IVG dans la Constitution : Annie Ernaux, "révoltée" par les propos du sénateur Gérard Larcher

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Annie Ernaux
Après avoir été adoptée par l’Assemblée nationale, l’inscription de l’IVG dans la Constitution arrive en débat au Sénat. Son président, Gérard Larcher, a déjà annoncé qu’il s’y opposerait. Des propos qui ont révolté la prix Nobel de Littérature 2022, Annie Ernaux.

Fin janvier 2024, l’Assemblée nationale validait l’inscription de l’interruption volontaire de grossesse (IVG) dans la Constitution. Avant telle sanctuarisation, le projet désormais obtenir la validation du Sénat. Alors que les débats commencent, le président de l’institution, Gérard Larcher, a déjà déclaré qu’il s’y opposerait, afin d'éviter que la Constitution "ne devienne un catalogue de droits sociaux et sociétaux", a-t-il déclaré. Face à ses propos, le sang d’Annie Ernaux n’a fait qu’un tour.

Annie Ernaux et la défense de l’avortement

Interrogée par France Inter le 14 février 2024, en marge d’une représentation théâtrale de L'Événement, adaptation de son roman publié en 2000 dans lequel elle raconte son propre avortement, Annie Ernaux s’est dit "révoltée" par les propos du sénateur. "Ce monsieur, un homme, qu’est-ce qu’il sait du corps d’une femme, du désir d’une femme d’avoir ou de ne pas avoir un enfant ?", s’interroge la prix Nobel de Littérature 2022. "Je suis révoltée, parce que ça veut dire que quelque part, ça ne sera jamais acquis".

"Je crois que Simone Veil a été très claire quand elle a dit, devant cette assemblée d'hommes, qu'il fallait qu'ils comprennent, car ce n'est pas à eux que ça arrive, qu'une femme ne fait pas ça par plaisir", complète-t-elle.

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L’autrice a également tancé l’emploi du terme "réarmement démographique", utilisé par Emmanuel Macron lors de sa conférence de presse du 16 janvier 2024. "Il faut que la France fasse des enfants, c'est cela que ça signifie", traduit-elle. "Je crois que les idéaux de l'extrême droite reviennent. Le ventre des femmes en fait partie. Je crois que les femmes ont assez montré qu'elles veulent ce droit. J'espère qu'il va être inscrit dans la Constitution, ça me paraît extrêmement nécessaire".

Le vote du Sénat attendu pour le 28 février 2024

Invité au micro de Franceinfo le 23 janvier 2024, le sénateur Gérard Larcher confirmait son opposition à l’inscription de l’IVG dans la Constitution. "L'IVG n'est pas menacé dans notre pays, estimait-il. S'il était menacé, croyez-moi, je me battrai pour qu'il soit maintenu. Mais je pense que la Constitution n'est pas un catalogue de droits sociaux et sociétaux".

Le Sénat, à majorité de droite, se prononcera le 28 février 2024 sur la constitutionnalisation de l’IVG.

Si le veto de son président est un coup dur, les sénateurs ont montré un premier signe d’ouverture en commission des lois, le 14 février 2024. "La Commission a décidé de ne pas s'opposer à la constitutionnalisation de la liberté de recourir à l'interruption volontaire de grossesse et prend acte du texte qui est proposé par le gouvernement", a indiqué la rapporteuse Agnès Canayer, rattachée au groupe Les Républicains.

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