte, soit de prendre conscience de l’enseignement dû à cette perte.

La vie est une série de chutes et de boucles

Pour autant, une fois que l’on connaît le sens du terme mottainai, il faut ensuite le mettre en application. Car on peut savoir qu’il faut rebondir ou se lancer dans une nouvelle aventure, sans pour autant se mettre en action, entravé par la peur ou l’impression qu’on ne mérite pas cette seconde chance. C’est complètement faux : “vous vous trompez ! Vous avez le droit de vous donner une seconde chance, de recommencer. Vous ne repartez pas à zéro, vous reprendrez au contraire avec la sagesse et l’apprentissage”, écrit Tomás Navarro.

Mottainai : la clé se trouve-t-elle dans l’éducation ?

Apprendre à se relever après un échec ne s’acquiert pas du jour au lendemain. Pour l’auteur Tomás Navarro, ce serait même un impondérable à inclure dans l’éducation des enfants. “J’oeuvre pour que les enseignants et les enfants apprennent à se connecter à leur résistance émotionnelle”, explique-t-il. Avant de poursuivre, “je crée du matériel pédagogique dans l’objectif que les enfants d’aujourd’hui soient de futurs adultes sains, équilibrés, forts et capables de se reconstruire face à une épreuve”.

Pour lui, comme pour d’autres spécialistes de l’enfance ou de l’éducation positive, il est important d’inclure l’éducation émotionnelle dès la petite enfance (maternelle) jusqu’après les études secondaires, ce qui demande une formation des enseignants sur cette thématique. “Nous devons systématiser l’éducation émotionnelle dans les écoles et non la reléguer au bon vouloir d’un professeur en particulier”, écrit-il.

Il est vrai qu’actuellement, l’échec n’est pas réellement enseigné dans le milieu scolaire et le rebond d’après non plus, outre dans les formations sports-études qui doivent faire face à des défaites lors de matchs par exemple. Pour mieux l’appréhender à l’âge adulte pour faire de nos échecs des forces, il serait ingénieux d’inculquer ces valeurs dès l’enfance.

*Pour aller plus loin, “Kintsukuroi : l’art de guérir les blessures émotionnelles” de Tomás Navarro, Ed. de la Martinière, 19,90 euros