"De quel droit ?" : Annie Ernaux "révoltée" après les propos de Gérard Larcher sur l'IVG dans la Constitution

"De quel droit ?", s'insurge Annie Ernaux. La prix Nobel de Littérature 2022 se dit "révoltée" par les réserves exprimées par les sénateurs, et notamment par le président du Sénat Gérard Larcher, au sujet de l'inscription dans la Constitution du droit de recourir à l'interruption volontaire de grossesse. "Ce monsieur, un homme, qu'est-ce qu'il sait du corps d'une femme, du désir d'une femme d'avoir ou de ne pas avoir un enfant ?", s'interroge l'autrice, en marge d'une représentation au théâtre de l'Atelier de "L'Événement", adaptation du roman publié en 2000 chez Gallimard dans lequel elle raconte son propre avortement.

"Idéaux d'extrême droite"

Alors que l'Assemblée nationale a largement voté le 30 janvier l'inscription de l'IVG dans la Constitution, Gérard Larcher a déclaré s'y opposer, notamment pour éviter que la Constitution ne devienne "un catalogue de droits sociaux et sociétaux". "Je suis révoltée, parce que ça veut dire que quelque part, ce ne sera jamais acquis", s'inquiète Annie Ernaux. "Je crois que Simone Veil a été très claire quand elle a dit, devant cette assemblée d'hommes, qu'il fallait qu'ils comprennent, car ce n'est pas à eux que ça arrive, qu'une femme ne fait pas ça par plaisir."

Annie Ernaux s'emporte aussi contre le terme de "réarmement", employé par Emmanuel Macron lors de sa conférence de presse du 16 janvier. "Il faut que la France fasse des enfants, c'est cela que ça signifie", traduit la romancière. "Je crois que les idéaux de l'extrême droite reviennent. Le ventre des femmes en fait partie. Je crois que les femmes ont assez montré qu'elles veulent ce droit. J'espère qu'il va être inscrit dans la Constitution, ça me paraît extrêmement nécessaire."

Vote au Sénat le 28 février

Le Sénat, à majorité de droite, se prononcera le 28 février sur la constitutionnalisation de l'IVG. En commission des lois, les sénateurs ont montré un premier signe d'ouverture. "La Commission a décidé de ne pas s'opposer à la constitutionnalisation de la liberté de recourir à l'interruption volontaire de grossesse et prend acte du texte qui est proposé par le gouvernement", a indiqué la rapporteure Agnès Canayer, rattachée au groupe Les Républicains.