La joie, l'autrice et journaliste Florence Servan-Schreiber* la connaît bien. Elle nous explique comment l'attirer et la reconnaître au quotidien.

Marie Claire : Quel rapport entretenez-vous avec la joie ?

Florence Servan-Schreiber : Je viens de craquer pour des chaussures. Leur achat m'a excitée, mais c'était un pétillement fugace, une joie synthétique qui relève plus du plaisir. Je ne boude pas ces pics très agréables, mais j'ai appris à rechercher des joies plus naturelles et plus durables, que j'envisage comme la foi : une croyance personnelle qui me permet, quand toutes les conditions sont réunies, de me sentir toute petite face à un grand tout qui me dépasse.

Les synchronicités en sont un bon exemple. Quand je tombe par hasard sur quelqu'un à qui je pense, cela me met en joie car j'ai l'impression d'être portée par une grande force invisible.

Comment favorisez-vous la venue de la joie ?

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Quand j'ai le bourdon, je me demande ce que j'ai envie de fabriquer. Je suis une artisane. Entrer en action - écrire, jardiner, cuisiner - me permet de me concentrer. C'est la clé.

Quand je suis concentrée, je ne me parle plus. Il n'y a plus de place pour la petite voix qui me dit ce qui ne va pas. Ce biais du négatif est très utile, il nous permet de réagir au danger, mais on peut le contrer par la joie.

Vous avez écrit un livre qui s'appelle 3 kifs par jour** . Un kif aussi nous met en joie ?

Oui, il ne s'agit pas que de plaisir car après l'avoir ressenti, on fait le petit effort essentiel d'en éprouver de la gratitude. Ce "merci" nous relie à la chance, et d o n c à notre joie d'être là.

*Son dernier livre : "Bloum ! Écrire pour s épanouir et kiffer", éd. Marabout.
** Éd. Poche Marabout.

Interview publiée dans le magazine Marie Claire n°842, novembre 2022