Arrêt Roe v. Wade : deux ans après son abrogation, des Texanes témoignent de l'horreur vécue pour les Américaines privées d’IVG

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Roe vs Wade
Deux ans après l’abrogation du droit fédéral à l’avortement, la situation des femmes souhaitent avorter est plus que compliquée dans de nombreux États américains. Comme au Texas. Des femmes qui y résident témoignent de l’horreur enduré dans un documentaire diffusé dimanche 23 juin 2024 sur France 5.

Deux ans, déjà. Le 24 juin 2022, la Cour suprême américaine, par six voix contre trois, décidait d’abroger le droit fédéral à l’avortement aux Etats-Unis, incarné à travers l’arrêt Roe vs Wade, en vigueur depuis 1973.

Depuis cette décision, une vingtaine d’États a interdit ou strictement restreint l’accès à l’IVG. À l’occasion de ce triste anniversaire, France 5 a diffusé dimanche 23 juin 2024 un documentaire donnant la parole à des femmes n’ayant pu avorter dans leur État au cours des deux dernières années.

Attendre la septicémie pour pouvoir avorter

Avortement aux États-Unis : la grande fracture dévoile notamment le témoignage marquant d'Elisabeth Weller, habitante de Houston, dans le Texas, tombée enceinte au début de l’année 2022, avant de perdre les eaux à 18 semaines.

Si les professionnels de santé lui expliquent que les chances de survie de son fœtus sont quasi-inexistantes, ils lui annoncent qu’ils ne pourront pas pratiquer l’IVG, la faute à une loi texane déjà en vigueur, interdisant toute IVG dès lors que les pulsations du fœtus sont détectables, soit vers la sixième semaine de grossesse. À moins que la mère soit en grave danger.

"La médecin m’a dit que la seule façon pour moi d’obtenir de l’aide est de revenir suffisamment malade, par exemple lorsque je ferai une septicémie", explique Élisabeth Weller au journaliste de France 5. La jeune femme doit donc attendre des signes cliniques particuliers, comme au moins 40° C de fièvre et des pertes nauséabondes, "à vous faire vomir". Des symptômes qui finissent par arriver au bout d’une terrible attente avec son mari.

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"Nous nous sommes serrés dans les bras en disant 'merci, merci' et c’était un moment d’exaltation, de célébration et pourtant c’était aussi le moment le plus horrible de notre vie", raconte-t-elle en pleurs. Élisabeth Weller a ainsi pu avorter quelques jours plus tard, mais seulement lorsque le cœur du fœtus a cessé de battre.

Faute d'argent, forcée de garder un fœtus sans chance de survie

En 2023, Elisabeth Weller a attaqué en justice, aux côtés de cinq autres femmes, l’Etat du Texas en justice afin de faire tomber la "loi du battement de coeur", également appelée "SB8". L’une d’entre elles, Samantha, qui apparaît également dans le documentaire, a expliqué à la barre avoir dû poursuivre sa grossesse alors que son fœtus était atteint d’une malformation crânienne, ne lui laissant aucune chance de survie.

Faute d’argent pour pouvoir se rendre dans un État où l’avortement est légal et praticable, elle s’est résolue à donner naissance à une petite fille, morte dans ses bras quatre heures plus tard.

En témoignant, la jeune femme est prise de haut-le-cœur et vomit à la barre, tant son traumatisme est encore présent.

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