"Tu verras, une fois que tu arrêtes de chercher l'amour, c'est lui qui te trouve".

Mes copines, mes sœurs, ma grand-mère... Tout le monde autour de moi ne cesse de me répéter cette phrase. Lorsque j'arrêterai de chercher à rencontrer quelqu'un, lorsque je renoncerai à tout faire pour tomber de nouveau amoureuse, à m'investir corps et âme pour trouver le "grand" amour, c'est à ce moment précis qu'il se présentera à moi. Mais cette croyance m'apportera-t-elle vraiment la passion sur un plateau d'argent ? 

Aujourd'hui, "le couple amoureux est la seule façon acceptable de vivre sa vie" dénonce Aline Laurent-Mayard dans Post-Romantique (JC Lattès, 2024). La société a une obsession avec l'amour, le couple, la parentalité... Et encourage vivement les femmes à s'épanouir à deux, le célibat n'étant pas vu comme un choix mais plutôt comme quelque chose que l'on nous a imposé. La multiplicité des applications de rencontre montre bien l'urgence de cette recherche. 

Mais d'un autre côté, attendre avant de trouver sa moitié semble être bénéfique. Après tout, "tout vient à point à qui sait attendre", comme le rappelle la psychologue Maïté Tranzer. Parce qu'attendre, c'est peut-être s'assurer de trouver la bonne personne, au bon moment. C'est ne pas forcer le destin et laisser l'amour venir quand nous sommes enfin prêt.e à l'accueillir.

Alors, de quel côté du spectre faut-il se placer pour y goûter ? 

Des relations qui comblent un manque

Chercher quelqu'un à tout prix, c'est risquer de se mettre des œillères et s'aventurer dans des relations qui comblent parfois un manque.

"Être dans la précipitation peut nous mener à faire des mauvais choix, par manque d’éclairage. Vouloir absolument se mettre en couple peut nous faire nous rendre compte, après coup, que certaines choses ne nous conviennent pas. Nous ne devons pas être dans une frustration qui fera qu’on perdra finalement juste notre temps", reprend l'experte Maïté Tranzer. 

Vidéo du jour

Cependant, la société fait que, lorsque nous arrivons à un certain âge (généralement la trentaine), que nos ami.es sont installés, en couple, propriétaires, avec des enfants... Nous sommes nombreux.ses à avoir envie de faire pareil, sans avoir trouvé la personne idéale. 

"Lorsqu'il y a un désir d'enfants, cela peut être un piège de vouloir à tout prix nourrir ce qui semblent être des insécurités de la parentalité. Car on va aller vers quelqu'un qui a la même projection que nous mais sans se demander si le couple peut fonctionner", continue la spécialiste. 

"On va faire abstraction de soi, de sa subjectivité"

Et un autre risque subsiste : faire de l'amour et de la rencontre une obsession, et parfois imposer à l'autre une posture de sauveur, venant guérir nos insécurités et nos failles.

"On peut vite devenir obsessionnel.le, n’avoir plus que ça en tête. Et alors, on va faire abstraction de soi, de sa subjectivité, et cela peut s'avérer destructeur. Car on n'écoute pas les signaux faibles, on vient nourrir quelque chose qui va nous satisfaire sur le moment mais qui pourra peut-être devenir dévastateur pour nous", explique toujours Maïté Tranzer.

Sans oublier que montrer à l'autre qu'on force le destin pour rencontrer quelqu'un peut être effrayant. "Il faut aussi faire attention à ce que l’on renvoie vis à vis de l'autre. Car cela peut être effrayant quelqu'un qui veut tout de suite s’engager, qui brûle les étapes. C'est presque un comportement contre-productif, d’auto-sabotage. Une personne qui se montre trop investie dans la relation dès le début ne se laisse pas le temps de rencontrer véritablement l’autre. Quand on force trop, on peut faire fuir", continue l'experte. 

Distinguer la recherche d'amour de l'intérêt pour l'amour

Toutefois, quand il est question d'amour, de ressentis, de notre subjectivité, il convient surtout de s'écouter.

Ainsi, si tomber amoureux vous fait envie sans vous obséder, pourquoi l'éviter ? "On peut provoquer de petites rencontres si on ne met pas la pression de trouver quelqu'un au centre de sa vie", reprend la psychologue. Et améliorer notre posture de recherche d'amour ne veut pas dire stopper toutes interactions et toutes rencontres. C'est rendre le chemin, et l'expérience sentimentale, plus agréables et plus sains. 

Pour faire face ce dilemme, que faire ? "Il faut faire la distinction entre la recherche de l'amour et l'intérêt pour l'amour. La définition du mot 'recherche' dans les dictionnaires renvoie à l'intention de trouver […] de manière déterminée, complète et sérieuse. Les définitions du terme 'intérêt' font généralement référence à une activité agréable associée au désir d'en savoir plus", détaille auprès de Psychology Today Aaron Ben-Zeev, du Centre de recherche interdisciplinaire sur les émotions de l’Université de Haïfa. 

Avant de chercher un autre, se connaître soi 

Ainsi, il convient avant tout de penser à soi. Avant de chercher une moitié, apprenez à vous connaître.

"Dans un premier temps, identifiez vos attentes, vos besoins, ce qui vous nourrit, en fonction de votre vécu et de votre subjectivité. Par ces questionnements, vous verrez quels sont les compromis que vous pouvez faire en couple. Revenez sur vos relations passées, ce qui vous convenait et identifiez ce dont vous ne voulez plus afin de ne pas aller vers des schémas destructeurs", propose toujours la psychologue. 

Et questionnez-vous sur cette envie irrépressible de trouver l'amour. "Il faut se centrer sur soi et travailler ses points d'insécurités : pourquoi est-ce qu'on veut à tout prix rencontrer quelqu'un ? Est-ce que c'est la peur d’être seule, la peur de l’abandon ? Qu'est-ce qu’il y a derrière ? Le deuil de l'ancienne relation a-t-il été fait ?".

Car finalement, "pour bien accueillir l’amour, il y a beaucoup de questions à se poser. Loin des objectifs et projections, il faut savoir lâcher prise et être en accord avec soi", conclut Maïté Tranzer.